Rester solidaire en temps de crise ou survivre en négociant à la baisse? A cause de l'arrêt des compétitions dû au coronavirus, les sponsors du football ont perdu toute visibilité.
Ils sont au point d'envisager la suspension de leurs partenariats avec plusieurs clubs européens... en attendant la reprise.
«On essaie de faire des activations avec nos joueurs pour nos sponsors, encore plus demandeurs depuis le confinement. Mais c'est très compliqué de les avoir sous la main à cause de la crise sanitaire...» A l'image de ce responsable marketing, les clubs européens peinent à rentabiliser les investissements, parfois à prix d'or, de leur partenaires.
Confinés aux quatre coins de la planète, les footballeurs-stars, actifs les plus attractifs pour les entreprises en quête d'audience, sont en incapacité de mouiller le maillot pour les sponsors de leur club ou équipe nationale.
Puis, sans matches diffusés à la TV, les marques adossées aux maillots des équipes ou aux écrans publicitaires des stades n'ont plus de tribunes pour faire briller leurs logos respectifs auprès de millions de téléspectateurs.
Au point de remettre en cause leurs contrats dans un contexte de crise économique majeure? A West Ham, la question est déjà réglée: l'un des sponsors du club anglais, la société de services financiers Basset & Gold, vient de faire faillite...
Pour les compagnies encore debout du secteur aérien ou de l'hôtellerie-restauration, annonceurs majeurs frappés de plein fouet par la crise, l'heure est à l'interrogation.
Suspension provisoire
«Il est bien évident que n'ayant plus de prestation, tout le monde est obligé de suspendre, ça me paraît tellement logique. C'est un cas de force majeure», explique à l'AFP Marc Vanhove, le patron de la chaîne de restauration Bistro Régent.
Sponsor maillot de Bordeaux, l'entreprise française a dû suspendre provisoirement son contrat, qui court jusqu'en 2023, avant le versement de la mensualité d'avril, «jusqu'à ce que l'on ait les dates de reprise».
Même le groupe hôtelier Accor, sponsor principal du PSG, a laissé planer le doute concernant le versement de l'intégralité de la somme prévue dans son contrat (environ 52,5 M Frs annuels) en raison de la conjoncture difficile... avant d'affirmer avoir honoré ses engagements deux jours plus tard!
Inquiétant? «Certains de ces grands groupes peuvent dire du jour au lendemain 'on arrête tout' car on est dans une situation d'urgence où on l'on doit éliminer toutes les dépenses superflues», explique à l'AFP Jean-Pascal Gayant, économiste du sport.
«Et en cas de crise, le premier budget qu'on diminue, c'est souvent la com'», ajoute-t-il.
Après le manque à gagner des droits TV, un tel phénomène serait un deuxième coup dur pour les finances des clubs, déjà exsangues.
Car si le principal poste de recettes des principaux clubs européens vient des diffuseurs (44%), les revenus commerciaux, tirés principalement par les sponsors, représentent toutefois 40% de leur chiffre d'affaires, selon une étude du cabinet Deloitte.