Au lendemain des graves incidents qui ont eu lieu à la Commanderie, le centre d'entraînement de l'Olympique de Marseille, le propriétaire Frank McCourt a réaffirmé son soutien au président Jacques-Henri Eyraud, cible principale de la colère des supporters. Mais le club va désormais devoir retrouver un peu de sérénité pour finir tant bien que mal une saison totalement chaotique.
Que s'est-il passé ?
Dimanche matin, les graffitis insultants avaient été effacés et l'entrée de La Commanderie, dans l'est de Marseille, nettoyée. Des violences de samedi, il ne restait comme traces que trois cyprès calcinés à côté de la grille et les vitres explosées du point d'accueil, remplacées par du carton scotché.
A l'intérieur du centre d'entraînement, d'autres dégâts ont été chiffrés par le club à «plusieurs centaines de milliers d'euros». Des voitures ont été prises pour cibles, notamment celle de l'entraîneur André Villas-Boas, le bus de l'équipe a été caillassé, des vitres ont été brisées et des vols (produits de toilette, canettes) ont également été signalés.
Dans un communiqué publié dimanche matin, Frank McCourt, propriétaire américain de l'OM, a estimé que les incidents de samedi, commis par des «groupuscules de voyous», répondaient à une «logique comparable» à celle de ceux s'étant déroulés «il y a quelques semaines à Washington DC», avec l'envahissement du Capitole par des partisans de Donald Trump.
Dans les faits, le cortège qui s'est massé samedi devant la Commanderie regroupait entre 300 et 400 personnes, liées à l'ensemble des groupes de supporters de l'OM, mais sans signe distinctif d'appartenance. Après avoir lancé pétards, feux d'artifice et fumigènes, plusieurs dizaines d'entre eux ont ensuite franchi les murs d'enceinte, où les violences et dégradations ont commencé.
Au total, plus d'une soixantaine d'employés de l'OM, membres du groupe sportif ou des autres services, étaient présents. «Les salariés étaient choqués, les joueurs aussi. On a vraiment évité un drame», a déclaré à l'AFP une source au sein du club.
Vingt-cinq personnes avaient été interpellées samedi et l'OM, interrogé par l'AFP, a fait savoir que de premières plaintes avaient été déjà été déposées ce dimanche.
Comment en est-on arrivé là ?
L'exaspération des supporters marseillais, opposés à la direction du club et furieux des tristes résultats récents de l'équipe, montait depuis des semaines.
Les fans ne peuvent pas assister aux matches au stade Vélodrome, mais ils peuvent y installer des banderoles par lesquelles ils font passer leurs messages. «Vous nous faites honte» ou «Vous êtes dégueulasses», a-t-on ainsi pu lire récemment dans les virages du stade.
Fin novembre, des supporters étaient déjà montés jusqu'à la Commanderie avant un match contre Nantes. Ils avaient bloqué le bus quelques minutes pour des discussions tendues avec Villas-Boas et quelques joueurs.
Depuis un mois, chaque match à domicile est précédé par un rassemblement de fans en colère devant le stade et samedi, des dizaines de banderoles contestataires et parfois insultantes avaient été déployées partout dans la ville.
Celles-ci visaient parfois les joueurs mais surtout la direction du club et particulièrement le président Eyraud. Le dirigeant a pourtant pris du recul et est moins présent médiatiquement depuis plusieurs mois.
Mais il reste prisonnier des promesses du fameux «Champions Project» et est jugé «hors-sol» par de nombreux supporters qui se sentent peu concernés par les nombreuses initiatives sociétales du club. Sa cote de popularité s'est encore un peu plus effondrée en décembre après qu'il a évoqué le «danger» d'avoir trop de Marseillais ou de supporters de l'OM au sein du club.
Et maintenant ?
Touchée par les incidents de samedi, la direction a fait front uni dimanche. «Avec toute l'équipe et son président, l'OM poursuivra sa route», a ainsi assuré McCourt. Interrogé sur TF1, M. Eyraud a de son côté admis «des maladresses» et a jugé que le dialogue était «absolument nécessaire». Mais il a aussi expliqué que sa mission restait de «revitaliser, moderniser, bâtir un projet à long terme».
Au plan sportif, les conséquences du coup de force de samedi ne pourront pas non plus rester anodines. Désormais 7e et décrochée du très haut de tableau, l'équipe de Villas Boas se retrouve avec deux matches en retard à disputer dans un calendrier chargé.
Les joueurs se sont entraînés normalement dimanche matin après avoir échangé avec le coach, le président et le directeur sportif Pablo Longoria. Le programme de la semaine est resté échangé, à l'exception du déplacement de la conférence de presse d'avant-match de lundi à mardi.
Alors que Villas-Boas a annoncé vendredi qu'il ne resterait très probablement pas à l'issue de la saison, Longoria doit de son côté trouver un milieu de terrain susceptible de remplacer Morgan Sanson d'ici lundi minuit et la fin du mercato. Dans le contexte, ce ne serait pas un mince exploit.
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