Coronavirus "On a un rôle de nounou" - Les "footeux" dépriment

ATS

25.4.2020

Privés de l'adrénaline des matches, ou anxieux face à la pandémie de COVID-19 et la suite de leur carrière, des footballeurs montrent des signes d'ennui ou de déprime. Au bout de la ligne, leurs agents, mobilisés sur tous les plans, tentent de les rassurer.

Les "footeux" (ici Neymar) dépriment à cause de l'arrêt des compétitions
Les "footeux" (ici Neymar) dépriment à cause de l'arrêt des compétitions
Keystone

«On a un rôle de nounou, papa, grand frère. Je dois vendre de la patience et rien d'autre», décrit l'agent Fréderic Guerra, qui gère les intérêts, entre autres, de Maxime Gonalons (Grenade), de Florent Balmont (Dijon) et de Junior Sambia (Montpellier), touché par le COVID-19.

La mise sous cloche du football européen début mars, et le confinement qui a suivi dans plusieurs pays, a éloigné les joueurs des terrains, pour les placer face à l'incertitude. Pis, selon le syndicat mondial (Fifpro), plus de 10% d'entre eux présentent les symptômes d'un état dépressif.

«J'ai les joueurs plus souvent que d'habitude. Je passe beaucoup de temps au téléphone», constate l'intermédiaire basé dans la région lyonnaise. «On sent que le football leur manque, cette adrénaline, cette communion avec le public... Ils vivent de leur passion, alors au bout d'une ou deux semaines, ça allait, mais là, ça devient long», abonde un agent de joueur marseillais.

Crise inédite

La crise provoquée par la pandémie a chamboulé le cours de la saison dans des proportions inédites, et nul ne sait encore quand celle-ci redémarrera. A ces inconnues s'ajoutent des interrogations économiques, en pleine spéculation sur un éclatement de la bulle foot qui pourrait peser sur les salaires et le mercato.

Les joueurs «ont bien conscience de la problématique globale de la pandémie, qu'il est impossible que le football passe à travers», explique Stéphane Canard, président de la société de conseil CLK Foot et président de l'Union des agents sportifs français (UASF).

Avec ses collaborateurs Nicolas Dieuze et Stéphane Trévisan, tous deux anciens footballeurs professionnels, il explique avoir «des contacts répétés et poussés» avec les joueurs, «au moins une fois par semaine». Pour les représentants, il s'agit à la fois de jouer un rôle de conseiller financier et de psychologue.

«C'est une période que nous n'avons jamais vécue auparavant, constate Rodri Baster, qui travaille notamment avec Iago Aspas (Celta) et André Onana (Ajax). Mais je crois que les saisons qui ont suivi la crise de 2008 étaient pires. Les clubs sont plus solides aujourd'hui, grâce aux droits TV.»

«Inquiétude normale»

Des équipes «plus solides» financièrement... C'est un exemple de propos rassurant que peut tenir un agent quand un client s'allonge sur son divan virtuel.

«Je ne sens pas les joueurs spécialement préoccupés, ils veulent rejouer à nouveau. Ils ont quelques inquiétudes sur la situation actuelle, les contrats, mais en général, je vois qu'ils vont bien», poursuit l'agent espagnol. «L'inquiétude existe, mais c'est une inquiétude normale», estime Canard.

Mais «ce n'est pas la peine de les faire rêver. Il y a des effets déplaisants comme les discussions sur les réductions salariales», tempère Guerra.

La baisse des rémunérations figure en effet sur la table des négociations, soutenue par les clubs qui souhaitent préserver leur trésorerie face à la crise sanitaire. S'est posée aussi la question du chômage partiel.

«Mon agent a appelé le club pour savoir de quoi il en retournait au niveau des dispositions du chômage partiel. On s'appelle de temps en temps car on est assez proche», explique le gardien de Caen (L2) Rémy Riou.

Un autre sujet sensible concerne les prolongations de contrat: environ 150 joueurs de L1 seront théoriquement libres au 30 juin 2020, alors que le Championnat pourrait se poursuivre au-delà. Beaucoup de questions, et encore peu de réponses.

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