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Un petit point et Servette retrouvera l'élite

ATS

10.5.2019 - 10:11

Un point contre Lausanne vendredi (20h) et l'affaire sera pliée: Servette retrouvera la Super League, six ans après l'avoir quittée en subissant la première relégation sportive de son histoire.

Servette espère que son grand soir est arrivé. Six ans après sa relégation en Challenge League, les Grenat peuvent retrouver la Super League vendredi.
Servette espère que son grand soir est arrivé. Six ans après sa relégation en Challenge League, les Grenat peuvent retrouver la Super League vendredi.
Source: KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD


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Sur les quinze dernières années, Servette n'en a passé que deux en Super League. Entre 2011 et 2013. En 2011, alors dirigé par Majid Pyshiar, Servette avait retrouvé l'élite après la faillite de 2005. Il l'a vite quitté vingt-quatre mois plus tard. Cette promotion programmée semble reposer, cette fois-ci, sur des bases plus solides.

Ce n'était pourtant pas gagné. Dans l'imaginaire servettien, la débâcle sportive de 2013 ne devait être qu'une parenthèse. Le SFC retrouverait «sa place» au plus vite. L'entraîneur de la relégation Sébastien Fournier avait été conservé et quelques recrues estampillées Super League (Didier Crettenand, Anthony Sauthier, David Marazzi) auraient dû contribuer à un retour express.

«Le message n'était pas forcément de remonter directement, mais quand on vient à Servette, ce n'est pas pour jouer en Challenge League», se souvient Sauthier, aujourd'hui capitaine. Problème: le travail se fait dans l'urgence, les résultats ne suivent pas, Fournier est débarqué (pour Jean-Michel Aeby) et en coulisses l'instabilité est chronique.

Quennec, la confiance facile

C'est la gestion Hugh Quennec, président aux allures de sauveur et au sourire rassurant. Le Québecois, venu du hockey, connaît peu le football et fait rapidement gage de sa confiance. Pascal Zuberbühler est l'un des premiers à en profiter. Sur le papier, «Zubi» est entraîneur des gardiens. Dans les faits, il n'a besoin que de quelques semaines pour s'imposer comme le patron du sportif.

Quand le Thurgovien a une idée, Quennec tranche. Et Servette déchante. Les cadres (Sauthier, Pasche, Crettenand) sont mis de côté, les jeunes livrés à eux-mêmes et les victoires oubliées. «C'est vrai qu'il y a eu des décisions surprenantes, sachant qu'on avait super bien fini le premier tour, se rappelle le fidèle Tibert Pont. On ne comprenait pas forcément les changements tactiques, on ressentait des guéguerres internes sans jamais vraiment connaître les tenants et aboutissants. Mais cela a rejailli sur l'équipe.» La première saison en Challenge League se termine par un calvaire. La deuxième est pire, même si le trompe-l'oeil a longtemps fonctionné.

Les caisses sont vides

Cette fois, c'est à un duo de Gallois que Quennec accorde tout son crédit: Kevin Cooper est nommé entraîneur et Julian Jenkins directeur général. Mais les fonds manquent, obtenir la licence de jeu est un sacerdoce pour Servette.

A coup de promesses, le président parvient longtemps à maintenir l'équipe et ses fans sous pression. Il y a de l'engouement et les résultats (à défaut du spectacle) sont là. «Ce n'était pas forcément un foot attractif mais l'encadrement était d'un top niveau», souligne Pont. Il y a aussi des joueurs de classe: Kevin Bua, Johan Vonlanthen ou Ousmane Doumbia tirent les ficelles. Et Denis Zakaria et Dereck Kutesa en profitent pour se révéler. Pendant longtemps, la promotion est un sujet chaud.

En vain. «Les salaires n'arrivaient plus dans les temps, ou plus du tout, et nous ne savions rien de ce qui se passait, revoit Sauthier. Là, on se dit que l'histoire recommence...» Le trou dans les caisses est trop grand: près de cinq millions de francs. Servette n'obtiendra jamais sa licence. Pour ses 125 ans d'histoire, il se dirige tout droit vers une nouvelle faillite alors que Hugh Quennec s'accroche à son siège, sans jamais vouloir jouer la carte de la transparence. Il jure pendant longtemps qu'une solution va être trouvée. Il est minuit moins une lorsqu'il accepte enfin son débarquement et laisse le club dans les mains de Didier Fischer.

Une nouvelle gestion solide

Qui ça? Au printemps 2015, l'entrepreneur genevois est un inconnu du ballon rond. De quoi rendre perplexe. Mais très vite, Genève comprend que les finances sont assurées. Dans son canton, Fischer est reconnu pour son sérieux. Et s'il se retrouve en première ligne à Servette, c'est parce qu'il est mandaté par la Fondation Hans-Wilsdorf, qui détient Rolex et qui a repris le club via la création d'une autre entité: la Fondation 1890 (aujourd'hui également propriétaire du Genève-Servette HC).

Sauthier, qui appartenait encore à Sion, revient vite au bercail: «Après six mois, une année, on a commencé à sentir que le projet était solide.» Autrement dit, l'argent n'est plus le problème. C'est le sportif qui interroge: les Grenat doivent repartir de Promotion League et rayon foot, la nouvelle direction a quelques lacunes. Une saison compliquée les attend. Tant bien que mal, Anthony Braizat (qui a succédé à Cooper en cours de route) accrochera d'emblée la montée en Challenge League. C'est une première étape.

Depuis, tout est une question d'échelons à grimper. Lorsqu'il y a des échecs et des erreurs, les dirigeants en prennent note. Ainsi, la nomination de Meho Kodro à l'hiver 2017 surprend, lui qui ne connaît rien du football suisse. Il fait venir des joueurs (dont Miroslav Stevanovic), se sépare de cadres (Tibert Pont en tête). Et Servette clame vouloir monter en Super League.

Mais il échoue en 2018 devant Neuchâtel Xamax. Des mesures sont prises: place à un entraîneur du cru (Alain Geiger), alors que le recrutement est structuré (avec l'engagement de Gérard Bonneau, ex-chef de la détection à l'Olympique Lyonnais). Dans les bureaux, le nombre d'employés augmente progressivement. Pour se mettre au niveau.

Cette saison, le terrain a suivi. «Geiger nous laisse beaucoup de libertés, chacun prend ses responsabilités et nous avons aussi pris de la bouteille», précise Sauthier, qui se félicite de la qualité d'un groupe sain où «tout le monde est concerné.» Expérience et sérénité: c'est ainsi que l'on peut expliquer le retour annoncé d'un Servette apaisé en Super League. Le prochain défi sera autrement plus grand.

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