Super League
"Je ne suis ni Ter Stegen, ni Sommer"

ATS

9.8.2019 - 06:04

Depuis son retour en Super League, Servette n'a pris qu'un but: après 5 minutes lors de la 1re journée à Young Boys. Depuis, le portier grenat Jérémy Frick garde ses cages inviolées.

Rassurant, Frick (26 ans) dissipe les doutes sur son niveau, avant le déplacement à Bâle samedi. Mais consent que son jeu au pied pourrait être meilleur.

Jérémy Frick dissipe les critiques depuis le début de saison. Rebelote à Bâle samedi?
Jérémy Frick dissipe les critiques depuis le début de saison. Rebelote à Bâle samedi?
Source: Twitter

Jérémy Frick, Servette n'a pris qu'un but en 270 minutes, et aucun depuis 265 minutes. Qu'est-ce cela signifie pour le gardien que vous êtes?

«Cela veut dire beaucoup de choses, mais surtout que l'on a une défense de fer. (Steve) Rouiller et (Vincent) Sasso sont très bons, mais c'est le travail de toute une équipe. Défensivement, on est bien en place, et cela me permet de m'illustrer ensuite

Est-ce une réponse aux critiques qui vous étaient adressées?

«Personnellement, ces critiques, je les ai entendues assez tard. Pour moi, cela n'entrait même pas en ligne de compte. Comme si le fait que nous montions en Super League nous obligeait à tout changer. Mais pourquoi changer? J'ai été deux fois de suite nommé pour le titre de meilleur gardien de Challenge League, une fois élu l'an dernier. Certes, ce n'est pas que grâce à moi qu'on en est là, mais j'y ai contribué. Alors non, dans le fond, je ne suis pas là pour prouver quelque chose.»

Votre jeu au pied a été beaucoup visé...

«Oui, c'est vrai qu'il y a des questions autour de lui. Le but, bien sûr, est de jouer propre. Mais en un an, j'ai dû faire une seule vraie erreur au pied. Je peux concevoir que c'est pas mon point fort, je ne suis ni Marc-André Ter Stegen, ni Yann Sommer. Par contre, je peux dégager des deux pieds. Il faut dire aussi que quand je suis arrivé à Servette, mon jeu au pied était catastrophique, c'est vrai. Ensuite, il est difficile d'enlever une étiquette. Mais je peux accepter ces critiques. Après, il y a aussi une question tactique: on me demande de chercher les lignes. Ca se joue à pas grand-chose parfois.»

Comment expliquez-vous ces carences?

«Je pense que j'ai été formé juste avant que cela devienne primordial. La génération suivante a été façonnée sur cet aspect. Nous, on travaillait beaucoup plus la puissance, l'explosivité que la gestuelle technique.»

Vous tentez donc de combler votre retard au quotidien?

«Oui, je fais un peu de jeu au pied tous les jours. On le travaille aussi en fonction du prochain adversaire. Par exemple, contre Lucerne, vu les trois grands défenseurs qu'ils avaient dans l'axe, il fallait absolument chercher les angles. C'est sur ce genre de choses qu'on insiste tous les jours avec l'entraîneur des gardiens Daniel Blanco.»

Depuis que vous êtes revenus à Servette en 2016, avez-vous eu le sentiment de progresser?

«Oui, j'ai fait un vrai saut. Notamment au niveau de la gestion des émotions. Avant, j'étais très impulsif, maintenant je gère ça mieux. Plus jeune, je jouais sous pression, alors que je cherche maintenant plus à prendre du plaisir, à être un leader. Ma lecture du jeu s'améliore aussi: quand faut-il freiner le jeu, quand faut-il l'accélérer?»

A Servette, vous êtes le numéro un à votre poste. Comment vireriez-vous avec plus de concurrence?

«Il faut savoir qu'au début de saison, le coach ne m'a pas dit que j'étais le numéro un. Il ne l'a dit à personne. Mais je ne suis pas pour une trop grosse concurrence à ce poste. Car il y aurait de la pression, et quand il y a de la pression, il faut prouver quelque chose. Et, au but, c'est quand tu veux prouver quelque chose que tu es mort, car tu es dans l'émotion. Le mieux devient l'ennemi du bien. Un gardien ne doit rien montrer, il doit être impassible.»

On dit de vous que vous êtes important pour le groupe. Qu'est-ce que cela vous inspire?

«Je préfère avoir des qualités de meneur dans un groupe, plutôt que dans le jeu au pied. Dans le vestiaire, j'essaye de mettre de la vie, être humain. On peut s'appuyer sur moi. Mais au fond, j'aime bien être dans l'ombre. Pour un gardien, moins on parle de toi, mieux c'est. Je donne souvent ce conseil aux plus jeunes.»

Comment vit-on le fait d'être le gardien genevois d'un Servette en Super League?

«En tant que Genevois, on est plus sujet aux critiques. Tu dois toujours faire plus qu'un autre. Tu portes une ville sur ton dos, cela t'oblige à ne pas faire n'importe quoi dans la vie. Mais cela me tient à coeur d'être un Genevois à Servette, même si ça peut me gêner quand on me félicite dans la rue par exemple.»

Vous pourriez aller voir ailleurs?

«Pour l'instant, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour. La preuve, je n'ai pas d'agent et ça ne m'intéresse pas. J'ai encore des étapes à passer pour imaginer voir plus haut. En tant que gardien, je pense qu'il faut réaliser deux saisons au top pour passer un palier.»

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