L'équipe de Suisse va devoir prouver son aptitude à la gymnastique mentale au moment d'entrer sur le terrain du Parc Saint-Jacques, mardi (20h45), pour affronter un solide Danemark. Parce que les circonstances qui entourent cette rencontre des éliminatoires de l'Euro 2020 sont tout sauf idéales.
Dernière tuile en date: le forfait de Fabian Schär, annoncé lundi. Le défenseur central de Newcastle, (logiquement) mis à l'arrêt après son choc à la tête samedi en Géorgie (2-0), est le quatrième absent de marque faisant défaut à la sélection, après Xherdan Shaqiri, Haris Seferovic et Edimilson Fernandes.
Ajoutez à cela les interrogations concernant Admir Mehmedi – qui a réintégré le groupe dimanche après avoir dû renoncer, pour cause de maladie, au déplacement de Tbilissi – et la performance insuffisante de Mario Gavranovic en pointe samedi, et vous comprendrez que les raisons de s'inquiéter sont réelles.
Belle génération
D'autant que le Danemark, articulé autour du délicieux Christian Eriksen, a des atouts bien plus sérieux à faire valoir que les Géorgiens. Tombés en 8e de finale du dernier Mondial aux tirs au but face à la Croatie, les Danois commencent de pouvoir s'appuyer sur une jeune génération talentueuse, symbolisée par Andreas Christensen (22 ans/Chelsea), Jakob Bruun Larsen (20/régulièrement titulaire dans le Dortmund de Lucien Favre) ou Kasper Dolberg (21/Ajax). «Nous affrontons la meilleure équipe du groupe, dont la qualification pour le Final Four de la Ligue des Nations signifie beaucoup», a toutefois insisté Age Hareide, le sélectionneur norvégien du Danemark.
Une victoire contre son principal adversaire pour la première place du groupe offrirait déjà à la Suisse une option dans cette poule D. Parce que la victoire à Tbilissi a démontré que la formation de Vladimir Petkovic avait une bonne longueur d'avance sur la Géorgie et que l'étriqué succès 1-0 de l'Irlande face à Gibraltar dessine a priori, là aussi, à une supériorité helvétique par rapport à ces deux équipes.
Capable depuis qu'elle est dirigée par le Mister de compenser collectivement les absences de ses meilleures individualités, la Suisse aura besoin d'une prestation aboutie dans le Joggeli. Offensivement, bien sûr, et il le faudra: les Danois, très bien organisés, n'ont encaissé qu'un seul but au Mondial 2018 en 210 minutes de match face à la France et la Croatie, les deux finalistes. Mais défensivement, aussi et surtout.
Défense moins solide
L'indisponibilité de Schär est en cela une mauvaise nouvelle mais Nico Elvedi, bon à Mönchengladbach, a l'étoffe d'un titulaire. C'était lui, du reste, qui composait avec... Timm Klose (puis avec Ricardo Rodriguez lors du passage à trois défenseurs) la charnière de l'équipe nationale en novembre contre la Belgique. La première mi-temps contre la Géorgie, aussi mauvaise devant que derrière, laisse toutefois un drôle de goût en bouche.
Car rarement ces dernières années la Suisse n'avait été aussi facilement mise en difficulté sur les contres adverses. Comme si le milieu de terrain ne jouait plus son rôle de filtre. Le prix à payer, peut-être, pour privilégier ce football offensif que demande Vladimir Petkovic et qui nécessite «une concentration totale et du mouvement», comme l'a rappelé le coach lundi.
Les profils qu'aligne le Mister depuis l'automne passé au côté de Granit Xhaka – Remo Freuler, Denis Zakaria ou Edimilson Fernandes – sont sensiblement différents de celui de Valon Behrami, l'ancien grognard de l'entrejeu. Depuis que le Tessinois n'est plus en sélection, la Suisse a encaissé sept buts en autant de matches.
Deux appels du pied?
Le temps est-il alors venu de lancer dès le coup d'envoi une défense à trois, même sans avoir Schär à disposition? «Tous les moments sont bons, tant que nous restons fidèles à nos principes de jeu», élude Petkovic. Le Tessinois sera néanmoins peut-être sensible à ce que l'on pourrait considérer comme des appels du pied de Manuel Akanji et de Granit Xhaka.
«A trois, en tant que défenseur, tu as plus de temps», relève le premier. «Pour nous, les milieux, cela nous donne la possibilité de jouer plus haut et de presser plus haut», détaille le second. A Petkovic de trancher. «Je dois attendre le dernier entraînement de ce lundi pour prendre ma décision», a répondu le Mister.