Elle savait qu'elle allait souffrir, mais pas autant qu'elle l'imaginait. Coincée dans les abîmes des classements après six Grands Prix, l'écurie Alpine vit un début de saison laborieux, la faute à une voiture mal-née.
Pour son cru 2024, l'équipe française, décevante 6e au classement constructeurs l'an dernier, avait fait un choix radical en partant d'une feuille blanche pour concevoir sa nouvelle A524.
«L'idée était bonne», a admis son pilote normand Pierre Gasly pour l'AFP, «mais pas avec les choix qui ont été faits». «La F1 est un sport qui ne pardonne pas (...) et quand on rate le train, il ne nous attend pas».
«La claque» - pour son patron Bruno Famin, «a été la dernière ligne lors des qualifications à Bahreïn», la première course de l'année où Gasly et son coéquipier et compatriote Esteban Ocon s'étaient élancés en queue de peloton. «On ne s'attendait pas à des difficultés de cette ampleur», a-t-il reconnu en marge du Grand Prix d'Emilie-Romagne, disputé ce week-end en Italie.
Que manque-t-il donc à cette A524 pour se battre parmi les meilleures ? «Tout», résume Gasly. «Il n'y a pas un domaine dans lequel on excelle comparé aux autres: on a moins de performance à tous les niveaux». «On a régressé dans la hiérarchie cette année surtout parce qu'on a moins progressé que les autres», nuance toutefois Bruno Famin.
Pas à vendre
Avec un seul point au compteur, l'équipe pointe pour l'instant à une modeste 8e place (sur 10) au classement constructeurs. Ce point, acquis grâce à Ocon, 10e du GP de Miami début mai, a été un «soulagement» pour le patron d'Alpine. «Mais il faut rester vigilant car les choses peuvent s'inverser rapidement», avertit cependant le pilote.
A la lutte face aux modestes Sauber, Williams et Haas, - une situation «méga-frustrante» pour Bruno Famin -, l'écurie a, certes, progressé depuis le cauchemar de Bahreïn, en apportant des améliorations sur ses monoplaces, «mais on ne peut pas dépenser trop de ressources pour corriger le tir», reconnaît le dirigeant français.
Et de rappeler: «les nouvelles réglementations pour 2026 vont être connues dans les prochaines semaines, il va falloir alors bosser en priorité sur la voiture 2026».
La mauvaise passe que traverse Alpine a fait émerger le mois dernier une rumeur selon laquelle l'équipe du groupe Renault serait à vendre. «Je le redis, c'est faux», rétorque son patron. «Le projet reste celui de développer la notoriété de la marque Alpine partout dans le monde, grâce au sport automobile en général - et à la Formule 1 en particulier».
Quel avenir pour les pilotes ?
Pour redresser la barre, plusieurs remaniements ont eu lieu ces derniers mois. L'arrivée annoncée début mai de David Sanchez - au poste de directeur technique exécutif, nouvellement crée dans l'organigramme -, suscite notamment beaucoup d'espoirs. L'homme est un ancien de chez Ferrari, où il a travaillé dix ans.
«David a les idées très claires sur la direction dans laquelle s'engager. Et ça, ça va faire énormément de bien à toute l'équipe», estime Bruno Famin, lui-même arrivé à la tête de l'écurie l'an dernier après l'éviction de l'Américain Otmar Szafnauer.
Mais si les progrès ne sont pas au rendez-vous, qu'adviendra-il de celle de l'on surnomme parfois «L'équipe de France» de la F1 ? La mauvaise passe que traverse Alpine pose logiquement la question de l'avenir de ses pilotes, qui arrivent en fin de contrat. «Pour l'instant, des discussions sont en cours, les choses avancent», balaye Gasly, seulement 19e du classement pilotes (sur 21).
Même son de cloche chez Ocon, 15e au général : «Je n'ai encore rien à annoncer», dit le Normand, qui espère toutefois régler la question «le plus tôt» possible.
Bruno Famin, lui, assure que «pas mal de pilotes» ont montré un intérêt pour l'équipe, parmi lesquels le fils de la légende allemande Michael Schumacher, Mick, actuellement engagé en endurance avec la marque.