Au mois de mai dernier au Danemark, l'équipe de Suisse est passée à un cheveu du titre mondial. Battue par la Suède aux tirs au but (3-2), la formation de Patrick Fischer a effacé avec brio des JO manqués. Grégory Hofmann et Tristan Scherwey se souviennent.
Dimanche, la Suisse a tenu à saluer l'épopée danoise de la sélection nationale lors des Credit Suisse Sports Awards en l'élisant meilleure équipe de l'année et en faisant de Patrick Fischer l'entraîneur de l'année. Mérités ou non, ces trophées valident l'excellent travail effectué depuis plusieurs années. La Suisse a prouvé que la finale de 2013 - déjà perdue contre la Suède à Stockholm - n'était pas qu'un coup d'éclat, mais bien le résultat d'une politique sportive intelligente. Composée de joueurs du championnat de Suisse et de NHL, cette Suisse "danoise" avait tout pour bien faire.
Scherwey y a cru
Rouages essentiels de cette sélection, Grégory Hofmann et Tristan Scherwey ont accepté de revenir sur ces deux semaines quasi parfaites. "Ce sont des charges émotionnelles intenses, se souvient Grégory Hofmann. C'était dur à accepter parce que tu passes à deux doigts de quelque chose d'historique." Forcément très ému mais très digne devant la presse au sortir de la finale, alors que d'autres sont passés tout droit, Tristan Scherwey se remémore ces instants difficiles à avaler: "La défaite en finale, c'est un moment tellement lourd. Mais j'y ai toujours cru. Je vois que c'est Nino qui tire le penalty et je me dis que c'est bon, j'envoie tout ce que je peux d'énergie positive depuis le banc. Et puis le gardien suédois arrête le puck et c'est terminé, toute ta saison vient de prendre fin comme ça et les Suédois se jettent sur la glace. Entre cette finale et celle perdue à deux secondes de la fin contre Zurich avec Berne en 2012, c'est ma plus grande déception sportive."
Mais si l'on écarte le résultat final qui noircit un brin le tableau, le tournoi danois fut l'exemple parfait d'une équipe consciente de ses capacités et désireuse d'en mettre chaque fois un peu plus au fil des matches. La Suisse s'est servi des écueils pour grandir au fil du tournoi, pour se rendre compte que l'exploit n'en était finalement pas un. Lorsqu'à Herning à l'occasion du quart de finale la troupe de Patrick Fischer élimine la Finlande, première de son groupe, personne ne crie au scandale. "Le moment qui m'a le plus marqué c'est contre la Finlande, se souvient Tristan Scherwey. On est allé à Herning et on a joué ce match comme il fallait. On a réussi notre coup."
Un lien presque familial
Grégory Hofmann a lui aussi apprécié cet esprit de corps qu'il a ressenti dès qu'il a intégré l'équipe après la finale perdue avec Lugano: "Sur la glace, on avait confiance en l'autre. On n'avait pas le sentiment qu'il y en avait un qui croyait mieux savoir que les autres. On avait un espace à nous tout en haut de l'hôtel au dernier étage, un lieu où l'on pouvait se détendre. Il y avait des PlayStations, des jeux de cartes, un endroit pour se faire masser. C'était super de se retrouver tous là pour créer un véritable lien. On avait l'impression d'être une famille. Ca permettait de communiquer entre nous et ça faisait du bien."
Plutôt médiocre au mois de février lors des JO avec une élimination en huitièmes de finale contre l'Allemagne, la Suisse avait quelque chose à se faire pardonner. C'est en tous les cas ce que pense l'attaquant fribourgeois du CP Berne: "Si l'on a réussi, c'est aussi parce qu'on devait se racheter des JO. Il y avait cette envie de mieux faire et cette force, tu la sentais vraiment."
A l'aise dans les trois langues nationales, Grégory Hofmann a aimé le mélange proposé par Patrick Fischer entre joueurs du championnat de Suisse et renforts de NHL. "Il y avait une sacrée diversité, appuie le Jurassien bernois. Des Romands, des Alémaniques et des Tessinois. En fait, on avait un beau groupe au sein duquel on avait envie de bien faire. Au fil de la préparation et de la compétition, on a construit quelque chose. Et quand les joueurs de NHL (Josi, Fiala, Meier) sont arrivés, ils se sont tout de suite bien adaptés. On a su gérer ça de la meilleure des façons."
En 2019 à Bratislava, la Suisse sera scrutée comme elle le fut à Minsk en 2014 avec une élimination sans gloire en poule. Tout est remis à zéro et il va s'agir de reconstruire un groupe solide pour tenter de faire encore mieux qu'au Danemark. "Il ne faudra pas chercher à répéter les mêmes choses qu'à Copenhague, conclut Tristan Scherwey. Ne pas vouloir forcer, mais plutôt utiliser cette confiance danoise. Mon objectif c'est de faire partie l'équipe. Certains me disent que Fischer doit me prendre d'office, mais je ne suis pas d'accord. Je dois mériter ma place sur la glace avant tout."