La Bundesliga, qui s'apprête à reprendre mi-mai à huis clos après deux mois d'arrêt, va essuyer les plâtres de la reprise du football en Europe.
Le monde pourrait s'inspirer de son protocole médical draconien, à condition que tout fonctionne comme prévu.
Christian Seifert, le président de la Ligue allemande (DFL), a souligné jeudi le caractère d'exemplarité de cette tentative de retour à la normale: «Nous pouvons partager ce protocole avec tout le monde, nous allons le faire, c'est aussi dans notre intérêt, a-t-il dit. La NFL, la NHL, la NBA, d'autres organisations, d'autres sports et fédérations nous ont déjà contactés et sont intéressés par ce que nous faisons.»
Aleksander Ceferin, le patron de l'UEFA, s'est pour sa part montré enthousiaste: «C'est une formidable nouvelle que les autorités allemandes aient autorisé le retour de la Bundesliga, a-t-il lancé. Je crois que l'Allemagne va nous donner à tous un exemple éclairant de comment faire revenir dans nos vies le football, avec toute sa passion, son émotion et son imprévisibilité.»
Derby de la Ruhr
Les autres grands championnats qui ne sont pas encore définitivement arrêtés, l'Espagne, l'Italie et l'Angleterre, observeront évidemment de très près l'expérience allemande, qui débutera le samedi 16 mai à 15h30 précises, dans cinq stades en même temps. La grosse affiche de cette 26e journée opposera le deuxième du classement, Dortmund, à son voisin Schalke, dans le toujours très passionnel «derby de la Ruhr». Le Bayern Munich, leader avec quatre points d'avance, se déplacera le lendemain à Berlin sur la pelouse de l'Union.
Ces deux matches sont emblématiques de la nouvelle situation: les publics de Dortmund et de l'Union Berlin sont notoirement les plus bruyants et enthousiastes d'Allemagne, et ces chocs à huis clos risquent d'avoir un goût très amer pour les équipes qui reçoivent. «Jouer devant des tribunes vides sera un défi énorme, surtout pour une équipe comme Dortmund qui tire beaucoup d'énergie de la passion de ses supporters», a admis le patron du club Hans-Joachim Watzke.
Si tout va bien, les neuf journées restantes seront disputées en sept semaines, tous les week-ends et avec deux journées en semaine (les 26/27 mai et 12/13 juin). La DFL tenait à boucler son calendrier avant le 30 juin, date à laquelle une centaine de contrats de joueurs expirent en première division, et plus encore en deuxième. L'Allemagne pourra ainsi s'épargner les complications juridiques inévitables, entre clubs et joueurs en fin de contrat, si la saison s'était poursuivie en juillet.
Seul le barrage de montée/descente entre la D1 et la D2, traditionnellement disputé par aller-retour, débordera sur juillet. La Fédération, pour sa part, n'a pas encore communiqué sur une éventuelle reprise de la Coupe d'Allemagne, dont il reste à disputer les demi-finales et la finale.
Les arbitres pas testés
Le protocole sanitaire de la DFL repose sur deux piliers: des tests systématiques afin d'isoler toute personne, joueur ou staff, positive au coronavirus. Et des mesures de protection draconiennes, dictant la conduite à tenir à l'entraînement, en déplacement, dans les hébergements, avant, pendant et après les matches. La réussite dépendra en grande partie de la discipline de chacun, et joueurs et dirigeants ont déjà lancé des appels à la «responsabilité».
Jeudi, le magazine Kicker a révélé que les arbitres n'avaient pas encore subi les tests de coronavirus. La reprise est évidemment conditionnée au fait d'avoir suffisamment d'arbitres pour encadrer les 9 matches de chaque journée, et assurer l'assistance vidéo.
Une autre inquiétude concerne l'attitude des supporters. Les mesures de confinement étant désormais très assouplies en Allemagne, certains pourraient vouloir se regrouper autour des stades pour encourager leurs joueurs à distance, comme l'avaient fait les fans de Mönchengladbach lors du seul match à huis clos disputé en mars, contre Cologne.
Le pouvoir politique a aussi insisté pour que des matches soient diffusés gratuitement, afin de limiter les rassemblements – et les contaminations – autour des écrans possédant un abonnement aux chaînes payantes. Sky, le principal diffuseur, a fait un geste en offrant de diffuser sur un canal gratuit les multiplex des deux premiers samedis (16 et 23 mai).