La saison d'Aldo Kalulu ne correspond pas aux attentes. Arrivé pour 2,5 millions de francs au FC Bâle l'été dernier, le Français au bilan vierge s'est confié à Keystone-ATS, avant la réception de Young Boys en Super League dimanche.
Son discours est posé. Aldo Kalulu vient tout juste de fêter ses 23 ans, mais il ne se cache pas. «J'ai un regard totalement objectif lorsqu'il s'agit de me prononcer sur moi», lance-t-il alors que la discussion est encore toute fraîche. Il ne se voile pas la face, connaît l'exigence du plus haut niveau. Lui, l'ex-espoir de l'Olympique Lyonnais qui n'arrive pas à briller au FC Bâle, pourrait très bien se renfermer et se trouver des circonstances atténuantes.
Car il y en a, il le sait bien. Il mentionne volontiers le fait d'être venu «par le biais d'un coach (ndlr: Raphaël Wicky) qui est parti dans la foulée» ou d'être «un joueur français qui n'est pas très connu du football suisse». Mais il n'oublie pas d'envisager qu'il n'a «peut-être pas été capable d'apporter dès le début ce qui était demandé.»
De toute façon, les chiffres ne parlent pas en la faveur du Lyonnais: en 20 matchs sous le maillot bâlois, il n'a marqué qu'un seul but. Et c'était lors du 1er tour de Coupe de Suisse, contre Montlingen. Son bilan en Super League est vierge, même si son temps de jeu a été réduit (seulement 634 minutes réparties sur 13 rencontres).
De Wicky à Koller
Reste que pour un joueur acheté environ 2,5 millions de francs, cela n'est pas flatteur. Quid de la pression? «Je ne l'avais pas du tout, coupe-t-il. Certes, je me suis senti attendu, mais je préfère qu'on me porte de l'attention plutôt qu'on ne me néglige.» Et l'intégration, dans un nouveau pays, avec une nouvelle langue? «Je me suis bien adapté, assène-t-il du haut de son mètre soixante-six. Je me suis ouvert à mes coéquipiers, en essayant de faire des efforts. Bien sûr, la langue n'est pas aussi facile que d'autres, mais j'aime bien apprendre. Et mes équipiers ont pu remarquer ma volonté de communiquer avec eux, cela commence par des petits mots.» Il y a donc peut-être une part de malchance pour expliquer la découverte contrastée du football suisse d'Aldo Kalulu.
Sans doute que la vision du football de Marcel Koller n'est pas celle de Wicky. Cela a pu jouer. «Le coach veut qu'on soit costaud défensivement, avec des lignes resserrées, précise Kalulu. Nous n'avons pas beaucoup d'occasions, mais il faut être froid face au but. C'est un peu différent de ce que j'ai connu avant. Je n'étais pas habitué,et il a fallu un peu de temps pour que ça prenne.»
Sur le plan individuel, l'attaquant est devenu milieu de couloir: «A la base, je suis surtout un joueur d'axe. Cela m'a demandé beaucoup d'efforts au niveau défensif. Les courses de repli ne venaient pas de manière fluide au début. Mais elles sont maintenant systématiques. Et même si je ne jouais pas, le coach m'a toujours tenu en haleine.» Depuis quelques semaines, ses efforts parlent pour lui. L'ex-joueur de Sochaux (11 buts en Ligue 2 l'an dernier) joue désormais un peu plus.
Face au doute
Mais voilà, il s'est retrouvé dans une équipe qui n'évolue pas (ou plus) à son niveau. Loin de ses ambitions, avec l'impression que n'importe quel adversaire peut bousculer ce FCB. «On avait le potentiel pour être à la bagarre avec Young Boys. Mais avec notre présaison difficile, certaines défaites, l'élimination des Coupes d'Europe, notre supériorité théorique a disparu. On a commencé à douter collectivement et ce doute transcende les équipes adverses.»
Malgré son jeune âge, Kalulu a un vécu. Il a grandi avec un Olympique Lyonnais qui dominait le football français. Et quand il y a joué, l'OL n'était plus le monstre d'antan. La comparaison avec Bâle peut se faire. «Nous vivons une époque où les petites équipes n'ont plus peur, observe-t-il. Elles ne viennent plus pour garer le bus. Elles osent, elles n'ont rien à perdre. Et c'est sûr que cela gêne les équipes dominantes.» Sans oublier que les Rhénans doivent accepter la comparaison avec YB.
Celle-ci est douloureuse. A l'image de ce 7-1 de septembre dernier. «On avait lâché, soupire Kalulu. Après ce match, on a beaucoup parlé, on s'est dit nos vérités. Même si on aimerait les éviter, il y a certaines claques qui font du bien.» Avec 21 points de retard, Bâle ne reviendra pas sur YB. Mais la 2e place est un objectif, en sus de la Coupe (il y aura une demi-finale à jouer contre Zurich). L'honneur en est un autre. Pour le FCB, il s'agira de le sauver dimanche. «Nous avons moins de pression, le match sera plus ouvert que les précédents», promet le petit homme au discours mesuré.