Challenge League
Bonneau: "Avec Servette, il faut regarder vers le haut"

ATS

2.4.2019

Leader incontesté de Challenge League, Servette aborde le derby lémanique contre Lausanne mercredi (20h00) avec la possibilité de se rapprocher de la promotion. Un retour en Super League qui tiendrait notamment au flair de son «super-recruteur» Gérard Bonneau.

«Timothé Cognat», se marre Gérard Bonneau, lorsqu'on lui demande ce qu'il a amené à Servette depuis son arrivée en mai dernier de Lyon, où il a travaillé pendant près de 20 ans à la détection. En tant que responsable du recrutement, sa fonction officielle dans l'organigramme grenat, cela fait sens. L'hyperactif milieu de terrain français, prêté par l'Olympique Lyonnais, incarne en effet l'une des plus grandes réussites du mercato genevois, qui ont amené le SFC à trôner en tête de la Challenge League depuis l'automne.

Mais Bonneau n'est pas dupe. Il conçoit bien que son apport dans la structure servetienne va au-delà d'une seule recrue. «Ce que j'ai amené, c'est une expérience.» Dans la foulée, celui qui fêtera ses 65 ans jeudi tempère: «Mais rien de plus. Il faut que je sois très modeste à ce niveau-là.»

Un avis qui compte

De l'OL au SFC, il y a 150 km, mais des années-lumière en termes d'infrastructures. «Je ne suis pas dans la comparaison. Il faut respecter ce qui a été fait depuis trois ans. Ce projet me plaît, sinon je ne serais pas venu, et je veux faire le mieux possible.»

D'ailleurs, au-delà de son poste de recruteur en chef, Gérard Bonneau a d'autres fonctions: «J'ai un petit rôle de conseiller auprès de la direction sur différents projets. C'est une forme d'audit sur la manière dont est organisé le club. Ce qui est fait est bien, mais je fais part de mon ressenti par rapport à mon passé. Il s'agit de faire progresser le club.»

Autrement dit, à Servette, son avis compte. «Je suis quelqu'un qui dit les choses, assure-t-il. Pour avancer, il ne faut pas être d'accord, mais être à l'écoute les uns des autres et construire une réflexion.»

Il planche sur tous les dossiers: les jeunes («on cherche à améliorer la post-formation»), l'avenir («on attend de savoir dans quelle division on évoluera mais on travaille déjà beaucoup sur des profils») et est parfois sollicité sur le destin de l'équipe fanion («ce sont toujours des discussions ponctuelles, mais l'entraîneur reste le décisionnaire»).

Dans un club sans directeur sportif, Bonneau est celui qui semble correspondre le plus à ce poste. Il est par exemple à l'origine de la création d'une commission technique plus formalisée que par le passé. «Mais un directeur sportif, ce doit être un autre personnage, réfute-t-il. Ce doit être un Suisse, qui connaisse le championnat et qui soit probablement un ancien joueur. Il devrait maîtriser les trois langues nationales et être connu et reconnu dans le pays. Dans le développement du club, cela viendra.»

Une méthode établie

En attendant, c'est bien lui qui s'active pour présenter un Servette compétitif dès l'an prochain. Il voyage, en Suisse comme à l'étranger, regarde des matchs, active des réseaux. Dans le football, Gérard Bonneau connaît énormément de monde. Il ne s'en vante pas, mais ses récits parlent pour lui. La méthode est bien établie: cibler des profils, regarder des vidéos, voir le joueur en direct, avant de prendre toutes les informations nécessaires sur lui. «Il faut savoir pourquoi un joueur est intéressé par Servette, détaille-t-il. Nous avons un groupe sain, il faut que l'intégration dans le vestiaire se passe bien. On prend donc des renseignements, je n'hésite pas à appeler le club du joueur par exemple.»

C'est ainsi que le «nouveau» Servette fonctionne. C'est aussi ainsi qu'il prépare la saison prochaine, dans l'espoir de ne pas rater son probable retour dans l'élite. Avec dix points d'avance sur Lausanne, la Super League est à portée de main. Une victoire dans le derby mercredi offrirait certaines garanties à Bonneau et aux Grenat: «Ce ne sera pas définitif, mais on saura qu'on sera premier ou deuxième, sourit-il. Cela donnera une orientation mais, même aujourd'hui, il faut regarder vers le haut. Nous sommes des compétiteurs, alors nous devons donner l'exemple.» Avec 13 points d'avance, cela deviendrait très concret.

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