Les inconnues sont nombreuses. A l'heure actuelle, personne ne peut dire quand reprendra la Super League. Une chose semble cependant acquise: une préparation physique sera inévitable.
Dans l'équation sur laquelle planchent indubitablement les instances du football, les enjeux économiques et financiers affichent un coefficient important. Mais le sportif a son mot à dire. Et une fois le confinement levé et les entraînements collectifs autorisés, il ne faudra pas occulter une période de battement avant la reprise des compétitions. Histoire de laisser un peu de place pour permettre aux équipes de se remettre dans de bonnes conditions.
«Il est clair qu'on ne pourra pas recommencer tout de suite, considère Ricardo Dionisio. J'estime qu'il faudra en tout cas trois semaines de travail en commun avant de jouer un match de championnat.» Avant d'être entraîneur du FC Sion, le Portugais a longtemps occupé la fonction de préparateur physique. C'est autant le technicien que le spécialiste qui parle. «Et quand je parle de trois semaines, c'est vraiment le minimum pour revenir à bon niveau physique collectif», ajoute-t-il.
«Respecter l'intégrité physique des joueurs»
Cette opinion est partagée par Mathieu Degrange, préparateur physique du Servette FC. «Il est fondamental de respecter l'intégrité physique du joueur, car le risque de blessure est augmenté par la fatigue», avertit celui qui a également travaillé à Sion et à Bâle. «Le jeu à haute intensité propre au très haut niveau suggère une base très solide. Les joueurs doivent donc être prêts à ça.» Pour le Français, s'agissant d'une préparation athlétique, il y a «un standard idéal, qui va de quatre à cinq semaines. Cela permet d'avoir une progression avec le groupe, avant d'entrer dans une phase de compétition ordinaire.»
Il n'empêche, la situation est particulière, et le Servettien estime qu'avoir «trois semaines à disposition serait déjà bien.» La Swiss Football League s'aligne sur cet ordre d'idée: «La préparation est un aspect important qui doit être clairement pris en compte dans la planification, a-t-elle communiqué à Keystone-ATS. Elle est prévue, c'est absolument obligatoire. Nous supposons qu'une reprise nécessiterait au minimum deux à trois semaines de préparation.»
De façon à prendre les devants et à répondre présents dès la reprise, les Servettiens sont déjà bien sollicités. «Dès que les mesures sanitaires ont été prononcées par le Conseil fédéral, nous sommes partis du postulat que la préparation avant la reprise serait courte, explique Mathieu Degrange. Nous avons donc pris les devants et investi sur du matériel pour permettre aux joueurs d'effectuer une phase de préparation individuelle. Ils ont des cardiofréquencemètres et des GPS qui nous permettent de les suivre à distance, selon le programme que nous leur avons concocté.» Ainsi, tout en étant confinés, les Genevois en sont à leur deuxième semaine de préparation.
Avec quel objectif temporel ?
Les joueurs valaisans, eux, transmettent «des rapports réguliers sur leur état de préparation physique, précise Ricardo Dionisio. Chaque semaine ils doivent nous envoyer des photos d'eux, de face et de profil, en plus des photos de la balance avec leur poids.» Avec évidemment des programmes à respecter. Pour garder la forme, mais également se tenir prêts à reprendre. Même si cela soulève certaines interrogations: «Quand est-ce qu'on va recommencer? Quel objectif temporel?, s'interroge le coach sédunois. Il est difficile de dire quand on doit augmenter les charges, quand doit arriver le pic de forme.»
Au Servette FC, on imagine le scenario du «pire». «Nous parions sur le fait que la phase de compétition sera exigeante pour les joueurs, mentionne Mathieu Degrange. Les organismes seront très sollicités.» Les 13 journées restantes pourraient ainsi se tenir sur un intervalle de temps beaucoup moins long, avec plusieurs matchs par semaine. Cela paraît inévitable.
Aussi, plus les mesures sanitaires se prolongent, plus les questions de dates deviennent préoccupantes. S'il s'avère possible de terminer la saison en cours, le basculement vers la prochaine pourrait être rapide, avec une trêve relativement courte. «J'ai tendance à penser que la phase actuellement pourrait être aussi la préparation pour la saison 2020-21, entrevoit le membre du staff servettien. Tout le travail athlétique que nous faisons actuellement et que nous poursuivrons collectivement pourrait devoir servir toute une saison.»
Et puis, le football est un sport complet et dynamique. La préparation ne concernera pas que les capacités physiques. Les automatismes collectifs, du domaine du technico-tactique, devront aussi être retrouvés. Probablement condensée, la période de compétition devrait laisser peu de place à l'approximation. Qu'importe le format qui sera trouvé.