Tous revanchards: le champion Barcelone, son dauphin l'Atlético et le Real Madrid ont beaucoup à se faire pardonner avant la reprise du championnat d'Espagne vendredi. Pour mener la reconquête, ils ont dépensé sans compter, d'Antoine Griezmann à Eden Hazard... en attendant Neymar.
De transfert en transfert, les grands clubs espagnols ont rebâti en profondeur leurs effectifs grâce à la hausse des droits télévisés, source d'ailleurs d'un interminable bras de fer entre la Ligue professionnelle et la Fédération au sujet des horaires des matches.
Forte de cette manne de 2,1 milliards d'euros par saison jusqu'en 2022, l'Espagne a déjà établi un nouveau record de dépenses pour le mercato estival: 1,2 milliard investis selon le site spécialisé Transfermarkt, sans compter le coût astronomique du Brésilien Neymar, convoité à Barcelone comme à Madrid.
La Liga se devait de réagir, car après avoir dominé la Ligue des champions cinq années de suite (2014-2018), elle a cédé sa couronne européenne à la Premier League anglaise. D'où une surenchère de recrutements: 126 mio pour la pépite portugaise João Felix (Atlético), 120 mio pour Griezmann (Barça), environ 100 mio pour Hazard (Real), et encore plusieurs grosses opérations attendues d'ici la fin du mercato, le 2 septembre.
Griezmann pour «tout gagner»
On ne change pas une équipe qui gagne? L'adage n'est pas en vigueur au FC Barcelone, qui a bouleversé son effectif en dépit d'un nouveau titre de champion, le huitième en onze ans. Car le grand objectif de la saison n'était pas la Liga mais la Ligue des champions, où les Catalans ont chuté en demi-finale, renversés par le futur vainqueur Liverpool.
Cruel pour le capitaine Lionel Messi, qui avait déclaré vouloir reconquérir la C1. «C'est difficile de reparler après ce qui s'est passé la saison dernière mais je ne regrette rien et je réaffirme ce que j'ai dit à l'époque», a néanmoins insisté l'Argentin début août.
Pour rebondir, le Français Griezmann est arrivé de l'Atlético au bout d'un long feuilleton, bien décidé à «tout gagner» avec le Barça. Lui, et peut-être Neymar, doivent permettre à Messi et à Luis Suarez, désormais trentenaires, de se réserver pour les matches couperets, d'autant que le capitaine barcelonais commence la saison blessé à un mollet.
Vu l'investissement consenti pour le Français et pour l'épatant milieu néerlandais Frenkie de Jong (75 mio), la pression est lourde sur les épaules de l'entraîneur Ernesto Valverde, fragilisé en mai et dos au mur avant d'affronter son ancien club de l'Athletic Bilbao vendredi en ouverture de la saison.
Zizou, le (vrai) retour
Au Real aussi, c'est l'heure de la reconquista. Au crépuscule d'une année noire, la Maison blanche a rappelé Zinédine Zidane en mars pour retrouver l'éclat de son premier mandat (trois C1 entre 2016 et 2018).
Le Français avait des exigences sur le recrutement, il a globalement été écouté (Hazard, Jovic, Mendy), même s'il semble difficile d'attirer le milieu de Manchester United Paul Pogba. Reste plusieurs indésirables, comme Gareth Bale et James Rodriguez, qui risquent d'être des poids morts dans l'effectif.
La priorité de Zidane? Etonnamment, il souhaite avant tout regagner la Liga, le trophée de la régularité. Lorsqu'il l'avait remportée en 2017, c'était à ses yeux le plus beau jour de sa carrière d'entraîneur. «Comme chaque année, c'est notre premier objectif», a-t-il prévenu. «C'est notre pain quotidien.»
Mais avant d'aller à Vigo samedi, la campagne de pré-saison n'a pas été très rassurante pour les Madrilènes, balayés notamment 7-3 par l'Atlético lors d'un derby en match amical fin juillet.