Le septième Ballon d'Or de Lionel Messi n'est pas célébré universellement: en Allemagne, qui croyait dur comme fer à une victoire de Robert Lewandowski, la déception est immense, mais ailleurs aussi.
«Choix scandaleux!», titre mardi le quotidien allemand Bild, jamais à court d'une outrance: «Depuis des années, la star du Bayern est performante, accumule les buts et les titres (...) mais ça ne suffit visiblement pas».
Bien que Polonais, Lewandowski a été définitivement adopté par l'Allemagne, où il joue depuis 2010 et son arrivée à Dortmund, à l'âge de 21 ans. Désigné meilleur joueur FIFA en 2020, après avoir été meilleur buteur de la Ligue des champions, il n'avait pas gagné le Ballon d'Or cette année-là, le concours ayant été annulé pour cause de pandémie.
Mais la saison dernière, il a inscrit 41 buts en Bundesliga, battant le record mythique de Gerd Müller (40 buts en 1971-72). Cet exploit, qui a enflammé l'Allemagne, n'a toutefois pas eu le même écho à l'étranger, où la Copa America de Messi avec l'Argentine a évidemment beaucoup plus marqué les esprits.
«Messi est transparent»
Dans la soirée de lundi, d'anciennes ou d'actuelles gloires du football ont réagi à chaud, sur les réseaux sociaux ou les plateaux de télévision: «Honnêtement, je n'y comprends plus rien», a lâché Lothar Matthäus, Ballon d'Or 1990: «Avec tout le respect que je dois à Messi et aux autres grands joueurs nommés, aucun ne l'avait autant mérité que Lewandowski. Certes, Messi a gagné la Copa America avec l'Argentine, mais à Paris il est transparent».
Même sans soutenir Lewandowski, d'autres ont tiqué devant leur télévision: «Il m'est à chaque fois plus difficile de croire en ces récompenses dans le football», dit ainsi Iker Casillas, le légendaire gardien espagnol désormais retraité.
Scepticisme
«Pour moi, Messi est l'un des cinq meilleurs joueurs de toute l'histoire, mais il faudrait commencer à savoir distinguer ceux qui ont été les meilleurs à l'issue d'une saison. Ce n'est pourtant pas difficile, punaise!», conclut le portier.
Même scepticisme pour Toni Kroos, du Real Madrid, qui soutenait son partenaire de club Karim Benzema, finalement quatrième: «Pourquoi Benzema n'a-t-il pas gagné le Ballon d'Or ? Dans une élection, ce qui importe, c'est surtout la première place. Et Leo (Messi) ne la mérite pas. Il n'y a pas de doute qu'avec Cristiano (Ronaldo), il a été le joueur de la dernière décennie, mais cette année, d'autres auraient dû passer devant lui».
«Mauvaise blague»
La presse spécialisée émet désormais des doutes sur la philosophie du prestigieux concours de son confrère France Football: «Ce prix est devenu une farce», s'exclamait lundi la Gazzetta dello Sport, en Italie, avant même de connaître le verdict: «Le moment est venu de réévaluer la valeur de cette reconnaissance qui semble devenir toujours plus un prix récompensant la carrière plutôt que la saison en cours. Et elle ne tient pas compte de la fantastique année 2020 du Polonais Lewandowski. Quelle mauvaise blague pour Robert, la deuxième place n'est qu'une inutile compensation.»