Il est tentant d’affirmer que la dernière rencontre de Ligue des champions que va disputer Young Boys mercredi à 21h00 contre la Juventus compte pour beurre. Tentant mais totalement faux.
Il n’est pas donné à tous les clubs ni à tous les joueurs la possibilité de faire chuter ce géant du football et un résultat positif, même s’il ne changera rien au classement de Bernois condamnés à la dernière place du groupe, s'apparentera à un réel exploit. Tant la Juve est supérieure et tant l’enjeu est, pour les Turinois, important.
Parce qu’il ne faut pas se leurrer : la venue de la Vieille Dame en Suisse n’a rien d’une sortie avec le club des aînés piémontais. Avec deux points d’avance sur Manchester United – qui se rendra à Valence –, l'équipe de Massimiliano Allegri peut encore perdre sa première place. Et l’on sait très bien, nonobstant le cas Real Madrid la saison passée, qu’il est rare et difficile de remporter la Ligue des champions en sortant deuxième de sa poule.
Face à une Juventus certaiment motivée et concernée, YB risque bien de ne pas faire le poids. Comme cela avait été le cas à Turin lors de la 2e journée (3-0). Mais un nul ou – doux rêve – une victoire n’en aurait alors que plus de valeur.
Histoire de gros sous
Et pas uniquement sportive, également financière. Pour rappel, chaque succès est rémunéré à hauteur de 2,7 millions d’euros par l’UEFA (900'000 euros pour un nul). Une manne à laquelle aucun club, surtout pas suisse, ne peut tourner le dos. Autre rappel utile : l’argent « non dépensé », à savoir 900'000 euros pour chaque match nul à chacune des journées et dans chacun des groupes sera redistribué à tous les participants au prorata de leur nombre de victoires total. Or, des victoires, les Young Boys n’en ont pas encore obtenu durant cette campagne.
L’intérêt est aussi national, avec ce football suisse qui glisse inexorablement dans le classement UEFA et dont la douzième place est plus qu’en péril et qui pourrait bien devenir une quinzième place dès l’année prochaine. La SFL a besoin de points car elle s’apprête à perdre, dans ce ranking établi sur les résultats des cinq dernières saisons, l’exercice qui avait vu le FC Bâle disputer la Ligue des champions puis aller jusqu’en quarts de finale de l’Europa League.
Sulejmani sur le flanc
Les ambitions personnelles sont également une source de motivation qui doit pousser les Young Boys à tout donner mercredi au Stade de Suisse. Un grand match contre l’immense Juve ne peut pas passer inaperçu sur cette piste aux étoiles-là. Déjà sur les radars de plusieurs clubs européens, les Kevin Mbabu et autre Roger Assalé auraient ainsi tout intérêt à s’illustrer pour cette dernière sortie européenne de la saison afin de faire encore monter les enchères. En revanche, Miralem Sulejmani ne pourra pas donner un aperçu de son talent devant les Piémontais. Victime d'une fracture du pied gauche samedi lors du derby victorieux contre Thoune (3-2), le Serbe devra observer dix semaines de repos. Avec ses 7 buts et ses 11 assists en championnat, il fut ces derniers mois le joueur le plus tranchant de Gerardo Seoane.
Alors non, ce match ne compte pas pour rien. Ne serait-ce que parce que la venue en Suisse d’un monstre de ce jeu doit aussi être synonyme de fête.