Annoncée samedi, l'annulation du Championnat du monde à Lausanne et Zurich a mis fin à l'espoir de voir la manifestation se dérouler en mai. La Suisse pourra-t-elle l'organiser en 2021? Le président de l'IIHF René Fasel estime qu'il y a d'autres priorités à régler.
Depuis samedi, fini l'expectative. Le Conseil de l'IIHF a pris la mesure difficile mais courageuse d'annuler le Championnat du monde en Suisse pour la santé de tout le monde. Le comité d'organisation a pris acte de cette décision et aimerait bien évidemment pouvoir reporter d'un an la compétition et l'organiser en 2021.
Interrogé par l'agence Keystone-ATS, le président de l'IIHF René Fasel est bien entendu favorable à une telle décision: «Mais en ce moment, le déplacement du Championnat du monde n'est pas la priorité. Nous avons établi une liste des priorités et nous allons gérer tout cela lors des deux-trois prochaines semaines. C'était très dur de prendre cette décision. En trois semaines nous avons annulé dix-neuf manifestations. Il y a des défis à relever, des coûts à prendre en charge et une organisation à mettre sur pied. J'aime aller tranquillement, il serait faux de céder à la panique.»
Sur le front des questions à régler rapidement, on retrouve notamment les questions d'assurances et de remboursement des billets. Concernant les assurances, l'IIHF a eu la bonne idée d'en souscrire une depuis 2012 et de pouvoir couvrir ainsi le budget escompté. «Heureusement que l'on a cette assurance, précise René Fasel. Cela doit remonter à environ dix ans et on avait écouté ceux qui nous avaient alors conseillé d'en contracter une. Bien sûr que les primes sont très élevées, mais on protège ainsi l'événement qui nous permet de faire le plus d'argent.»
La réticence suédoise
Sur la foire aux questions publiée par la Fédération internationale, on peut y lire une question sur la possibilité d'un report du Championnat du monde plus tard dans l'année ou en 2021 et une réponse forcément évasive. René Fasel est de son côté pour le moins sceptique: «En été en Suisse, ce ne serait pas faisable. Au mois d'août à Zurich, par exemple, ce ne serait pas possible. Le plus «simple», c'est de tout déplacer d'un an.» Mais le Fribourgeois se garde bien de faire du lobbying: «Je ne vais pas proposer cela au Conseil. Les autres pays qui doivent organiser les prochains Mondiaux ont aussi des contrats. En ce moment, le bateau traverse une tempête et il s'agit de le conduire le mieux possible en attendant de retrouver le calme. Cela ne sert à rien de forcer les choses.»
Alors que le directeur des équipes nationales Lars Weibel espère que la Suisse pourra convaincre les autres pays de décaler le calendrier des cinq prochaines années pour permettre à la Suisse de sauver son Mondial, René Fasel compte sur la solidarité de tous les acteurs: «Aujourd'hui, il faut limiter la casse et ne pas servir des intérêts égoïstes.» Parmi les prochains pays organisateurs (Lettonie/Bélarus en 2021, Finlande en 22, Russie en 23, République tchèque en 24 et Danemark/Suède en 25), seule la Suède semble réticente à voir son slot repoussé à 2026. Une réticence liée au fait que les Jeux olympiques auront lieu cette même année en Italie. Et la Suède se souvient du Mondial de 2002 après les JO de Salt Lake City où elle avait essuyé des pertes. Mais a contrario, ni le Bélarus en 2014 (JO à Sotchi), ni le Danemark en 2018 (JO à Pyeongchang) n'ont eux à se plaindre sur le plan financier.
Rester six mois ou un an de plus, à voir
Dans cette tempête que traverse le monde, et bien entendu l'IIHF, la question de la succession du capitaine devait se poser au mois de septembre. Président depuis 26 ans de la Fédération internationale, René Fasel devait transmettre son bâton de pèlerin à l'automne. Mais la crise du COVID-19 pourrait bouleverser le programme.
«J'écoute, je prends note, explique René Fasel quand on lui demande s'il pourrait prolonger son bail de manière exceptionnelle. Je ne veux pas quitter le navire en eaux troubles, ce ne serait pas correct pour mon successeur. Pour les candidats, c'est très difficile aujourd'hui de faire campagne compte tenu de la situation. S'il faut rester six mois ou une année de plus en poste, on verra. Mais j'exclus un mandat de quatre ans.»