Football Messi et l'Argentine jouent à se faire peur

ATS

4.10.2017 - 12:54

Buenos Aires

Une Coupe du monde sans maillot rayé blanc et bleu ciel? C'est ce scénario catastrophe que Messi et l'Argentine, qui jouent à se faire peur dans la course au Mondial 2018, vont tenter d'éviter jeudi face au Pérou.

Dans la zone Amérique du Sud, l'Albiceleste est au bord du précipice: le Brésil de Neymar déjà qualifié, il reste trois places directes pour la Russie et une via un barrage intercontinental.

L'Argentine, finaliste en 2014, n'a pas manqué un Mondial depuis 47 ans et l'édition 1970 remportée par le grand rival brésilien. Or, Messi et compagnie ne sont que 5es à deux journées de la fin.

Certes, cette cinquième place n'est pas éliminatoire, elle donne accès à une toute dernière chance: un match de barrage contre la Nouvelle-Zélande, représentante de la zone Océanie. Mais est-ce bien la place des Argentins?

Plus question de tergiverser. Jeudi à 20h30 locales, dans le chaudron de la Bombonera, c'est tout un pays refusant d'être privé de Coupe du monde qui poussera son équipe face au Pérou, 4e.

Tous deux comptent 24 points mais les Incas ont une meilleure différence de buts. Ironie de l'histoire, ce fut dans cette même Bombonera que l'Albiceleste fut privée du Mondial 1970 au Mexique, et face au même adversaire, le Pérou (2-2)...

Cette fois, "la pression peut jouer en leur défaveur si les choses ne se passent pas bien dès le début" du match, prévient le milieu péruvien Wilder Cartagena.

Le manque de buts, c'est justement ce qui cloche avec l'Argentine, malgré sa pléiade d'attaquants, qui ne brillent que dans leurs championnats européens. Les statistiques parlent d'elles-mêmes: après la Bolivie déjà éliminée, l'Albiceleste est l'équipe de la région qui a le moins marqué (16 buts) durant ces qualifications.

Au pays de la psychanalyse, ce paradoxe fait s'arracher les cheveux aux Argentins, dingues de football. Sans parler du dernier nul (1-1) face au fragile Venezuela, qui les a laissés sans voix.

"Horrible à voir"

"C'était horrible à voir", a lâché l'ancien sélectionneur César Luis Menotti. "Quelque chose au fond de nous ne tourne pas rond", a ajouté celui qui dirigea l'équipe lors du Mondial 1978 victorieux en Argentine.

A domicile et sous la bronca des "barras bravas" argentines (hooligans), Lionel Messi, meilleur buteur en Espagne avec le Barça, et les siens auront fort à faire pour trouver le déclic et redonner une âme à cette équipe.

Signe de l'attente à Buenos Aires, les places se sont arrachées en 20 minutes il y a quelques jours, laissant plus de 120'000 personnes sur leur faim, selon la presse sportive locale.

Le sélectionneur Jorge Sampaoli, arrivé en juin à la tête de l'équipe, a de nouveau laissé à l'écart l'attaquant Gonzalo Higuain, et préféré convoquer Alejandro "Papu" Gomez et German Pezzella.

L'attaquant de Manchester City Sergio Agüero, blessé jeudi dans un accident de voiture aux Pays-Bas, manquera également à l'équipe. Mauro Icardi devrait accompagner Messi en attaque, tandis que Gomez ou Eduardo Salvio pourraient prendre la place de Paulo Dybala, actuel meilleur buteur en Italie, mais qui assure ne pas être Messi-compatible.

"C'est dur de jouer avec Messi car on joue au même poste", a-t-il déclaré pour expliquer son mauvais rendement.

Une victoire ferait pousser un grand ouf de soulagement au sélectionneur sous pression. "Nous devons rassurer les joueurs et suivre à fond le chemin de l'attaque", se rassure Sampaoli.

Mais en cas de nouvelle défaite, le fantôme de l'élimination se rapprocherait dangereusement. Lors de la toute dernière journée, le 10 octobre, Messi et les siens se déplacent sur les hauteurs de Quito pour affronter l'Equateur.

En face, le défenseur péruvien Miguel Araujo affirme ne craindre ni Messi, ni l'antre de La Bombonera. "On est une équipe solidaire. Si Messi est inspiré, on a onze joueurs pour l'arrêter. On doit lui souffler dans la nuque."

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