«Il faisait froid. Très froid...» Tel est le premier souvenir de Lucien Favre à l'évocation du jeudi 6 décembre 2001, le soir où le Servette FC a signé à Berlin l'un de ses plus beaux exploits.
Dans un Olympiastadion qui ne devait accueillir que 10'000 spectateurs, les «Grenat» s'imposaient 3-0 devant le Hertha après avoir partagé l'enjeu (0-0) lors du match aller aux Charmilles pour le compte du troisième tour de la Coupe de l’UEFA. La formation de Lucien Favre a donné une véritable leçon de football à une équipe qui restait pourtant sur huit victoires de rang à domicile, la dernière quatre jours plus tôt devant le... Bayern Munich (2-1).
«Le 0-0 du match aller avait été, à mes yeux, un très bon résultat surtout face à une telle équipe, explique Lucien Favre. Tout restait, ainsi, ouvert pour le match de Berlin.» Même si l'entraîneur était animé par un bon «feeling» avant ce match retour, personne n'aurait imaginé le Servette FC capable de témoigner d'une telle maîtrise.
La qualification des «Grenat» s'est très vite dessinée. A la 16e minute, l'éternel Hilton, qui vient de prolonger à 42 ans son contrat à Montpellier, trouvait l'ouverture de la tête sur un coup franc botté par Oscar Londono. Quelques secondes plus tard, le Néerlandais Dick Van Burik était expulsé. Réduits à dix contre onze et menés au score, les Berlinois se retrouvaient au pied d'un Everest qu'ils ne surent gravir. Alex Frei se chargeait de plier l'affaire avec le 2-0 de la 48e minute avant que Goran Obradovic, le maître à jouer, ne signe le 3-0 à la 69e.
Une équipe qui avait du coffre
Outre les buteurs, Lucien Favre avait aligné à Berlin une équipe qui avait vraiment du coffre. Christophe Jaquet, Stefan Wolf, Sébastien Fournier, Johann Lonfat, tous internationaux suisses, et le champion olympique 1996 avec le Nigeria Wilson Oruma, complétaient un effectif dans lequel figurait également le Brésilien Claiton dont, selon Lucien Favre, «on a mis du temps à découvrir qu'il ne voyait que d'un oeil».
Eliminée en huitième de finale par Valence qui venait de disputer les deux dernières finales de la Ligue des Champions, cette «dream team» en grenat n'allait malheureusement pas survivre à une gestion du club bien opaque personnifiée par la toute-puissance du directeur du club de l'époque Patrick Trotignon avec lequel l'entraîneur ne pouvait plus collaborer. Lucien Favre quittait, ainsi, le Servette FC en juin 2002, moins de neuf mois avant l'ouverture du nouveau stade de La Praille. Le timing était bien malheureux.
A l'été 2007, c'est bien au Hertha Berlin que le technicien vaudois a entamé sa carrière en Bundesliga. On peut se demander si le souvenir de la démonstration du Servette FC lors de ce 6 décembre 2001 glacial avait pesé dans le choix des dirigeants berlinois? «Non, je crois plutôt qu'ils ont arrêté leur décision en raison de mon parcours à la tête du FC Zurich, explique Lucien Favre. Ce sont les deux titres de Champion de Suisse de 2006 et de 2007 qui m'ont vraiment ouvert les portes de la Bundesliga.»