Premier derby du Rhône depuis le 22 mai 2013 et une victoire 4-0 du Servette FC à la Praille sur des réussites de Matias Vitkieviez, de Geoffrey Tréand et un doublé de Goran Karanovic, le Servette FC – FC Sion de samedi s'avance comme le premier grand choc de la saison en Super League. Il sent le souffre.
Attisée cette semaine sur les réseaux sociaux, la rivalité entre les fans genevois et valaisans constitue bien sûr l'une des raisons qui commande que ce derby ne sera plus jamais un match comme les autres. A Genève, l'affront de la défaite de la finale de la Coupe de Suisse 1996 – la mère de toutes les défaites – est toujours aussi mortifiant. On rappellera que les Genevois l'avaient perdue 3-2 sous la pluie du Wankdorf dans un match au cours duquel ils avaient pourtant mené 2-0 et qui avait vu Aurelio Vidmar inscrire le but de la victoire que la VAR aurait annulé aujourd'hui sans la moindre hésitation.
Même si ce match remonte à 23 ans, son importance demeure. Il marque une passation du pouvoir qui n'a pas pas été remise en question par les multiples vicissitudes traversées par les deux clubs depuis lors. Sion s'est affirmé comme la capitale du football romand. Aujourd'hui alors que le club valaisan voit son image encore altérée par sa décision de poursuivre le boycott décréter l'an dernier à l'encontre du «Nouvelliste», le Servette FC revient, enfin, en grâce.
Une réelle ferveur
La promotion du club genevois le printemps dernier a été accueillie avec une réelle ferveur dans tout le pays. Elle a récompensé la politique d'un président, Didier Fischer, qui a su très vite se démarquer de ses deux prédécesseurs dont les errances avaient conduit le club dans les abysses. Fort d'un soutien d'une Fondation qui détient un géant de l'horlogerie et sans oublier une seule seconde qu'il était un novice dans le milieu du football, Didier Fischer est parvenu, en trois ans, à redonner au club la place qui est la sienne sur la carte du football suisse.
Didier Fischer a, surtout, accordé au printemps 2018 sa confiance à un entraîneur que l'on croyait porté disparu. Ancien joueur emblématique du club, Alain Geiger est revenu à Genève avec sans doute une humilité dictée par un parcours d'entraîneur loin d'être linéaire mais aussi avec une conviction forte: celle qui veut que la réussite ne peut passer que par le jeu, et uniquement par le jeu. Confronté la saison dernière à un rival lémanique au budget deux fois plus imposant, le Servette FC a signé un parcours magnifique. Qui a trouvé son prolongement dimanche dernier à Berne avec ce 1-1 obtenu contre les Young Boys, le double Champion en titre, pour les trois coups de la saison.
L'occasion de reprendre la main
8469 jours après cette finale maudite de 1996, le Servette FC aura l'occasion de reprendre la main. Dans ce derby qui pourrait attirer plus de 10'000 spectateurs, Alain Geiger pourrait jouer un très mauvais tour à Stéphane Henchoz, son ancien équipier en sélection. Une défaite à Genève surviendrait encore trop tôt, même après le revers 4-1 contre Bâle de la première journée, pour ouvrir le débat sur l'avenir en terre valaisanne du sauveur de Neuchâtel Xamax. Mais concédée face au grand ennemi, elle placerait Stéphane Henchoz et son président dans une position déjà inconfortable. Et préfigurerait, pourquoi pas, la perte d'un leadership régional auquel Christian Constantin est tant attaché.