Après six ans d'attente, Servette et Sion croiseront à nouveau le fer samedi au Stade de Genève (19h00/en direct sur Teleclub). Ancien joueur des deux clubs, Johann Lonfat s'attend à une réaction des Valaisans. Interview.
Johann Lonfat, il n'y a plus eu de derby du Rhône depuis le 22 mai 2013 (Servette-Sion 4-0). Une certaine excitation se fait donc ressentir à l'approche de ce match. Concrètement, que représente cette rencontre pour les Valaisans et les Genevois?
"Sans faire offense aux Lausannois ou aux Neuchâtelois, il s'agit du vrai derby romand. Il y a une grosse - mais saine - rivalité entre ces deux clubs. C'est pourquoi il s'agit d'un match important et particulier pour les joueurs. La suprématie romande est en jeu. Historiquement, il y a aussi toujours eu beaucoup de Valaisans à Servette. Finalement, je dirais également qu'il y a cet antagonisme entre un canton rural et un autre citadin."
Vous avez évolué tant à Sion qu'à Servette. Aborde-t-on de la même manière ce derby avec le maillot valaisan ou le tricot grenat sur les épaules?
"En tant que Valaisan de naissance, Servette était l'équipe à battre. Il ne fallait pas louper ce match. Ce dernier était préparé comme tous les autres, mais la tension était bien plus grande. Lorsque je suis passé dans l'autre camp, j'étais bien sûr content de revenir jouer à Sion, mais je voulais surtout prouver que mon choix de rejoindre Genève était le bon à l'époque. Mais, plus globalement, je dirais que la pression est davantage sur le favori du moment. Cela dépend donc des formes affichées par les deux équipes."
Bien que néo-promu, Servette part-il donc avec les faveurs des pronostics après son bon match nul (1-1) réalisé dimanche à Berne contre les Young Boys?
"La vérité de la première journée n'est pas forcément celle du lendemain. Il est clair que la confiance est du côté servettien. Mais la pression pourrait également être davantage présente du côté des Genevois, lesquels disputeront leur premier match à domicile depuis leur retour dans l'élite. Je m'attends toutefois à une révolte du côté de Sion après leur premier match perdu vendredi dernier face à Bâle (1-4). Les Valaisans cherchent encore la bonne formule, que soit défensivement ou offensivement."
Selon vous, quelle sera donc la clé du match samedi du côté du Stade de Genève?
"Elle résidera au niveau des défenses et des gardiens. L'équipe qui espère l'emporter devra se montrer très solide derrière. J'ai d'ailleurs quelques craintes quant à l'inexpérience de l'arrière-garde genevoise, même si celle de Sion ne présente pas toutes les garanties non plus. L'autre inconnue se situe au niveau des portiers. Il est d'ailleurs difficile de savoir qui défendra la cage valaisanne... De son côté, Servette n'a pas ce problème et possède en Jérémy Frick un bon dernier rempart. Mais saura-t-il gérer la pression?"
Le vécu, c'est peut-être le point fort du FC Sion. Quelles sont ses autres forces?
"Les joueurs sédunois possèdent effectivement plus d'expérience que les Servettiens. Tous les joueurs connaissent déjà cette ligue. C'est d'ailleurs du côté valaisan que se trouvent les meilleures individualités, mais pas forcément le meilleur collectif. Certains éléments doivent montrer une réaction. C'est d'ailleurs souvent dans ce genre de matches que les joueurs à fort caractère, à fort égo se révèlent."
Pour contrer le réveil sédunois, le Servette FC peut miser sur quels aspects?
"La force du SFC est évidemment son groupe et son état d'esprit. Les Genevois possèdent donc cette force collective, mais également un secteur offensif de qualité. Ils ont aussi un jeu bien en place et surfent sur les résultats de la saison dernière. Après 10-15 premières minutes compliquées à Berne, les hommes d'Alain Geiger se sont d'ailleurs vite mis au niveau de la Super League et se sont montrés à la hauteur de l'évènement. Nous verrons toutefois sur la longueur si cela est suffisant. Mais il est certain que quelque chose se passe à Servette. Le public s'identifie à nouveau en son club et en son président. La campagne d'abonnements a semble-t-il bien fonctionné."
Avec les forces en présence que vous nous avez détaillées, à quel type de match vous attendez-vous?
"Je pense que ce sera un match très serré au niveau du score, mais ouvert dans le jeu. Ce derby peut nous reserver des surprises. Il y a vraiment tous les éléments réunis pour avoir une belle rencontre. J'espère d'ailleurs que le public répondra présent et que 14'000 à 15'000 spectateurs seront au Stade de Genève samedi."
Pour assister à une victoire genevoise ou valaisanne?
"Valaisanne. Sion va s'imposer 2-1!"