Gagner, comme toujours, mais aussi séduire: après huit titres consécutifs, la Juventus poursuivra à partir de samedi un double objectif sportif et esthétique, sous les ordres de Maurizio Sarri.
La Vieille Dame, qui débute samedi à Parme, devra cependant faire face à des rivaux sérieusement renforcés, Inter Milan et Naples en tête.
Nommé en remplacement de Massimiliano Allegri, parti sur l'extraordinaire bilan de cinq scudetti et quatre Coupes d'Italie en cinq ans, Sarri (60 ans), qui ne prendra pas place sur son banc lors des deux premières journées de Serie A en raison d'une pneumonie, sait pourquoi il a été choisi. Il doit gagner, ce qui a toujours été à la fois le minimum et l'essentiel à la Juve, et offrir un football un peu plus agréable à l'oeil que celui du très pragmatique Allegri.
Mais son année londonienne, couronnée d'une Europa League avec Chelsea, n'a pas fait oublier ses trois saisons à Naples, où il pestait régulièrement contre les avantages réels ou supposés dont aurait bénéficié la Juve. Il n'a donc pas été accueilli sous les vivats par les tifosi bianconeri, qui ne lui pardonneront pas grand-chose et certainement pas de ne pas ajouter un nouveau titre sur la route des dix à la suite.
Sur la scène européenne, le succès est bien sûr plus aléatoire. Mais la Ligue des champions reste un autre objectif de poids du club turinois, dont l'effectif a encore été renforcé, avec les arrivées de Rabiot, Ramsey et du très convoité De Ligt, un an après celle de Cristiano Ronaldo.
Derrière, les couteaux sont affûté. Le plus remuant des prétendants est l'Inter Milan, appuyé sur la surface financière considérable de ses propriétaires chinois et qui a confié l'équipe à Antonio Conte, l'homme des trois premiers titres de l'octuplé juventino.
Comme Sarri, Conte est de retour de Chelsea, où les deux Italiens ont gagné sans réussir à se faire aimer. Avec Carlo Ancelotti à Naples depuis l'été dernier, la Serie A retrouve donc un trio de techniciens de tout premier plan.
Le mercato de l'Inter
Pour contester la suprématie turinoise, Conte a beaucoup demandé et beaucoup obtenu, à commencer par le recrutement de Lukaku, le puissant avant-centre belge, arrivé de Manchester United pour plus de 65 millions d'euros.
L'Inter a aussi misé sur Godin (Atletico Madrid) ou sur les jeunes et très prometteurs Italiens Sensi (Sassuolo) et Barella (Cagliari) et il espère Alexis Sanchez à défaut de Dzeko, qui a préféré prolonger à l'AS Rome.
Mais Conte a aussi validé le départ de certains cadres comme Nainggolan ou Perisic et le conflit entre le club et son ancien capitaine Icardi n'est pas soldé et fait figure de potentielle bombe à retardement.
Trois Suisses au départ
Naples s'est pour sa part discrètement consolidé, avec Manolas en défense et le dribbleur mexicain Lozano. Un cran au-dessous de ces trois gros morceaux, la lutte pour la 4e place, la dernière à envoyer en Ligue des champions, sera terrible, avec au moins six candidats: l'Atalanta Bergame, l'AC Milan, les deux clubs de la capitale, Lazio et Roma, qui s'affrontent dès la 2e journée, le Torino et même la Fiorentina, qui a obtenu la palme du transfert le plus excitant de l'été avec la signature de Ribéry.
Le contingent suisse s'est réduit à trois joueurs, le plus faible total depuis treize ans (neuf l'année dernière). Il s'agit de Remo Freuler (Atalanta), Ricardo Rodriguez (AC Milan) et Blerim Dzemaili (Bologne). Si le premier est devenu incontournable à Bergame, le deuxième devra faire face à la très rude concurrence du Français Theo Hernandez (actuellement blessé mais acheté 20 mio d'euros au Real Madrid) et le troisième, capitaine de son équipe, doit encore retrouver la forme après une longue absence sur blessure.