Victime d'une nouvelle charge dangereuse samedi dernier, le Bernois Mark Arcobello est en colère et tire la sonnette d'alarme dans le Berner Zeitung. D'autres joueurs et directeurs sportifs réagissent également.
"Je n'ai jamais joué dans une ligue où le respect pour l'adversaire est aussi faible. C'est une honte!" Mark Arcobello, top scorer du CP Berne, en a assez! Victime d'une nouvelle vilaine charge de Tim Bozon - joueur de Genève-Servette - samedi dernier, l'attaquant américain exprime son mécontentement dans les colonnes du quotidien alémanique du Berner Zeitung. Il tire notamment la sonnette d'alarme et ne cache pas son inquiétude.
"On a tous le même but: gagner des matches. Mais en même temps, on a tous des familles et on ne souhaite pas quitter le monde du hockey avec des dommages irréversibles. À la vue de la tournure actuelle, c'est juste une question de temps avant qu'un joueur se blesse gravement", peste Mark Arcobello.
Le meilleur buteur des Ours - 225 points en 215 matches avec le CP Berne - affirme également que "certains joueurs attirent l'attention de façon répétée avec des actions sans cervelle". Pour lui, "quelqu'un devait mettre ça sur la table".
Cependant, Arcobello n'est pas le seul à partager cet avis. L'Américain a, en effet, été soutenu par Heinz Ehlers, entraîneur des Langnau Tigers. "Oui, le respect a diminué. Il y a parfois des actions sales. Je n'ai pas une bonne explication pour ça", affirme le Danois.
D'autres joueurs du championnat suisse rejoingnent Mark Arcobello, dont Kevin Klein - joueur aux ZSC Lions jusqu'à la saison dernière -, Patrick Geering ou encore Félicien Du Bois. Ce dernier soupçonne, pour sa part, un lien direct avec le rôle dominant que tiennent certains hockeyeurs. "Certains n'aiment pas le casque de top scorer et les considèrent comme des cibles pour les 'coups bas' et les coups de bâton", note le défenseur davosien. Néanmoins, il précise que, pour lui, seule "une très petite partie des joueurs manquent parfois de respect".
Pour les directeurs sportifs, il s'agit d'abord d'un manquement dans l'apprentissage des hockeyeurs suisses. Sven Leuenberger, directeur sportif des ZSC Lions, a, lui, une explication toute faite. "Cela a moins à voir avec un manque de respect. Beaucoup de joueurs ne peuvent pas faire mieux. La plupart des joueurs de cette ligue n'ont jamais appris à donner ou recevoir correctement une charge. Regarde-moi, je n'ai pas pu faire une charge avant la fin de ma carrière", affirme-t-il.
«Ce sont des signes d'une mauvaise direction»
Son homologue biennois partage également son point de vue. Pour Martin Steinegger: "Le jeu s'est accéléré. Dans ce contexte, deux choses sont dangereuses. Premièrement, la plupart des gens ne savent pas comment faire une mise en échec. Deuxièmement, ces charges sont effectuées dans des situations où elles n'auraient pas lieu d'être".
De plus, Steinegger pointe également du doigt les sanctions annoncées récemment par le juge unique de la Swiss Ice Hockey Federation, jugées trop clémentes. Il fait notamment référence aux charges, non punies, de Johan Morant sur Mark Arcobello et de Tristan Scherwey sur Garrett Roe. "Les deux n'ont pas été sanctionnées. Ce sont des signes d'une mauvaise direction", regrette le Biennois.
Et quand des amendes sont prononcées envers les fautifs, celles-ci sont souvent jugées trop faibles. "Si quelqu'un gagne 60'000 francs, pourquoi se soucier de 2000 francs?", s'interroge notamment Heinz Ehlers.
Le coup de gueule de Mark Arcobello amènera-t-il donc la ligue suisse de hockey à réagir et à se montrer plus dur envers les auteurs de vilain geste? Seul l'avenir nous le dira. Mais une chose est néanmoins sûre: les charges inutiles ou les sanctions liées à celles-ci resteront un sujet épineux et controversé en National League.