Légende du football turc, Hakan Sukur a dû fuir son pays d'origine pour s'être opposé au président Recep Tayyip Erdogan. Sous le coup d'un mandat d'arrêt en Turquie, où ses avoirs ont été gelés, l'ancien attaquant du Galatasaray vit désormais exilé aux Etats-Unis
Il ne fait pas bon s'opposer au président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan. Hakan Sukur - légende du football turc (112 sélections, 51 buts) - l'a appris à ses dépens.
D'abord militant du parti d'Erdogan en 2011, l'ancien buteur du Galatasaray (48 ans) était même devenu député de l'AKP d'Istanbul, avant de démissionner en 2013. Une décision qui n'a pas plu à Erdogan et qui a forcé Sukur à s'exiler aux Etats-Unis deux ans plus tard.
Devenu chauffeur Uber
Considéré désormais comme un opposant au président turc, le natif d'Adapazari a vu ses avoirs être gelés dans son pays d'origine. Il y est même sous le coup d'un mandat d'arrêt pour avoir participé - selon Erdogan - au coup d'Etat manqué en 2016 initié par Fethullah Gülen.
Depuis 2015, l'ancien international turc - troisième de la Coupe du monde 2002 - vit donc en exil aux Etats-Unis. L'ancien attaquant - passé notamment par l'Inter Milan - exerce aujourd'hui la profession de chauffeur Uber à Washington. Il a confié au "Welt am Sonntag" avoir auparavant vendu des livres et tenu un café dans la capitale américaine.
Mais l'auteur du but le plus rapide de l'histoire d'un Mondial (10,8 secondes) a subi des pressions, au point d'être placé un temps sous protection policière et du FBI. "J'ai tenu un café pendant un certain temps. Des gens étranges sont venus dans mon café et ont joué de la musique Dombra (ndlr: décrite par le parti AKP comme étant la vraie musique des Turcs)."
Père emprisonné
Puis d'expliquer sa situation actuelle. "Erdogan m'a tout pris. Mon droit à la liberté, le droit de m'expliquer, de m'exprimer, le droit au travail." Lorsqu'il vivait encore en Turquie, ses prises de parole étaient, en effet, systématiquement suivies d'actes de vendetta. "La boutique de ma femme a été visée par des jets de pierre, mes enfants ont été harcelés dans la rue. J'ai reçu des menaces après chaque déclaration que j'ai faite."
Une insécurité qui a donc forcé Hakan Sukur a traversé l'Atlantique. Cette fuite a toutefois engendré des répercussions tragiques sur sa famille restée au pays. "Quand je suis parti, ils ont enfermé mon père. Et tout ce que j'avais a été confisqué." Désormais assigné à résidence, son père n'a été libéré qu'après s'être vu diagnostiqué un cancer, une maladie dont souffre également sa mère.