«A 36 ans, tu sais que c’est bientôt la fin. Dans ma tête, cette saison 2019/2020 devait être ma dernière avec l’Euro pour terminer. Mais les choses de la vie n’en ont pas voulu ainsi.» A l’entendre, Stephan Lichtsteiner n’a pas été tenté de repartir pour un tour.
Le risque de faire l’année de trop a sans doute pesé dans la décision d’un homme qui aura dû se battre pour son temps de jeu lors de ses deux dernières saisons à Arsenal et à Augsbourg. «Mais j’ai atteint l'objectif que je m’étais fixé à l’instant de signer à Augsbourg l’été dernier: retrouver ma place en équipe nationale et l’aider à se qualifier pour la phase finale de l’Euro, explique-t-il. Croyez-moi, j’en suis extrêmement fier!»
«J'assume toujours mon erreur contre l'Argentine»
L’équipe de Suisse, dont il fut le capitaine depuis 2014, restera comme l’immense regret d’une carrière que l’on mesurera demain combien elle a été exceptionnelle. «Nous n’avons pas su écrire l’histoire», avoue-t-il. Le Lucernois conservera toujours le douloureux souvenir des huitièmes de finale contre l’Argentine en 2014 et devant la Pologne en 2016 où la Suisse fut si proche de disputer les quarts de finale d’une compétition majeure. «J'assume toujours mon erreur qui a scellé l’issue du match contre l’Argentine, dit-il. Je me suis efforcé de me relever pour m’offrir deux autres chances en 2016 et en 2018. J’espère que l'équipe y parviendra sans moi l’an prochain. Elle a toutes les armes pour y parvenir avec sa jouerie, son caractère et des personnalités fortes comme un Granit Xhaka ou un Yann Sommer.»
S’il est convaincu de remettre la sélection dans de bonnes mains, celles du nouveau capitaine Granit Xhaka, le Lucernois espère qu’il laissera la trace d’un «joueur qui a tout donné pour le football et pour son pays.» Stephan Lichtsteiner restera aussi comme le joueur suisse qui a conquis sept scudetti de rang avec la Juventus. «Ces sept années à la Juventus furent les plus importantes de ma carrière, dit-il. J’aurais tant voulu gagner la Ligue des Champions contre le FC Barcelone en 2015. Cette défaite me fait encore mal aujourd’hui. Mais je sais aussi qu’une telle expérience, aussi douloureuse soit-elle, va me servir pour ma vie d’après.»
«Je vais passer mes diplômes pour entraîner»
Une vie d’après qui se conjuguera toujours avec le football. «Je vais passer mes diplômes pour avoir la possibilité d’entraîner, poursuit-il. Je sais parfaitement que le métier d’entraîneur n’a pas grand-chose à voir avec celui de joueur. Est-ce qu’il éveillera une véritable passion en moi? Est-ce que j’aurais les aptitudes pour l’embrasser? L’avenir le dira. Je veux aussi explorer le monde de la finance pour voir aussi si je ne peux pas trouver ma voie dans ce domaine.»
A Muri au siège de l’Association Suisse de Football (ASF) où Stephan Lichtsteiner a tenu à officialiser ses adieux, Dominique Blanc rappelait que le football suisse perdait en ce 12 août 2020 l’un des plus grands joueurs de son histoire. «Un grand capitaine. Un véritable modèle pour notre football, pour notre pays aussi», souligne avec force le président de l’ASF. Aujourd’hui sélectionneur des M19, Johann Vogel était lui aussi présent pour rendre hommage à l’un de ses successeurs. Le Genevois a dû se souvenir qu’il n'avait pas eu droit à des adieux aussi grandiloquents, lui qui avait été écarté de la sélection par Köbi Kühn en mars 2007 sans le moindre égard...