Le grand retour attendra. Xherdan Shaqiri devait être l'attraction du match amical Suisse – Croatie de mercredi (20h45) à Saint-Gall, mais testé positif au coronavirus, le voilà mis à l'isolement.
Tout avait été pourtant bien prévu. Xherdan Shaqiri était désigné pour se présenter aux médias mardi matin lors de la traditionnelle conférence de presse de veille de match. Histoire d'honorer son retour sous le maillot suisse, seize mois après sa dernière apparition internationale lors du Final Four de la Ligue des Nations au Portugal.
Un peu plus tôt dans la journée, l'Association suisse de football (ASF) avait même diffusé une interview du joueur de Liverpool. Celui-ci y expliquait son choix de rester à Anfield: «Les médias ont beaucoup écrit. J'ai un contrat longue durée avec Liverpool», disait Shaqiri, lequel n'entre pourtant plus du tout dans les plans de Jürgen Klopp (75 minutes en Coupe de la Ligue contre Lincoln City cette saison). «Je me sens vraiment bien. Nous avons une très bonne équipe et à l'avenir je veux m'y implanter et l'aider lorsque je recevrai du temps de jeu.»
Des sujets à aborder avec le meneur de jeu, il y en avait donc à la pelle. Son état de forme, sa situation en club, ses trop nombreuses blessures et puis cette équipe de Suisse qui avance depuis plus d'un an sans lui. Entre autres.
Il n'y avait qu'un seul obstacle: le test au Covid-19, effectué lundi et réglementaire lors de chaque début de rassemblement. Tous les joueurs et membres de l'encadrement ont été diagnostiqués négatifs. Sauf lui. Tout a été remis à zéro en quelques lignes d'un communiqué de l'ASF.
Le match devrait avoir lieu
Comme le veut la procédure, le Bâlois, asymptomatique, a été immédiatement placé à l'isolement. Sauf que Shaqiri a eu le temps de participer à une séance d'entraînement lundi en fin de journée. A-t-il pu transmettre le virus à ses coéquipiers et aux membres de l'encadrement de la sélection? Et cela peut-il menacer la tenue du match de mercredi soir?
«Le protocole de retour au jeu de l'UEFA a été strictement respecté», a précisé Martin Maleck, le médecin de l'équipe de Suisse. «Tous les autres tests ont été négatifs, donc l'équipe peut s'entraîner normalement et, en l'état, le match de mercredi peut avoir lieu.»
Cela peut changer. D'un point de vue médical d'abord, «si des membres de l'équipe ou du staff devaient contracter des symptômes cliniques», a précisé Martin Maleck. D'un point de vue politique aussi, la cellule du médecin cantonal saint-gallois ayant dû notamment s'activer pour tracer les éventuels contacts qu'a pu avoir Shaqiri. Du côté de la fédération, l'inquiétude était très relative mardi et, à moins d'un tardif retournement de situation, la sélection de Vladimir Petkovic affrontera le finaliste de la dernière Coupe du monde.
Amical oui, mais «le gagner»
Parce que le football est aussi un thème. L'absence de Shaqiri ne bouleverse pas vraiment les automatismes que l'équipe de Suisse développe depuis un an et qu'elle s'est permis de renforcer en septembre dernier en Ukraine (défaite 2-1) et contre l'Allemagne (1-1 à Bâle). Elle a pris l'habitude de s'organiser autrement qu'avec son leader technique.
Et puis, cette rencontre face à la Croatie, contrairement aux deux prochains déplacements de Ligue des nations en Espagne (samedi) et en Allemagne (mardi), n'est qu'amicale. «Il faut relativiser, a noté le sélectionneur. C'est un match important, mais je dois aussi faire en sorte de planifier.»
Avec six changements à la clé, des joueurs aux états de forme variables et deux autres rendez-vous en moins d'une semaine, Petkovic va devoir jongler. «Certains joueurs auront leur chance», souligne le Mister. L'occasion peut-être d'offrir leur première sélection à Jonas Omlin, Becir Omeragic, Simon Sohm ou Jordan Lotomba. Sans négliger toutefois un adversaire réputé: «Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas d'ambitions pour ce match, a rappelé Petkovic. Nous voulons le gagner.»
Il y a également des intentions à confirmer, une approche à perfectionner. Ces matches du mois d'octobre doivent s'inscrire dans le prolongement de ceux de septembre, lesquels avaient été convaincants, même sans résultat particulièrement probant. Bien sûr, Xherdan Shaqiri pourrait être le facteur X, celui qui permet de faire d'un bon match une victoire et il n'aurait pas été de trop ces jours-ci. Reste que, pour l'instant, c'est sans lui que la Suisse se construit.