Football La Lazio dans la tourmente

ATS

2.11.2017 - 12:23

Genève

L'utilisation provocatrice d'images d'Anne Frank par des supporters de la Lazio a suscité une vague de critiques en Italie et au-delà. Cela a poussé le président du club romain à annoncer qu'il emmènerait des jeunes à Auschwitz.

La fédération italienne (Figc) a aussi annoncé une minute de réflexion sur la Shoah, avec la lecture dès mardi soir et mercredi d'un extrait du célèbre journal de la jeune fille juive morte en déportation, avant chaque match de Serie A, B, C. Ce sera aussi le cas le week-end prochain avant les rencontres des catégories jeunes comme amateurs.

Dimanche au stade Olympique de Rome, des ultras de la Lazio, coutumiers des slogans ou gestes racistes et antisémites, ont assisté à un match de leur équipe fétiche depuis le virage des fans de leur rival historique l'AS Rome, car leur virage habituel était fermé pour deux matches. C'était une sanction prise après des cris de singes lancés pendant un match début octobre.

Actes très graves

Ils ont marqué leur passage en laissant de nombreux autocollants, en particulier dans les toilettes, montrant Anne Frank avec le maillot de la Roma, dans un photomontage déjà utilisé en 2013.

"Ce n'est pas du football, ce n'est pas du sport. Sortez l'antisémitisme des stades", a réagi Ruth Durghello, présidente de la communauté juive de Rome, tandis que le ministre des Sports, Luca Lotti, dénonçait des actes "très graves".

Mardi, le président de la République lui-même, Sergio Mattarella, a appelé le ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, pour s'assurer que les responsables seraient identifiés et "définitivement bannis des stades".

Utiliser l'image d'Anne Frank "comme signe d'insulte et de menace, outre que c'est inhumain, est alarmant pour notre pays, qui a subi la contagion, il y a 80 ans, de la cruauté bornée de l'antisémitisme", a-t-il dénoncé dans un communiqué.

Gerbe de fleurs

"C'est incroyable, inacceptable, il ne faut pas le minimiser ni le sous-évaluer", a insisté le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni. A Bruxelles, le chef du Parlement européen, Antonio Tajani, a répété que l'antisémitisme appartenait "au siècle dernier".

Au milieu de cette tempête et alors que son club risque de nouvelles sanctions sportives, le président de la Lazio, Claudio Lotito, est allé déposer une gerbe de fleurs à la mi-journée devant la synagogue de Rome.

"Aujourd'hui, nous entendons réaffirmer notre position encore une fois avec ce geste clair et sans équivoque: personne ne peut utiliser la Lazio", a-t-il insisté. "La plupart de nos supporters sont avec nous contre l'antisémitisme".

Et pour s'en assurer, il a annoncé qu'à partir de 2018, le club emmènerait chaque année 200 jeunes fans au camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz, où Anne Frank a été déportée avant de mourir à Bergen-Belsen.

Les insultes à caractère raciste et antisémite restent fréquentes dans les tribunes, voire aussi sur le terrain, dans le football italien, depuis les championnats de jeunes jusqu'à la Serie A. Et les sanctions ne sont pas systématiques.

Surpris

Malgré tout, les "Irriducibili" de la Lazio ont refusé dans un communiqué de prendre leurs distances avec le photomontage, se disant surpris de la réaction médiatique qui vise avant tout, selon eux, à entraver la progression de la Lazio.

"Nous nous demandons simplement pourquoi personne ne prend notre défense quand nous sommes victimes d'incidents similaires. Nous nous demandons pourquoi personne ne parle de nos initiatives en hommage aux victimes du terrorisme", ont-ils expliqué.

Seule équipe à avoir battu l'indétrônable Juventus en championnat cette saison, la Lazio est actuellement quatrième de Serie A, juste devant l'AS Roma, qu'elle rencontrera le 18 novembre pour un derby délicat.

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