L'équipe de Suisse relèvera jeudi à Dublin (20h45) le défi que lui lancera une Irlande actuelle leader du groupe D des éliminatoires de l'Euro 2020.
Un déplacement toujours périlleux dont les enjeux sont bien entendu sportifs mais plus encore psychologiques.
Evidemment, un mauvais résultat commencerait de faire peser une forte pression sur les épaules de Vladimir Petkovic et de ses internationaux. Nonobstant les distorsions qui altèrent le classement (quatre matches pour l'Irlande, trois pour le Danemark et deux pour la Suisse). Toutefois, même en cas de défaite jeudi à l'Aviva Stadium et de victoire des Danois (2es du groupe) contre Gibraltar – ce qui repousserait la Suisse à respectivement neuf et quatre points -, l'équipe nationale pourrait encore prétendre mathématiquement à l'une des deux premières places finales.
«Il s'agit d'une partie importante mais pas décisive», rappelle ainsi à raison Vladimir Petkovic. Rien ne sera joué dans cette poule qui épouse les contours d'un match à trois. Trois rivaux n'ayant pour l'heure jamais pu se départager (nul de la Suisse contre le Danemark et nul également entre Irlandais et Danois).
Les mathématiques sont une chose, les ondes qui gravitent autour d'une sélection en sont une autre. Or, force est de constater que depuis l'élimination frustrante face à la Suède en 8e de finale du Mondial 2018, le climat est tout sauf serein. Les «affaires» russes, la rupture avec Behrami, le cas Lichtsteiner, les changements à l'ASF et, récemment, le psychodrame Shaqiri: la Suisse se trouve aux antipodes du havre de tranquillité dans lequel le monde entier la croit traditionnellement lovée.
Cinq défaites en dix matches
Et il y a aussi les résultats sportifs, en deçà des attentes, bien que cela ne soit pas toujours justifié. Mais la vérité est que depuis la fin de la Coupe du monde, l'équipe nationale a perdu cinq des dix matches qu'elle a disputés, pour quatre victoires et un nul.
Certes, contre des adversaires de talent (deux fois la Belgique, deux fois l'Angleterre, une fois le Portugal et le Danemark). Toujours est-il que flotte autour de la sélection un parfum de crise, une odeur de départ de feu que Petkovic et ses joueurs doivent immédiatement éteindre.
"Nous existons en tant qu'équipe"
Avec quelle équipe et, surtout, quelle animation offensive, puisque Xherdan Shaqiri n'est pas là? «Bien sûr, si Xherdan avait été présent, sa place et son rôle dans le onze auraient été clairs, acquiesce Petkovic. Mais notre ligne directrice est elle aussi claire. Et fait que nous ne sommes pas dépendants d'un seul joueur», ajoute le Mister, relevant que Shaqiri n'est pas le seul absent du groupe et que, par le passé, la Suisse a obtenu des résultats probants même quand elle était privée de certains de ses principaux talents. "Nous existons en tant qu'équipe!", clame-t-il.
Les faits donnent plutôt raison au Mister car la Suisse a régulièrement fait ce que l'on attendait d'elle, même lorsqu'elle était orpheline d'un ou de plusieurs de ces leaders techniques. Par exemple, s'il est possible de lire le nul 3-3 contre le Danemark en mars comme une déconvenue – les Suisses menaient 3-0 avant de se faire rejoindre dans les dernières minutes -, il est également permis de relever la performance. Car ne marque pas trois fois contre les Danois qui veut! Et la sélection, ce soir-là à Bâle, était notamment privée de Shaqiri et Haris Seferovic, mais aussi d'un Fabian Schär parfois buteur et d'Edimilson Fernandes...
«Plus facile sans Shaqiri»
Difficile cependant de véritablement prédire le onze titulaire que Petkovic lancera dans la bataille à Dublin jeudi soir. Une défense à trois ou à quatre? Une seule pointe ou deux? Des flous qui ne paraissent pas perturber Mick McCarthy, le sélectionneur irlandais: «En tant que coach, il est plus facile de préparer son équipe quand Shaqiri n'est pas là, affirmait-il lundi. Parce que Shaqiri amène cette part d'imprévisibilité sur le terrain et que la Suisse a moins d'options sans lui.»
Nul doute que McCarthy aura bien fait ses devoirs, conscient que ses Boys in Green sont clairement les outsiders de ce match. Pas au Mondial 2018, reléguée en Division C de la Ligue des Nations, 32e au classement FIFA (la Suisse est 11e), l'Irlande est loin d'appartenir au Gotha. Mais, compensant leurs carences techniques et tactiques par leur engagement sans faille, les Irlandais ne doivent surtout pas être pris de haut, encore moins à domicile.
Le Danemark n'avait pas gagné à Dublin en poule de la Ligue des Nations, la Pologne non plus lors des éliminatoires de l'Euro 2016. Des qualifications qui avaient vu l'Allemagne, alors championne du monde en titre, perdre devant une Green Army déchaînée dans les tribunes...
Les équipes possibles:
Irlande – Suisse
Dublin. Arbitre: Del Cerro Grande (ESP). Coup d'envoi: 20h45 (19h45 heure locale).
Irlande: Randolph; Coleman, Duffy, Keogh, Stevens; Robinson, Hendrick, Whelan, Hourihane, McClean; McGoldrick.
Suisse: Sommer; Elvedi, Schär, Akanji; Xhaka; Mbabu, Zakaria, Freuler, Rodriguez; Embolo; Seferovic.
La Suisse sans Drmic, Lang, Lichtsteiner (pas convoqués), Shaqiri (pas à disposition), Klose, Sow ni Zuber (blessés). Aucun Suisse menacé de suspension en cas d'avertissement.