Valentino Rossi, qui a fêté ses 40 ans le 16 février, a créé en 2013 la VR46 Riders Academy pour aider des aspirants pilotes à progresser et relancer une filière italienne en souffrance. Cinq ans plus tard, «Il Dottore» se retrouve contre deux de ses élèves en MotoGP.
Rossi, Franco Morbidelli et Francesco Bagnaia: trois des six Italiens qui participeront au premier Grand Prix de la saison dimanche au Qatar s'entraînent ensemble au sein de l'Academy. Ils tournent régulièrement sur une piste en terre à Tavullia, le village des Marches où le nonuple champion du monde a grandi et installé son «Motor Ranch».
En entrant à Tavullia, on aperçoit dans un vallon en contrebas cette piste de 2,4 kilomètres, qui dessine ses deux ovales et les courbes blanches qui s'en échappent au milieu des vignes et des oliviers. C'est là que les onze pilotes actuels de l'Academy s'entraînent depuis trois ans avec Rossi, lors de longues séances de course «à l'américaine», avec deux éliminations à chaque passage avant une finale à quatre. La saison prochaine, ils seront tous alignés en Championnat du monde MotoGP, Moto2 ou Moto3.
Beaucoup travailler et mettre les gaz
«L'idée de départ de l'Academy, c'était de ramener le motocyclisme italien là où il était il y a quinze ans, quand on était au top. En résumé, ça a été travailler beaucoup, écouter Vale et mettre les gaz», explique Alessio «Uccio» Salucci, ami d'enfance et bras droit de Rossi, désormais directeur sportif de l'Academy.
Avant le ranch et l'Academy, il y avait une carrière de gypse désaffectée où Rossi s'entraînait avec quelques amis, comme une alternative moins dangereuse au motocross. Prenant goût au travail à plusieurs, le champion italien a ensuite créé son ranch, un ancien corps de ferme réhabilité posé sur un terrain de 65 hectares appartenant à son père.
«D'abord il y a eu des pilotes, ensuite seulement c'est devenu l'Academy», raconte encore Salucci. «Valentino fréquentait une salle de gym de Pesaro. Sont arrivés des gamins du coin, Niccolo Antonelli, Andrea Migno, Franco Morbidelli, qui savaient qu'il s'entraînait là. Vale, il nous manque un gant; Vale, on n'a pas de combinaison. On les aidait, mais de façon basique. Alors Vale nous a proposé de fonder l'Academy, d'aider ces garçons, mais de le faire sérieusement.»
Logique de performance
L'affaire s'est développée au point que, de deux ou trois personnes au début, ils sont désormais une douzaine à travailler pour l'Academy. «C'est devenu un projet de performance. Parce qu'on a eu deux champions du monde juniors, deux champions du monde Moto2 et qu'on va avoir deux pilotes MotoGP», explique Alberto Tebaldi, autre proche ami de Rossi, directeur général du groupe VR46.
Cette logique de performance, c'est le modèle Rossi. A l'Academy, les onze pilotes s'entraînent en salle et sur la piste avec le maître, sont suivis par les mêmes médecins et diététiciens et sont encadrés par le préparateur physique du champion italien, Carlo Casabianca.
«Le style de vie de Valentino est fait pour la moto. Les autres doivent comprendre comment vivre la vie d'un pilote. Donc tout ce que fait Valentino, à chaque minute, est bon à prendre», résume Saluccio.
Tout vécu
«Il est dans ce sport depuis 23 ans et moi j'ai 22 ans. Toutes les difficultés, il les a déjà vécues. Et grâce à lui on sait immédiatement comment les résoudre», confirme Bagnaia, champion du monde Moto2 2018, un an après Franco Morbidelli.
La progression des élèves de l'Academy a pourtant abouti à une situation troublante: l'affrontement en course de pilotes appartenant au groupe mais aussi à des écuries rivales, dont la Sky Team VR46 de Rossi, inscrite en Moto2 et Moto3. «Les garçons connaissent notre état d'esprit. On est très heureux d'avoir le Team Sky et d'avoir des résultats, mais on fait aussi le maximum pour Marco Bezzecchi (membre de l'Academy mais pilote Red Bull KTM). Et si Bezzecchi gagne une course, on sera très heureux», assure Tebaldi.
De toute façon, Rossi y trouve son compte. «L'entraînement seul, c'est ennuyeux», explique Saluccio. «Maintenant, il s'entraîne avec des gens qui vont vite et qui veulent le battre. Lui aussi veut les battre et ça n'est pas facile. La compétition, tous les jours, c'est ça que l'Academy a apporté à Vale.»