Ballon d'or aux fers, Ronaldinho, en détention depuis deux semaines au Paraguay dans le cadre d'une enquête pour usage de faux passeport, a vécu un bien triste 40e anniversaire.
Il a passé ce cap des quarante ans samedi dans la solitude de sa cellule de fortune, soumis à une quarantaine stricte, pour cause de Covid-19.
Un samedi bien difficile pour ce fêtard, privé de visite. Même si «Ronnie» a eu droit la veille au dîner à du poisson grillé. Une espèce typique des rivières du Paraguay, a spécifié à l'AFP une source dans les baraquements de police d'Asuncion où est retenue l'ancienne star du Barça et du PSG.
Reclus au moins jusqu'à la mi-journée dans sa cellule improvisée, le bureau d'une caserne de police, selon la même source, le Brésilien n'a sans doute pas pu lire le message d'anniversaire de Ronaldo, champion du monde avec lui et la Seleção en 2002.
«Tous mes voeux Xará (homonyme en portugais, ndlr)! Je te souhaite de surmonter cette étape difficile de la vie avec la même joie que tu affiches toujours! # Ronaldinho40», tente de le réconforter le «Fenomeno» sur Instagram.
Pour adoucir la captivité de l'ex-ailier gauche, jadis insaisissable, un syndicat de joueurs paraguayens lui a fourni un lit et un climatiseur.
Et pour occuper ses journées, trop monotones derrière les barreaux, l'artiste balle au pied a remis il y a quelques jours un trophée à l'équipe de détenus qui a remporté un tournoi de futsal. Un moment capturé par des photographies qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux.
«Certains médias ont menti en disant que Ronaldinho jouait aussi», tient à corriger auprès de l'AFP Rogelio Delgado, président du syndicat de joueurs paraguayens.
Pour cet ancien international, sa détention est incompréhensible: «Il aurait pu calmement suivre la procédure depuis l'extérieur de la prison, estime-t-il. Je le crois quand il dit qu'il est venu pour un événement caritatif et qu'on lui a donné les documents d'identité paraguayens avec lesquels il est entré dans le pays (mercredi 4 mars, ndlr).»
Une femme d'affaires introuvable
Selon lui, la clé de l'histoire est la femme d'affaires qui a invité Ronaldinho au Paraguay: Dalia Lopez, qui dispose de la fondation «Fraternité angélique», agissant en faveur d'enfants démunis, et de connexions politiques locales.
En comptant Ronaldinho, 16 personnes, dont des entrepreneurs, policiers et fonctionnaires, ont été appréhendés dans cette mystérieuse affaire de faux papiers. Mais Dalia Lopez reste, elle, dans la nature malgré un mandat d'arrêt international lancé vendredi contre elle par la justice paraguayenne.
Leurs trois demandes de libération rejetées, le Ballon d'Or 2005 et son frère et ex-Sédunois Roberto, accusés d'avoir utilisé des documents d'identité paraguayens falsifiés, sont eux maintenus en détention, la justice locale craignant un «risque de fuite».
L'enquête cherche à «connaître les véritables raisons de leur présence» au Paraguay, selon le juge Gustavo Amarilla en charge du dossier. «Il pourrait y avoir d'autres choses, comme une association de malfaiteurs ou du blanchiment d'argent», dessine-t-il.
Le coronavirus accentue la solitude
Une situation verrouillée qui a fini par entamer le légendaire sourire ingénu de «Ronnie»: «Il nous a semblé un peu triste, comme absent. De toute évidence, il est de plus en plus affecté par ce qui lui arrive», décrit Rogelio Delgado dans des déclarations à l'AFP.
En perquisitionnant une résidence de Dalia Lopez, la police a saisi des milliers de ballons imprimés de la photo de Ronaldinho et prêts à être distribués aux enfants des quartiers déshérités d'Asuncion.
Outre sa participation à cette oeuvre caritative, Ronaldinho devait promouvoir un livre et inaugurer le casino d'un homme d'affaires brésilien au Paraguay.
Plus seul que jamais depuis que des mesures sanitaires ont suspendu les visites en prison pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus, Ronaldinho ne croise qu'environ 25 «prisonniers spéciaux» dans son détachement et les policiers de la caserne.
«Nous avons fait savoir à ses avocats que nous mettons nos propriétés à leur disposition s'ils ont besoin de plus de garanties pour sa libération», précise Rogelio Delgado, qui «n'arrive pas à comprendre pourquoi il doit être emprisonné si longtemps».