Genève
Il promet un livre "salé" sur les coulisses de la FIFA "avant le Mondial en Russie", auquel il assistera l'an prochain à l'"invitation" de Vladimir Poutine: A 81 ans, Joseph Blatter, président déchu de la FIFA, attend "un jour la retraite" mais est loin d'être inactif, comme il l'explique dans un entretien accordé à l'AFP.
Forcé de quitter son siège en pleine vague de scandales en 2015 après 17 ans de règne, le Valaisan se dit "toujours prêt à parler de la situation du football mondial". Sauf pour la procédure pénale ouverte contre son ancien secrétaire général Jérôme Valcke et le président du PSG et de beIN Media, Nasser Al-Khelaïfi, révélée la semaine dernière par la justice suisse. "Je ne peux pas m'exprimer, car, j'ai été entendu comme personne amenée à donner des renseignements (réd: témoin assisté) dans la première procédure" à l'encontre de son ex-bras droit français.
Valcke, avant l'affaire qui le lie à Al-Khelaïfi, a en effet été suspendu dix ans de toute activité lié au football, sur fond de revente de billets du Mondial 2014 (volet qui intéresse la justice suisse), et pour ce qui concerne la Fifa, "conflits d'intérêts" et acceptation et distribution de "cadeaux et autres avantages". Cette fois, le Français de 57 ans est soupçonné d'avoir "accepté des avantages indus en lien avec l'octroi de droits média" pour plusieurs coupes du monde de la part d'Al-Khelaïfi, au titre de patron de beIN Media.
"Rien qui puisse empêcher le Mondial 2022 au Qatar"
Pas un mot là dessus de Sepp Blatter. Depuis sa suspension, le Valaisan a pourtant eu largement le temps de découvrir les rouages de la justice, suisse ou française. Inculpé notamment pour "soupçon de gestion déloyale" et "abus de biens sociaux", pour un paiement suspect de 2 millions de francs suisses à Michel Platini, ex-président de l'UEFA, Blatter confirme avoir aussi été entendu en avril dernier à Zurich comme témoin par le Parquet national financier français.
"Cela portait sur l'attribution du Mondial 2022 au Qatar. Cela faisait suite à mes déclarations selon lesquelles il y avait eu une recommandation en faveur du Qatar et à l'intention de Michel Platini de la part de la présidence française", explique-t-il. Blatter a en effet toujours assuré que l'édition 2022 était promise aux Etats-Unis mais que Platini, sur recommandation de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, avait fait basculer le vote en faveur du Qatar. Platini n'a jamais caché qu'il avait voté pour le Qatar mais a toujours affirmé que "ni Sarkozy ni personne ne (lui) avait demandé de voter pour le Qatar".
Et si jamais apparaissaient des preuves d'une quelconque corruption dans l'octroi du Mondial 2022 au Qatar ? "Les instances de la FIFA ont déjà reçu les conclusions de M. Eckert (ex-responsable de la justice interne de la FIFA) après le rapport Garcia (ex-enquêteur interne de la FIFA), disant qu'il n'y avait rien qui puisse empêcher la tenue du Mondial 2022 au Qatar. Il faudrait un tremblement de terre pour changer cette attribution".
L'attelage USA/Canada/Mexique pour 2026 "ne marche pas"
Promise selon certains à la Confédération nord-américaine pour son soutien dans l'élection de Gianni Infantino à la présidence de la FIFA en 2015, la Coupe du monde 2026 doit-elle revenir à la candidature commune USA/Canada/Mexique ? "Si j'en crois les nouvelles autour de la fédération américaine, l'amour n'existe pas beaucoup entre les trois pays sur le plan politique et économique. L'union des trois pays ne marche pas. Il y aura d'autres candidats, sûrement le Maroc, il faut que l'Afrique bouge".
Et sinon? L'octogénaire reste actif. "J'attends un jour la retraite, mais quand on n'avance plus, on recule". Après une opération d'un genou et des problèmes de dos, il confie que "la carrosserie a été réparée et le moteur lui continue de très bien tourner". Il estime en tout cas être assez en forme pour se rendre en juin prochain au Mondial en Russie. "Oui j'irai, j'ai reçu une invitation de la part du président Poutine, comme Michel Platini du reste". Mais Platini "n'a pas reçu d'invitation de M. Poutine pour aller au Mondial en Russie et ne sait d'ailleurs pas ce qu'il fera l'été prochain", a cependant indiqué l'entourage de l'ancien président de l'UEFA.
"Je ne sais pas combien de temps je vais y aller, si je serai là pour le match d'ouverture ou pour la finale. Comme je ne peux pas travailler dans le football et que je n'ai pas de mission à accomplir, je ne ferai peut être qu'un passage", ajoute Blatter. Interrogée, la FIFA, n'y trouvera rien à redire "puisque M. Blatter n'a plus de fonction officielle".
Avant cela, le Valaisan met la dernière main à un livre sur ses années à la FIFA qu'il promet "salé": "Je raconte des choses qui se sont produites dans le passé".
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