La revenante Ana-Maria Crnogorcevic n'aime pas évoquer un certain passé récent. Avant les deux prochains matches de la Suisse en Ligue des Nations, tant l'attaquante internationale que l'entraîneure Inka Grings s'efforcent d'aller de l'avant.
Ana-Maria Crnogorcevic est de retour après avoir manqué le dernier rassemblement de l'équipe de Suisse en septembre. Assise face aux journalistes mardi après-midi dans un hôtel de Pfäffikon, la recordwoman du nombre de matches (151) et du nombre de buts (71) en équipe nationale parle volontiers de son emploi du temps chargé. Moins des tensions avec Inka Grings.
Madrid plutôt que le Mexique
Cet été a été tumultueux pour la Bernoise de 33 ans, dont on ne voulait plus au Barça après trois saisons et sept trophées conquis dont deux Ligues des champions. Ce départ était inattendu pour elle, car elle avait encore un contrat d'un an à Barcelone. Et elle venait de se séparer de son agent, pensant son avenir assuré à court terme.
C'est par l'intermédiaire de la capitaine de l'équipe de Suisse Lia Wälti, qui lui a rendu visite en Espagne, qu'elle est finalement entrée en contact avec une agence qui a pu la placer chez son employeur actuel, l'Atlético Madrid. «Il s'est vraiment passé beaucoup de choses ces derniers mois», dit Crnogorcevic en parlant de sa recherche de logement et de son intégration dans un nouvel environnement.
«Chaque équipe fonctionne un peu différemment, c'est pourquoi cela prend un peu de temps pour s'adapter», poursuit Ana-Maria Crnogorcevic qui, en cinq apparitions avec les Madrilènes, a marqué un but et délivré une passe décisive. Une offre lucrative du Mexique avait failli l'inciter à partir à l'aventure outre-mer, mais elle ne regrette pas d'être restée en Espagne.
La visite de Grings
Récemment, Crnogorcevic a reçu une autre visite plus attendue en Espagne: celle d'Inka Grings, accompagnée pour l'occasion de la directrice du football féminin à l'ASF Marion Daube. Des tensions étaient apparues après la sèche défaite (5-1) en 8e de finale du Mondial face à l'Espagne: Crnogorcevic aurait fait partie des joueuses les plus critiques à l'égard de la sélectionneuse, et une clarification s'imposait.
C'est au moment d'évoquer cette visite officielle que les mots se sont faits rares. «Je ne dis rien à ce sujet», lâche Ana-Maria Crnogorcevic, en disant tout de même quelques petites choses. A savoir qu'elle veut éviter que ses paroles ne provoquent à nouveau des troubles. Qu'elle, qui est aussi une interlocutrice appréciée en raison de son caractère émotionnel et ouvert, doit veiller à ne pas faire de déclarations en public sous le coup de l'émotion. Et que cela doit fonctionner entre elle et Inka Grings.
Sentiments positifs de l'Euro
Interrogée sur sa relation avec Crnogorcevic, l'entraîneure allemande se montre pour sa part plus loquace. Elle dit s'être entretenue pendant environ une heure et demie avec sa joueuse. C'était une «bonne et importante conversation», au cours de laquelle les deux parties ont évoqué des choses qui les dérangent et comment elles pourraient être améliorées.
«Je ne peux pas faire de tour de magie», dit Inka Grings, qui s'efforce d'apaiser les tensions existant dans sa relation avec l'une de ses joueuses les plus importantes: «Je ne suis pas du genre rancunière, et de toute façon, il ne s'agit ni de moi ni d'Ana-Maria, mais de toute l'équipe et de notre succès»
Mais ces derniers temps, le succès s'est fait rare. Sur les 12 matches disputés sous la direction d'Inka Grings, la Suisse n'en a gagné qu'un, lors du match d'ouverture de la Coupe du monde contre les Philippines (2-0). Et les deux prochains, dans le cadre de la nouvelle Ligue des nations, s'annoncent compliqués: vendredi (18h30) contre la Suède, 3e du Mondial et 1re du classement FIFA, puis mardi (19h00) au Letzigrund face aux championnes du monde espagnoles.