GP d'Italie
"Charles Leclerc a déjà tout conquis"

ATS

9.9.2019

Chronique d'un adoubement express: devenu le plus jeune vainqueur en Grand Prix avec Ferrari en Belgique, Charles Leclerc a remis une semaine plus tard la Scuderia sur la première marche du podium en Italie après neuf ans de disette.

Charles Leclerc a déjà mis tout le peuple Ferrari dans sa poche.
Charles Leclerc a déjà mis tout le peuple Ferrari dans sa poche.
Keystone

«En à peine plus de six mois» depuis son arrivée chez les rouges en début de saison, après un an seulement en Formule 1 avec Sauber, le Monégasque a «tout conquis: la Scuderia, l'amour du peuple Ferrari et sans doute l'avenir», résumait la Gazzetta dello Sport après son triomphe à Monza dimanche.

Mais pour le pilote de 21 ans, tout s'est accéléré en quelques jours. Leclerc était déjà passé dans la deuxième dimension avec l'annonce à l'automne dernier d'un transfert qui allait faire de lui le deuxième plus jeune pilote de l'histoire de la marque au cheval cabré.

Il en a découvert une troisième en signant sa première victoire en F1 – la première pour son équipe en 2019 – le 1er septembre à Spa-Francorchamps, où le héros des tifosi Michael Schumacher avait lui-même remporté son premier succès en 1992 avec Benetton.

Puis une quatrième dimension s'est ouverte en doublant la mise devant les tifosi qui n'avaient plus vu un de leurs pilotes gagner à domicile depuis l'Espagnol Fernando Alonso en 2010.

Quatrième dimension

Si devenir vainqueur en GP n'était pas suffisant, reproduire cette performance le week-end suivant est la marque des grands: le Britannique Lewis Hamilton, en bonne position pour conquérir son sixième titre mondial, a lui aussi remporté ses deux premiers succès à une semaine d'intervalle en 2007.

Les quelque 10'000 tifosi réunis à Milan mercredi pour célébrer les 90 ans de la Scuderia donnaient certes plus de voix pour le quadruple champion du monde Sebastian Vettel, arrivé en homme providentiel à Maranello en 2015. Mais au pied du podium de Monza, il n'y en avait plus que pour Leclerc, qui aura 22 ans le 16 octobre.

L'Allemand, lui, était occupé à s'excuser pour son tête-à-queue en début de course et l'accrochage qui a suivi avec le Canadien Lance Stroll (Racing Point), qui l'ont relégué à une bien maigre 13e place. Un résultat aux airs de passation de pouvoir.

Hors piste, Leclerc a pour lui un charisme qui tranche étonnamment avec sa discrétion. Un italien impeccable également, perfectionné dans les équipes de la Botte avec lesquelles il a évolué depuis le karting jusqu'à la filière de jeunes pilotes de la Scuderia et désormais l'écurie la plus emblématique de F1.

En piste, il impressionne depuis longtemps par ses capacités de résistance à la pression et de gestion de ses émotions, fruit d'un travail effectué depuis ses jeunes années, raconte-t-il.

Sans pitié

A la pression mise par rien moins que l'ogre Hamilton, au volant de sa Mercedes, dans ses roues en Belgique et en Italie. A l'émotion de la mort de son ami Anthoine Hubert lors d'une course de Formule 2 à Spa la veille de sa victoire.

En 2017 déjà, le tout jeune homme s'était imposé en F2 quelques jours seulement après avoir perdu son père. Un autre drame après le décès en 2015 de son ami et mentor Jules Bianchi des suites d'un accident au GP du Japon 2014.

On pouvait s'inquiéter toutefois que la gentillesse et la politesse saluées par ceux qui le fréquentent ne jouent des tours au Monégasque, comme lors de ce duel avec l'impitoyable Néerlandais Max Verstappen (Red Bull) qui lui a coûté la victoire en Autriche fin juin.

Mais dimanche, en défendant face à Hamilton, Leclerc a montré qu'il pouvait lui aussi être agressif et flirter avec la limite. Sans pitié vis-à-vis de ses adversaires mais aussi de lui-même.

Très – trop ? – prompt à l'autocritique, il n'a pas manqué de pointer des «erreurs» commises au volant auxquelles «il (lui) faudra faire attention» à l'avenir. L'intransigeance, c'est cela aussi qui fait les champions.

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