Pour sa première saison à la tête du Borussia Dortmund, Lucien Favre est passé tout près du titre. «Il n'a pas manqué grand-chose», a dit le technicien vaudois.
Quelques jours après le dénouement de la saison de Bundesliga, Lucien Favre a reçu Keystone-ATS et la RTS Radio chez lui à Saint-Barthélemy. A l'heure de se ressourcer auprès des siens, l'entraîneur vaudois a pris le temps de revenir sur sa première saison à la tête du Borussia Dortmund.
Une saison marquée par ce duel jusqu'à l'ultime journée face au Bayern Munich, perdu pour trois petits points que le BVB n'aurait sans doute jamais dû égarer si des faits de jeu parfois improbables ne s'étaient pas produits.
On pense ainsi à la défaite 4-2 à domicile lors du derby contre Schalke 04 le 27 avril avec un recours discutable à la VAR, et aux nuls concédés le 9 février contre Hoffenheim (3-3) alors que le BVB menait 3-0 et le 4 mai à Brême (2-2) sur deux buts «casquettes» encaissés en l'espace de cinq minutes. «C'est vrai qu'il n'aura pas manqué grand-chose pour finir devant le Bayern», soupire Lucien Favre.
«Mais à l'arrivée, notre saison fut réussie. Lors du premier tour, nous sommes parvenus à exploiter pleinement notre potentiel. A la reprise, nous avons dû faire face à des blessures, à des méformes aussi, convient Lucien Favre. Mais il est faux de prétendre que l'équipe a manqué de caractère. Je rappelle que le but assigné en début de saison était de redonner un nouvel équilibre à l'équipe après un exercice 2017/2018 «compliqué» et de nous qualifier sans problème pour la prochaine Ligue des Champions.»
L'exemple de l'Ajax
Pour Lucien Favre, le poids de l'expérience a été déterminant dans la course au titre. Le Vaudois insiste sur une réalité: le Borussia Dortmund est une équipe en devenir.
«Je me souviens du tour préliminaire de la Ligue des Champions que j'avais disputé avec Nice. Nous avions éliminé l'Ajax grâce à un nul 2-2 au match retour à Amsterdam. Ce soir-là, tout le monde a vu que l'Ajax manquait encore un peu de bouteille. Or, moins de deux ans plus tard avec pratiquement la même équipe, il s'est hissé en demi-finale de la Ligue des Champions. On voit bien avec cet exemple de l'Ajax combien tout peut évoluer dans le football en l'espace de 20 mois.»
Le temps est donc bien le facteur essentiel. «Il en faut pour étudier tous les aspects du jeu. Pour soigner les détails. C'est un véritable travail de base qu'il convient d'accomplir, insiste Lucien Favre. Dans le quotidien, je parle énormément aux joueurs. Il m'arrive de terminer un entraînement sans plus avoir de voix... Durant les rencontres, je suis, en revanche, beaucoup plus mesuré. Je me dis que les joueurs font déjà face à une immense pression, notamment les jeunes. Je ne veux pas en rajouter.»
Un déséquilibre évident
Formateur dans l'âme, Lucien Favre n'est donc pas un nouveau Jürgen Klopp, l'homme au tempérament volcanique qui a conduit le BVB à son dernier titre en 2012. Les deux hommes, qui s'apprécient énormément, ne disposent pas aujourd'hui des mêmes moyens pour bâtir une équipe. A Dortmund, on est, en effet, très loin de posséder la force de frappe des Reds sur le marché des transferts.
«Le Borussia ne dépensera jamais 100 millions d'euros pour un joueur lâche Lucien Favre. Je souscris pleinement à cette philosophie». Ainsi, pour la saison prochaine, le BVB a recruté trois nouveaux joueurs – Nico Schulz (Hoffenheim), Julian Brandt (Bayer Leverkusen) et Thorgan Hazard (Borussia Mönchengladbach) – avec l'argent du seul transfert à Chelsea de Christian Pulisic pour un montant de 64 millions d'euros.
Dans le même temps, le Bayern s'apprête à recruter Leroy Sané et Timo Werner, deux internationaux allemands, après avoir finalisé la venue de deux Champions du monde, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez. Mais malgré ce déséquilibre évident entre les moyens engagés, tout porte à croire qu'il y aura à nouveau un véritable match entre le Bayern et le BVB.