Raiffeisen Super LeagueSion rêve d'Europe, Xamax veut accrocher le bon wagon
19.7.2018
Le Roi, blessé, n'est pas encore mort et tout l'enjeu de la saison 2018/19 de Super League, pour le champion sortant Young Boys, sera de lui porter le coup de grâce. Le duel pour le titre entre YB et le FC Bâle sera à n'en pas douter la principale attraction de l'exercice qui s'ouvre ce week-end et dans lequel les clubs romands chercheront à faire bonne figure.
Ca ira moins vite qu'avec Mbappé, ce sera moins virtuose qu'avec Modric, Hazard ou Isco, point de duel de géants Lloris - Courtois dans les buts ni même d'impression de toute puissance comme avec Varane ou Stones: non, le championnat de Suisse ne soutiendra pas la comparaison footballistique avec le Mondial qui vient de s'achever. Il ne manquera toutefois pas de piquant, encore plus avec la réintroduction du barrage de promotion/relégation entre l'avant-dernier de 1re division et le deuxième de Challenge League.
Enfin de retour au sommet de la hiérarchie après plus de trois décennies d'attente et de moqueries, Young Boys doit désormais s'atteler à la tâche la plus difficile du sport de compétition: confirmer et durer. Cette nouvelle cuvée de Super League livrera une clef de lecture déterminante sur le club de la capitale et sur sa belle campagne 2017/18.
Le golden boy Seoane
YB a-t-il profité d'une année de transition dans les rangs bâlois pour n'occuper le trône que de manière éphémère ou son sacre est-il le point de départ d'un règne solide ? Régent ou monarque: cette nouvelle saison va répondre en partie à la question.
Comme souvent les années paires - encore plus les années de Coupe du monde -, le mercato helvétique a été plutôt calme, dans l'attente des grands mouvements ailleurs en Europe qui, par effet dominos, finissent toujours par avoir des répercussions en Suisse. Jusqu'à présent, les Bernois ont pu conserver leurs champions sans exception, s'étant même renforcés avec le rapatriement du Genevois de Werder Brême Ulisses Garcia, lequel pourrait bien former avec son "compatriote" Kevin Mbabu une spectaculaire paire de latéraux. Pour autant que Mbabu, sur le radar de plusieurs recruteurs - notamment anglais -, reste une saison de plus à YB.
Un départ notable est toutefois à relever chez les Young Boys, celui de l'entraîneur Adi Hütter, parti à Francfort et remplacé par le nouveau golden boy de la Super League, Gerardo Seoane. Celui qui a fait de Lucerne la deuxième meilleure équipe du 2e tour aura la lourde responsabilité de non seulement prolonger l'euphorie sur la scène nationale, mais aussi de permettre à YB de goûter pour la première fois à la Ligue des champions en franchissant les barrages fin août.
Les clefs à Ajeti et Kalulu
Ce type de "révolution", le FC Bâle l'a mené il y a un an, avec la nomination de Raphaël Wicky sur le banc et une politique de construction de l'effectif moins bling-bling. Les Rhénans semblent vouloir miser sur la continuité en offrant une autre chance à l'équipe actuelle de prouver sa valeur, s'étant contentés de remplacer poste pour poste ceux qui sont partis: le latéral droit Silvan Widmer (Udinese) pour Michael Lang (Mönchengladbach) - pour une somme estimée à quelque 6 mio de francs tout de même, record du club - et le gardien danois Martin Hansen (Heerenveen) pour Tomas Vaclik (FC Séville).
Pas sûr cependant que le FCB ait encore trouvé un successeur au leader de son attaque Mohamed Elyounoussi, recruté par Southampton. Sur les bords du Rhin, sans doute espère-t-on qu'Albian Ajeti matérialise les promesses de la saison dernière et prenne du volume et que l'espoir français Aldo Kalulu (22 ans), formé à l'OL et auteur de 11 buts la saison passée en Ligue 2, explose en Suisse. Sans quoi, il n'y a aucune raison objective de penser que les Bâlois sont mieux armés que Young Boys et qu'ils abordent le championnat en favoris.
Les possibilités de Sion
Le FC Sion ne fait clairement pas partie des prétendants au titre, mais l'admirable redressement des Sédunois ce printemps, sous la houlette de Maurizio Jacobacci, peut être le signe que le club a son mot à dire dans une Super League où tout le monde se tient de très près dans le peloton derrière les deux dominateurs. Les Valaisans se rêvent dans un nouveau rôle: celui de tremplin pour une jeunesse dorée. Les exemples récents d'Edimilson Fernandes, Léo Lacroix, Vincent Sierro, Moussa Konaté ou Chadrac Akolo plaident en ce sens.
Sans oublier, bien sûr, Matheus Cunha, un des hits de la saison passée transféré à Leipzig au terme d'une transaction dépassant les 20 mio de francs - voire beaucoup plus, selon les clauses et les bonus. Privé de sa pépite en attaque, Sion a misé sur un profil très différent avec le jeune international letton Roberts Uldrikis, une tour, un avant-centre pivot. Si Jacobacci parvient à préserver le souffle qui portait son équipe en fin d'exercice, Sion sera un candidat plus que crédible à la première moitié du tableau.
Accrocher le bon wagon
Un objectif que ne peut pas se permettre de viser ouvertement le promu Xamax, pour lequel il s'agira avant tout de se maintenir et de consolider sa place dans une élite que le club rouge et noir n'a plus fréquentée depuis décembre 2011. Michel Decastel connaît le football suisse dans ses moindres subtilités et il y a fort à parier que le coach n'aura pas une approche minimaliste à la tête d'une équipe qui doit beaucoup apprendre mais qui s'appuie sur une jouerie qui a illuminé la Challenge League la saison dernière.
Aux Neuchêtelois d'accrocher le bon wagon, celui de Sion, Lucerne (désormais dirigé par le revenant René Weiler) et du FC Zurich de Ludovic Magnin, voire du St-Gall de Peter Zeidler, capable de bien figurer. Parce que rester empêtré dans le gruppetto, avec Lugano, Thoune et Grasshopper, les trois formations qui devraient a priori être concernées par la lutte contre la relégation, serait une très mauvaise idée.
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