La révolution est en marche! Tel est le constat livré par l’équipe de Suisse au lendemain de son nul 0-0 à Copenhague face au Danemark pour lancer l’année 2024, celle qui peut, dans un monde idéal, la voir déjouer tous les pronostics lors de l’Euro en Allemagne.
par Laurent Ducret
Au Danemark, Murat Yakin a aligné une défense à trois alors qu’il avait affirmé avec force lors de son intronisation à l’été 2021 être un farouche partisan d’une ligne de quatre devant son gardien. Mais les errements défensifs à l’automne et aussi la préférence clairement affichée par Granit Xhaka pour ce système à trois défenseurs ont conduit le sélectionneur à revoir ses plans.
En attendant Embolo
Bien sûr, ce nouveau schéma ne gommera pas tous les manques de l’équipe de Suisse qui a traversé la rencontre de Copenhague sans se créer une véritable occasion. «Il nous a manqué un attaquant de plus», remarque le sélectionneur devant ce bilan famélique en phase offensive. Comme il ne croit plus vraiment en Xherdan Shaqiri, qu’il n’a sorti du banc qu’à la 76e minute samedi, il remet son destin dans les pieds de Breel Embolo. Seulement, le Bâlois vient à peine de reprendre l’entraînement à Monaco après sa blessure au genou contractée l’été dernier. «J’espère qu’il rejouera en avril. Mais cela va être juste», soupire le sélectionneur.
En attendant le retour de Breel Embolo, Noah Okafor, Ruben Vargas et Zeki Amdouni auront tout intérêt à briller mardi à Dublin face à l’Eire. A Copenhague, Okafor fut sans doute le joueur le plus décevant aligné par Murat Yakin. L’attaquant de l'AC Milan peine vraiment à retrouver en sélection la flamme qui l’avait porté en octobre 2021 à Rome face à l’Italie. Il avait laissé une énorme impression dans cette rencontre qui a ouvert la route de la Coupe du monde au Qatar. On croyait là tenir le grand attaquant de demain. Mais comme pour un Eren Dediyok, buteur à Wembley contre l’Angleterre pour sa première sélection en 2008, on ne voit rien venir...
«Le talent, l'expérience et la compétence pour être no 1»
Si le grand perdant de la soirée fut bien Noah Okafor, ce 0-0 a fait trois gagnants. Yvon Mvogo, bien sûr, qui a relayé Yann Sommer à la 37e minute pour sortir l’arrêt du match peu après l’heure de jeu sur un coup franc de Christian Eriksen. Forfait de dernière minute au Qatar, le Fribourgeois a démontré, lui qui assume le statut de no 3 derrière Sommer et Gregor Kobel, qu’il avait, lui aussi, l’étoffe d’un no 1. «Il a le talent, l’expérience et la compétence pour le devenir», affirme sans détour Thierry Barnerat, le mentor de Thibaut Courtois qui est l’un des plus fins analystes du jeu des gardiens.
Titularisé aux dépens de Nico Elvedi, Fabian Schär a su admirablement compenser les sautes de concentration – presque récurrentes – de Manuel Akanji dans la ligne de trois. Pour la première fois depuis novembre 2021, le Saint-Gallois a disputé une rencontre sans que la Suisse n’encaisse un but. Ce «clean sheet» revêt pour lui une saveur particulière, lui qui restait en sélection sur une série horrible de... 24 buts concédés en neuf matches. «Fabian a été très présent dans les duels. Précieux à la relance également», glisse Murat Yakin qui a remis ainsi pleinement dans le jeu celui qui brille depuis trois ans à Newcastle.
Dan Ndoye peut croire en son destin
Mais le grand vainqueur de la soirée fut bien Dan Ndoye. Piston sur le flanc gauche pendant 65 minutes, puis sur le flanc droit jusqu’à sa sortie à la 83e, le joueur de la Côte a été à l’origine de pratiquement tous les mouvements offensifs de l’équipe. «Dan a gagné énormément en volume, se félicite Murat Yakin. Offensivement, il peut nous apporter beaucoup.»
Il reste au joueur de Bologne à s’installer dans la durée au sein de cette équipe de Suisse. Sa faculté de jouer sur les deux côtés lui donne une longueur d’avance sur un Kevin Mbabbu ou sur un Ulisses Garcia. A 23 ans, Dan Ndoye peut vraiment croire en son destin. La bourde de Pristina – ce ballon perdu à la 93e qui devait donner au Kosovo une dernière possibilité pour égaliser – est oubliée. Si l’on aime parfois rappeler les défauts de Murat Yakin, il y en a bien un qu’il ne cultive pas: la rancune.
ld, ats