Et si dix-sept mois après avoir été la cible du courroux du public de Saint-Jacques lors du barrage retour contre l'Irlande du Nord Haris Seferovic était aujourd'hui l'homme le plus heureux au monde ? L'intéressé n'est pas loin de le croire.
«Tout roule parfaitement pour moi», affirme ainsi le roi des buteurs du Championnat du Portugal. Jeune marié et bientôt père – le premier enfant du couple est attendu pour le début septembre -, Haris Seferovic revient de loin. Sifflé dans son pays et à la cave à Lisbonne avec un entraîneur – Rui Vitoria – qui l'ignorait complètement, le Lucernois aurait pu lâcher prise. «Mais je me suis toujours battu. Je me suis réfugié dans le travail, explique-t-il. Et je suis aussi quelqu'un de très orgueilleux...»
Bien sûr, son triplé contre la Belgique le 18 novembre dernier à Lucerne dans la rencontre qui a qualifié la Suisse pour le Final Four de la Ligue des Nations a marqué un tournant dans sa saison. «Mais ce qui a provoqué la bascule fut l'intronisation de Bruno Lage à la tête de Benfica le 3 janvier, souligne Haris Seferovic. Je jouais enfin sous les ordres d'un entraîneur qui ne me marchande pas sa confiance. Il a opté pour un 4-4-2 avec Joao Felix à mes côtés.»
«Au bon endroit au bon moment»
La magnifique complicité entre le Lucernois et le prodige de 19 ans fut l'une des raisons de la conquête au début du mois du 37e titre du Benfica. «Joao Felix est un immense talent, lâche Haris Seferovic. Comme il a aussi le profil d'un no 10, je me suis retrouvé davantage dans la peau d'un joueur de surface. Je me suis libéré et la réussite a suivi tout de suite.»
L'attaquant suisse poursuit: «Je me souviens du match disputé deux jours après mon mariage. Un défenseur adverse dégage le ballon de la tête. Il arrive dans mes pieds et je n'avais plus qu'à marquer. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me suis retrouvé le plus souvent au bon endroit au bon moment. Je me suis aussi bien calmé sur le terrain. Désormais, je ne perds plus mon énergie à contester l'arbitrage. C'est mon père qui a fait cette réflexion et je dois avouer qu'elle était pertinente dans la mesure où j'avais la mauvaise habitude de discuter sans cesse avec les arbitres.»
Avec cette saison riche de 23 buts en championnat – il a remporté le classement des buteurs sans marquer un seul penalty -, Haris Seferovic sait qu'il va, à 27 ans, attiser bien des convoitises lors du prochain mercato. «L'idée est de rester à Lisbonne, dit-il. J'ai encore trois ans de contrat et j'évolue dans un club et dans une ville que j'adore !»
Mais Haris Seferovic sait que tout est possible lors du mercato. «Bien sûr, j'ai toujours le rêve de jouer en Angleterre après avoir évolué en Espagne, en Italie et en Allemagne. Mais mon choix ne sera pas entièrement dicté par l'argent. Je le répète, je suis très bien à Benfica, un club qui suscite une ferveur extraordinaire dans le monde entier et qui joue pratiquement toujours la Ligue des Champions.»
«Moi, je suis toujours là !»
Pour Haris Seferovic, l'année 2019 marquée par la première phase finale de la Ligue des Nations ne sera pas une année comme les autres. Elle marquera les dix ans de la conquête du titre mondial des M17. On rappellera que le Lucernois, qui portait alors les couleurs des Grasshoppers, avait inscrit le seul but de la finale victorieuse à Abuja contre le Nigeria.
«Dix ans déjà, glisse-t-il. J'étais si jeune... Je ne peux être que fier du chemin parcouru depuis le Nigeria. Beaucoup de joueurs qui figuraient dans cette équipe de Suisse ont disparu. Moi, je suis toujours là !»