Serie A "Cris de singe": une forme de respect selon des tifosis

ATS

4.9.2019

Un groupe de supporters Ultras de l'Inter Milan a écrit une lettre ouverte à l'attaquant belge de leur équipe Romelu Lukaku, cible dimanche à Cagliari de «cris de singe», pour lui assurer que ces chants n'étaient pas racistes.

Lukaku avait a invité les footballeurs à «s'unir» et à «prendre position» face au racisme.
Lukaku avait a invité les footballeurs à «s'unir» et à «prendre position» face au racisme.
Keystone

«Ciao Romelu (...) Nous regrettons beaucoup que tu aies pensé que ce qui est arrivé à Cagliari soit du racisme», écrivent les Ultras dans cette lettre publiée sur la page Facebook L'Urlo della Nord, qui se présente comme «l'organe officiel» de la Curva Nord, le virage du stade San Siro où se réunissent les principaux groupes Ultras de l'Inter.

«Tu dois comprendre que l'Italie n'est pas comme beaucoup d'autres pays européens où le racisme est un VRAI problème. Nous comprenons que tu aies pu le croire, mais ça n'est pas le cas», poursuivent les auteurs du communiqué.

«En Italie, nous avons certaines façons de faire pour aider l'équipe et essayer de rendre nos adversaires nerveux, pas par racisme, mais pour les faire rater. Nous sommes des tifosi multiethniques et nous avons toujours bien accueilli les joueurs, d'où qu'ils viennent. Mais, nous aussi, nous avons par le passé utilisé certains moyens contre des joueurs adverses et nous le referons probablement», ajoutent-ils. «Nous ne sommes pas racistes, pas plus que ne le sont les tifosi de Cagliari», assurent encore les Ultras de l'Inter.

"Au lieu d'avancer, nous reculons"

Dimanche soir à Cagliari, des «cris de singe» ont retenti au moment où Lukaku s'apprêtait à frapper un penalty pour l'Inter. Lukaku a marqué, pour donner l'avantage à son équipe (2-1) et ces cris, parfaitement audibles à la télévision italienne, ont continué quelques secondes.

Lundi après-midi, le club sarde a publié un communiqué dans lequel il assure «prendre fortement ses distances avec les évènements isolés mais néanmoins condamnables ayant eu lieu à la Sardegna Arena».

Le joueur de son côté a invité lundi les footballeurs à «s'unir» et à «prendre position» face au racisme. «Nous sommes en 2019 et au lieu d'avancer, nous reculons», a écrit Lukaku en anglais sur son compte Instagram.

"Nous sommes les frères du monde"

Dans leur communiqué, les Ultras de l'Inter invitent Lukaku à considérer «ce comportement des tifosi italiens comme une forme de respect, parce qu'ils craignent tes buts».

«Quand tu dis que le racisme doit être combattu en Italie, tu ne fais qu'inciter à la répression de tous les tifosi y compris les tiens et tu contribues à créer un problème qui n'existe pas ici ou qui, du moins, n'est pas ressenti comme dans d'autres pays», ajoutent-ils.

Plusieurs autres groupes de supporters de l'Inter se sont désolidarisés de l'initiative de L'Urlo della Nord. Certains ont rappelé les mots de Giorgio Muggiani, l'un des fondateurs du club: «Elle s'appellera Internazionale, car nous sommes les frères du monde.»

En décembre 2018, l'Inter Milan, qui n'a pas réagi depuis dimanche, avait été sanctionné de deux matches à huis-clos après des «cris de singe» lancés en direction du défenseur franco-sénégalais de Naples Kalidou Koulibaly. En avril, l'attaquant Moise Kean, alors à la Juventus, avait déjà été la cible des mêmes cris racistes après un but inscrit à Cagliari.

Le Français Blaise Matuidi (Juventus) a également été victime de ces cris, toujours à Cagliari, sans qu'aucune sanction ne soit prise contre le club sarde.

L'argument selon lequel les «cris de singe» ne seraient pas racistes est récurrent chez certains groupes Ultras en Italie. En 2013, la Curva Nord de la Lazio Rome avait publié un communiqué en ce sens.

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