Super League En pleine polémique, le FC Bâle inquiète

ATS

30.4.2020

Le FC Bâle ne joue plus, mais il ne cesse de faire parler outre-Sarine. Car la crise du coronavirus donne du relief aux problèmes structurels.

Malgré une bonne saison 2019/2020, le FC Bâle a perdu de sa superbe des années passées.
Malgré une bonne saison 2019/2020, le FC Bâle a perdu de sa superbe des années passées.
Keystone

Le football suisse n'a plus d'images depuis ce jeudi soir du 12 mars. Dans un stade de Francfort à huis-clos, Bâle l'emportait 3-0 en match aller des huitièmes de finale de l'Europa League. La performance en appelait d'autres. Mais le football a tiré la prise le lendemain.

Et Bâle est entré dans la crise. Faute de résultats sportifs à commenter, les médias alémaniques ont tout de même de quoi se mettre sous la dent depuis un mois. Au FCB, les affaires ne manquent pas. Dans l'ordre chronologique, il y a eu l'option d'achat (dont le délai courrait jusqu'au 31 mars) d'Edon Zhegrova qui n'a pas été levée, un bras de fer de deux semaines entre joueurs et direction pour réduire les salaires ou encore le renvoi en catimini de plusieurs membres de l'encadrement de l'académie.

L'impopulaire Burgener

Plus ou moins impactantes, ces histoires mettent surtout en valeur un organigramme qui peine sur deux fronts: celui des finances et celui de la communication. Dans les deux cas, le nom de Bernhard Burgener est souvent celui que l'on place au coeur de la cible. Président et actionnaire majoritaire du club depuis 2017, ce grand patron de 62 ans a fait son succès dans l'industrie des médias et du cinéma.

Bâlois enraciné comme Gigi Oeri ou Bernhard Heusler, il ne parvient toutefois pas à séduire le public à l'instar de ses prédécesseurs. «Il n'est pas populaire», constate un observateur avisé. Plutôt entrepreneur discret que mécène proche des siens, il cristallise les tensions. En cause: une politique budgétaire très restrictive.

Soumis depuis près de vingt ans à un déficit structurel allant de dix à vingt millions de francs selon les années, Bâle vit au-dessus de ses moyens et doit compter sur la vente de joueurs et les primes de participation aux Coupes d'Europe pour combler le trou. Mais les beaux jours sont passés, et Burgener doit compenser. Au départ du duo Bernhard Heusler-Georg Heitz, environ soixante millions de francs s'accumulaient dans les réserves. Selon les médias alémaniques, il n'en reste plus qu'un tiers. Le reste a été destiné à couvrir les pertes.

La masse salariale: un véritable boulet

Et la crise du coronavirus s'est ajoutée à la crise structurelle. «Nous pouvons tenir jusqu'en octobre, ensuite ce sera compliqué, a expliqué Burgener à la SRF mardi. Les droits TV ne nous rapportent que 7 à 10% de nos revenus. Les matchs à huis clos nous coûteraient près de 300'000 francs, sans générer de recettes. La situation serait empirée.» Sans revenus, l'institution rhénane voit ses comptes virer au rouge. Encore plus que prévu. Car l'heure n'est de toute façon pas aux dépenses, mais aux économies.

Notamment sur la masse salariale. Alors que le FCB compte près de 300 employés, il doit notamment assumer les (très) hauts salaires de ses joueurs: lorsque Zdravko Kuzmanovic en 2015, Valentin Stocker en 2017 ou Fabian Frei en 2018 sont revenus au bercail avec des contrats longue durée à la clé, cela ne s'est pas fait gratuitement. Au total, Bâle totalise 36 joueurs sous contrat, a souligné Burgener à la SRF. Autant de boulets pour les actuels dirigeants du FCB.

Kuzmanovic, au même titre que Ricky van Wolfswinkel et Kevin Bua, arrive en fin de contrat. La prolongation de ces derniers n'a - a priori - jamais été mise sur la table des négociations. Celle de l'entraîneur Marcel Koller paraît également compromise. De quoi mieux comprendre le mutisme des dirigeants rhénans, lorsqu'il a fallu imaginer la levée de l'option d'achat (environ 3,5 millions de francs) pour Zhegrova. Lequel aurait pourtant pu représenter une certaine plus-value. Ce sera probablement le club belge de Genk qui en profitera. Au même titre que les propriétaires de Cabral ou Bergstrom, également prêtés à Bâle.

Et puis, il va falloir générer des recettes. Cela passera par la vente des principaux actifs que compte l'effectif des Rotblau. Jonas Omlin, Eray Cömert ou Omar Alderete sont destinés à quitter prochainement Saint-Jacques, même si la crise actuelle aura sans doute affaibli leur valeur marchande. Vendu pour 12 millions de francs à Salzbourg cet hiver, Noah Okafor a amorcé cette vague de départs. Bâle ne retient plus personne.

Une communication défaillante

Forcément, cela agace. Car le FCB ne gagne plus non plus. Les huit titres consécutifs entre 2010 et 2017 appartiennent à l'histoire. Et tout est sujet à polémique. Si bien que la direction actuelle est régulièrement dépassée sur sa droite et n'anticipe pas les crises. Ou alors elle les gère moyennement bien. Comme lorsqu'elle s'est opposée aux joueurs par communiqués interposés pour expliquer que l'équipe n'était pas prête à accepter une réduction de 17,5% sur leurs salaires annuels, faisant filtrer l'information que les joueurs ne se contenteraient que de 1,25%. Une attaque que Stocker, Frei & co ont repris de volée: «Oui, nous sommes prêts à participer à l'effort collectif, mais nous voulons savoir où l'argent ira», avaient-ils répondu en substance. Finalement, la semaine dernière, un accord était annoncé, sans précision sur les montants.

Outre-Sarine, les éditoriaux ont pointé la faiblesse de la communication. A cela s'est ajouté le licenciement d'entraîneurs juniors, informés de leur sort dans un garage de la banlieue bâloise. Moyen. Même si le fond est plus convaincant que la forme: en début d'année, le FCB avait annoncé l'engagement d'un nouveau directeur de la formation. Percy van Lierop, Néerlandais de 45 ans, passé par les académies de l'Ajax Amsterdam et de Salzbourg, doit revoir tout le concept de formation bâlois. Histoire de raviver les souvenirs lumineux des Shaqiri, Xhaka, Sommer et autres Rakitic et de retrouver le chemin du succès. Aussi celui des ventes qui permettront au club d'aller au-delà de son déficit.

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