A quoi ressemblera la Liga «formule COVID-19»? Avec le retour à la normale amorcé en Espagne, la Liga revient cette semaine sous haute vigilance, entre huis clos et strictes mesures sanitaires pour protéger la santé des footballeurs face à la pandémie.
Vols et hôtels exclusifs, autobus séparés, gants et masques... Voilà le paysage du Championnat d'Espagne à partir de jeudi et pour les cinq prochaines semaines, jusqu'à la fin prévue de la saison de Liga, le 19 juillet.
Et comme ailleurs, le succès de cette reprise dépendra du protocole sanitaire adopté: l'Espagne est le troisième grand championnat européen à reprendre le chemin des terrains, après l'Allemagne (le 16 mai) et le Portugal (le 4 juin).
La planète football aura donc les yeux rivés sur le derby andalou entre Séville et le Betis, qui donnera jeudi à 22h le coup d'envoi tant attendu de la reprise, après une léthargie de trois mois (depuis le 12 mars) à cause de la pandémie.
«Maintenir la vigilance»
«J'ai toujours su que nous allions revenir jouer», s'est réjoui dimanche Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole de football professionnel (LaLiga), lors de son apparition dominicale dans l'émission El Partidazo de Movistar+. «Mais j'appelle les joueurs, leur entourage, les clubs, à continuer à maintenir la vigilance comme nous l'avons fait ces dernières semaines, aux entraînements comme pendant les matches», a toutefois demandé Tebas, conscient des risques et des précautions à prendre.
Le football espagnol reprendra mercredi avec les 45 minutes qu'il reste à jouer de la rencontre de D2 espagnole entre le Rayo Vallecano et Albacete, suspendue le 15 décembre en raison de chants et d'insultes racistes à l'encontre du joueur ukrainien Roman Zozulya.
Puis, avec le derby de Séville jeudi soir, l'Espagne va découvrir une nouvelle forme de jouer au football, entre le silence des huis clos et les visages cachés derrière les masques.
«Les matches, les voyages... Nous avons dû tout organiser au sein de LaLiga, car il y avait des endroits où il n'y avait pas d'hôtels disponibles», a indiqué Tebas dimanche. «Il y aura presque 250 matches, plus de 200 vols charters, tout est déjà organisé... Tout doit être fait au millimètre», a-t-il souligné.
Depuis le 8 mai, date de reprise de l'entraînement pour les clubs professionnels en Espagne, la prudence est de mise. Les équipes ont repris avec des sessions individuelles, puis des séances par petits groupes, avant des sessions au complet il y a dix jours.
«On joue très gros»
Selon le protocole de reprise, rendu public par les médias espagnols, un système de vols et d'hôtels exclusivement réservés aux équipes est prévu.
Les déplacements au stade seront effectués avec deux autobus séparés pour les membres d'une même équipe, ou bien il sera demandé aux joueurs de venir dans leur véhicule individuel. Les joueurs convoqués pour les matches devront aussi se soumettre à des tests de détection du virus.
Les footballeurs pénétreront dans les stades masqués et gantés. Les zones communes, comme les vestiaires, seront désinfectées, et l'accès sera limité au personnel strictement nécessaire. «On ne peut pas faillir en ce qui concerne la sécurité sanitaire», a averti Javier Tebas dimanche.
Du côté des médias, la couverture de la Liga va aussi se compliquer. La Liga autorisera seulement un salarié par média à pénétrer dans le stade, dans les limites suivantes: 4 reporters de chaînes de télévision sans droits de retransmission, 8 journalistes photographes, 5 journalistes radio, et 6 places pour les journalistes de la presse écrite. Un protocole lourdement critiqué par les associations de journalistes du pays.
Les téléspectateurs auront pour leur part la possibilité de choisir entre une diffusion réaliste, dans le silence des stades à huis clos, ou alors une retransmission augmentée avec les bruits des stades et des publics enregistrés.
«Ce que nous essaierons de faire, c'est de combler un vide qui ne peut être comblé, celui de la présence de gens dans les stades», a résumé Jaume Roures, patron de Mediapro, le diffuseur de la Liga en Espagne.