Si Liverpool n'est pas champion en juin prochain, il «fêtera» trente ans de disette en Premier League. L'envie d'y mettre un terme commencera par la réception de Norwich vendredi pour l'ouverture de la saison.
Être champion d'Europe ne peut pas constituer une déception. L'avènement d'une carrière, d'une vie pour certains. Forcément, le 1er juin dernier, les joueurs de Liverpool étaient au septième ciel à Madrid. La communauté Red aussi.
Mais voilà, le bonheur intense n'est pas absolu. Le vieux rêve n'est toujours pas atteint. Le principal objectif de la saison a encore une fois été raté, et de très peu pour le coup (un petit point de retard sur Manchester City). La Premier League échappe depuis 1990 à Liverpool, et cela semble une éternité.
Trente ans sans titre de champion, pour un club qui en collectionne dix-huit, c'est énorme. Et vraiment aucun supporter ne veut se permettre de l'imaginer. La solution pour se l'éviter tombe sous le sens, mais paraît être un casse-tête impossible à déchiffrer: elle implique de briser l'hégémonie nationale de City, qui détient à l'heure actuelle tous les trophées que l'Angleterre a choisi de décerner aux équipes de l'élite: Premier League, Cup, Coupe de la Ligue et Community Shield. Tous à double, sauf la Cup.
Un contingent stable, comme City
L'équation n'a même plus de sens pour Liverpool, après un championnat presque parfait l'an dernier. L'équipe de Jürgen Klopp ne s'était inclinée qu'une seule fois, avait battu son record de points (97, soit 2,55 points par match), produisait un jeu toujours agréable, basé sur une intensité asphyxiante, des courses à répétition et une défense hyper solide pour soutenir les exploits de son trio d'attaquants Salah-Mané-Firmino.
Et cette année? Les Reds veulent croire que l'échec n'a qu'une occurrence, pas deux. Si bien que rien n'a changé à Liverpool pendant l'été. L'équipe est la même, et Xherdan Shaqiri conserve un rôle de doublure. Les seules rotations seront internes: Naby Keita va-t-il se faire à la Premier League? Alex Oxlade-Chamberlain peut-il retrouver son niveau d'avant sa blessure il y a un an et demi? Joe Gomez est-il le pendant à long terme de Virgil van Dijk? Et Klopp envisage-t-il de faire évoluer sa méthode?
Au fond, la saison de Premier League qui arrive fait croire à un bis repetita. Car à Manchester City non plus, l'ossature n'a pas beaucoup bougé. Tout juste Rodri est-il arrivé de l'Atletico Madrid pour suppléer un Fernandinho vieillissant. Venu de la Juventus en échange de Danilo, João Cancelo sera l'autre nouveauté des Citizens au poste de latéral. Mais comme pour Klopp, Pep Guardiola n'a pas à réinventer la roue s'il veut viser un troisième titre consécutif. City sera bien le principal favori de la lutte à deux qui s'annonce.
Des challengers en question
Car, derrière ces deux-là, ce n'est pas le vide, mais le trou est tout de même abyssal. Finaliste malheureux de la Ligue des Champions contre Liverpool, Tottenham a déjà démontré qu'il était une sacrée équipe de coups. Avec Tanguy Ndombelé (arrivé de Lyon), les Spurs se sont décidés à développer une équipe qui était restée stable depuis deux ans. Preuve d'une ambition augmentée, mais pas garantie de régularité.
Et puis c'est la foire aux inconnues, régulières ces dernières années en ce qui concerne ces clubs. Comment un Chelsea interdit de recrutement, qui a perdu Eden Hazard et qui a désormais l'ex-gloire Frank Lampard sur son banc, peut-il se comporter? Ole-Gunnar Solskjaer est-il vraiment l'entraîneur qu'il faut à un Manchester United qui s'est refait une défense avec Harry Maguire et Aaron Wan-Bissaka? Où en est véritablement Arsenal, qui manque depuis deux ans la Ligue des Champions, mais qui a cassé sa tirelire pour aller chercher Nicolas Pépé à Lille? Des interrogations qui semblent promettre une lutte intense pour les places d'honneur. Sans plus.
Mais il y aura d'autres attractions pour les suiveurs helvétiques: le quota de joueurs suisses a augmenté cet été. Avec trois arrivées notables: Albian Ajeti à West Ham et Josip Drmic chez le néo-promu Norwich, où évoluait déjà Timm Klose. Comme Shaqiri, les deux premiers devront se battre pour se faire une place. Au contraire de Granit Xhaka et Fabian Schär, bien établis à Arsenal et Newcastle. Un statut à conserver.