Sans Aldin Turkes blessé jusqu'à la fin de la saison, le Lausanne-Sport doit se réinventer en attaque. A dix jours de la reprise contre Sion, les solutions envisageables interrogent.
2020 était une bonne année pour le Lausanne-Sport: la promotion, un début de saison convaincant en Super League. Cela se passait bien. Jusqu'à Noël. Son avant-veille, plutôt, et ce déplacement poison à Lugano. Retour sans but (0-0) et un buteur en moins. Aldin Turkes s'est rompu le ligament croisé et cela pose tant de questions sur le deuxième tour lausannois.
Plus qu'un buteur
«On a vu parfois que Flo avait la balle côté gauche et cherchait un appui à l'intérieur.» Vendredi dernier, après le match amical contre Neuchâtel Xamax (1-1), Giorgio Contini en rigolait presque. Un rictus nerveux. L'absence de Turkes, c'est un trou béant au coeur du projet lausannois. Il y a les buts, bien sûr. Le Zougois de 24 ans en avait inscrit six depuis le début de saison, ce qui le place en tête du classement des buteurs de Super League (à égalité avec Nsame, Cabral et Kasami).
Mais Turkes incarnait bien plus que cela. Dans la chaîne de construction des actions du LS, les circuits passaient très souvent par lui. La passe vers l'intérieur de Flo, évoquée par Contini, avait quelque chose d'automatique. Mais les défenseurs vaudois ont aussi souvent pu se reposer sur le jeu dos au but de leur pointe, laquelle avait régulièrement le geste juste pour servir ses milieux face au jeu. A Lugano, Lausanne a perdu bien plus qu'un buteur. Comment le compenser, sachant que lui trouver un remplaçant sur le mercato ne semble pas une piste suivie par le directeur sportif Souleymane Cissé ?
Les options internes
«Normalement, c'est à Evann Guessand de faire le job de Turkes. Il est grand, il sait prendre les espaces, garder le ballon aussi. Il peut plus ou moins le remplacer.» Dans l'idée de Giorgio Contini, l'attaquant prêté par Nice est la piste la plus concrète. Problème: Guessand a été touché à la cheville en fin de semaine dernière et devrait être absent une grosse semaine. A voir si le Français de 19 ans pourra être là pour la reprise contre Sion le 23 janvier prochain.
Mais déjà plusieurs fois titulaire à l'automne, avec trois buts inscrits, il est la solution interne évidente. Même si son profil s'est révélé pertinent principalement pour sa complémentarité avec Turkes. Endosser le rôle de référence sur le front de l'attaque est une autre affaire, autant que contribuer au jeu du LS. Cela suppose une progression, ce que son jeune âge légitimerait.
Rafik Zekhnini (deux buts) a lui aussi été parfois aligné aux côtés de Turkes. Mais sa propension à partir de l'aile pour prendre la profondeur n'en fait pas un remplaçant naturel de Turkes. Son temps de jeu devrait toutefois y gagner, surtout si Contini reste dans l'idée d'un système en 4-3-3 qu'il affectionne plus. Il est l'un des rares purs ailiers du contingent lausannois et il sera sans doute souvent utilisé comme tel.
Le compte s'arrête plus ou moins là en ce qui concerne les «9». Simone Rapp ou Anthony Koura sont devenus totalement indésirables. Et si les jeunes de Team Vaud Elias Pasche, Florian Hysenaj ou Josias Lukembila pourraient avoir leur chance, l'écart avec le niveau de la Super League est encore bien trop important.
Un style à faire évoluer?
Dans ce contexte, Giorgio Contini aura des choix à faire. D'hommes, forcément, mais surtout d'approche. Il n'est pas dit que le Lausanne-Sport puisse jouer sans Turkes comme il avait l'habitude de jouer avec lui. «Il nous faudra peut-être trouver un plan B, concède d'ailleurs l'entraîneur de la Tuilière. Peut-être que nous devrons même jouer sans attaquant.» Mi-taquin, mi-sérieux, le technicien ouvre la porte à une certaine évolution du style de son équipe.
Elle ira peut-être de soi. L'absence de Turkes pourrait être créatrice d'autres mouvements, incarnés par les profils utilisés. Si Guessand est disponible, la manière de le soutenir et de lui fournir des ballons pourraient aussi être adaptée, en inversant le triangle du milieu. Au lieu d'une sentinelle devant la défense, Contini pourrait choisir un meneur de jeu en soutien des attaquants.
Cela conviendrait à la manière dont est constitué l'effectif de Lausanne. Les deux joueurs prêtés par Nice, Lucas da Cunha (19 ans) et Pedro Brazão (18 ans), ont la tête de l'emploi. Dotés chacun d'une technique fine et capables de se déplacer librement entre les lignes, le rôle de numéro 10 siérait bien à l'un comme à l'autre. Une piste à prendre en considération.
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