Un ancien responsable de l'organisation des Jeux olympiques de Tokyo 2020 et trois autres personnes ont été interpellés mercredi au Japon dans une affaire d'appels d'offres truqués, un nouveau rebondissement dans la série de scandales liés à cette compétition.
Le bureau des procureurs de Tokyo a annoncé dans un communiqué avoir arrêté Yasuo Mori, ancien directeur adjoint du comité d'organisation des Jeux de Tokyo, soupçonné de pratiques anti-concurrentielles. Trois autres personnes employées respectivement par le géant publicitaire japonais Dentsu, une compagnie de production télévisuelle et une entreprise d'événementiel ont également été arrêtées, ont précisé les procureurs.
Les quatre hommes sont accusés d'avoir truqué une série d'appels d'offres représentant un montant total de 40 milliards de yens (285 millions d'euros) pour l'organisation d'événements des JO, ont rapporté des médias locaux. Entre février et juillet 2018, ils ont «limité la libre concurrence» en lien avec la planification d'épreuves-test des JO, «contre les intérêts publics», détaille le communiqué des procureurs.
Les personnes arrêtées mercredi ont décidé à l'avance quelle entreprise décrocherait un contrat et «ont convenu que seule l'entreprise choisie (à l'avance, NDLR) pour remporter le contrat devait participer» à chaque appel d'offre, ajoute le communiqué.
«Des mesures rigoureuses pour restaurer la confiance»
Dentsu «prend cette situation très au sérieux» et va «totalement coopérer avec les autorités», a réagi le groupe dans une déclaration transmise à l'AFP. Dentsu a ajouté qu'il comptait mener sa propre enquête sur cette affaire et «prendre des mesures rigoureuses pour restaurer la confiance» de ses actionnaires.
Les procureurs enquêtent par ailleurs sur des soupçons de corruption autour des JO de Tokyo, dont un autre ancien responsable (et ex-cadre chez Dentsu), Haruyuki Takahashi, est accusé d'avoir reçu l'équivalent de plusieurs centaines de milliers d'euros de pots-de-vin, notamment pour l'attribution de contrats publicitaires.
Ce vaste scandale a terni la candidature de la ville de Sapporo (nord) pour les Jeux olympiques d'hiver de 2030. Sapporo a ainsi interrompu les événements promotionnels et prévoit de sonder la population japonaise pour évaluer la popularité de sa candidature.
Des soupçons de corruption flottent par ailleurs de longue date sur les conditions d'attribution de Tokyo 2020, des JO qui ont finalement eu lieu en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19.
En mars 2019, le président du Comité olympique japonais Tsunekazu Takeda avait démissionné quelques mois après avoir été mis en examen par la justice française. M. Takeda est soupçonné d'avoir rémunéré Black Tidings, une société basée à Singapour et qualifiée de «coquille vide» par les enquêteurs français, avant et après la désignation de la capitale japonaise par le Comité international olympique (CIO).