Rencontre exclusive
Capela: "Avec tout cet argent, tu peux partir en vrille très vite"

ATS

8.11.2018

On connaît maintenant très bien le visage de Clint Capela le basketteur. Ce que l'on apprend à découvrir, c'est celui de Clint Capela l'homme. Rencontre.

Clint Capela: "Mon but, c'était que ma maman n'ait plus à travailler."
Clint Capela: "Mon but, c'était que ma maman n'ait plus à travailler."
Keystone

Si l'on sait moins de choses personnelles le concernant, c'est aussi parce que Clint Capela fait tout pour que l'on parle ou écrive sur ses performances sportives exceptionnelles. Keystone-ATS est allé à sa rencontre en exclusivité lors d'un passage des Houston Rockets à Brooklyn.

Quand il ne défend pas la raquette des Rockets avec opiniâtreté, c'est quoi la vie de Clint Capela? "J'aime bien regarder le foot, jouer aux jeux vidéo, lâche-t-il. Je me suis aussi mis à la lecture. Un bouquin de philosophie an anglais. C'est bien parce que ça me fait travailler mon anglais. J'ai toujours été curieux du sens de la vie, du pourquoi du comment. J'aime bien apprendre chaque jour au contact de diverses personnes, sur la vie, sur le parcours de vie d'un être humain. J'essaie aussi de progresser en tant qu'humain. Pas seulement en basket. Parce que c'est bien beau, mais je sais qu'à un moment ça va s'arrêter. J'ai envie de progresser en tant qu'homme, de me nourrir de connaissances sur la vie."

Tout pour sa mère

Après avoir énormément reçu, notamment sur le plan financier avec un contrat de cinq ans lui rapportant 90 millions de dollars et faisant de lui le sportif suisse le mieux payé, Clint Capela se demande comment aider les autres. La question, désormais, est de savoir quand. "Bientôt, glisse-t-il avec le sourire. Là je suis concentré sur le basket mais dans les mois à venir, je vais sûrement créer une fondation ou quelque chose d'autre. Comme j'ai grandi avec une mère célibataire, ce serait quelque chose pour venir en aide à ces femmes qui doivent élever leurs enfants seule. J'ai grandi dans un foyer où il y avait beaucoup d'orphelins et je n'étais quasiment jamais à la maison avec ma mère. Donc je verrais bien aussi un orphelinat pour aider les enfants. Ce sera d'abord à Houston parce que c'est là où je suis le plus et qu'il y a 65% des enfants là-bas qui vivent ce que j'ai vécu. Ca me tient logiquement à coeur." Et peut-être en Suisse à l'avenir? "C'est plus évident où je suis localisé, reconnaît-il. Après il faut voir comment ça se passe et si ça marche bien."

Le Meyrinois évoque sa mère et les sacrifices auxquels elle a dû s'astreindre pour subvenir aux besoins de ses trois enfants: "Mon but c'était qu'elle n'ait plus à travailler. Alors depuis que je suis en NBA, elle n'a plus besoin de se lever à 5h45 tous les matins pour rentrer à 18h30 épuisée. C'était mon plus grand rêve. Elle a travaillé pendant trente ans en s'occupant de trois enfants. Ma mère et moi on parle. Si elle veut faire quelque chose, on se le dit. Elle a fait tellement pour nous et je suis fier d'elle autant qu'elle puisse être fière de moi." On rétorque à Clint Capela que sa mère a peut-être envie de continuer à travailler. "Alors elle ne m'a rien dit", lance-t-il en se marrant.

Une vie de tentations

En attendant le Genevois à son hôtel new-yorkais, on a pu constater à quel point cette vie NBA a quelque chose de surréaliste. Les voyages en avion privé, les arrivées à l'hôtel où les rues de Manhattan sont bloquées pour laisser passer le bus, le tapis rouge à l'hôtel, les femmes apprêtées dans les lobbies, difficile en pareille circonstance de garder les pieds sur terre. "Ouais, on a de quoi perdre la tête, estime le numéro 15 de Houston. Je suis arrivé à un point que même moi je n'aurais pas imaginé. Tous les basketteurs rêvent de la NBA. Mais d'y arriver et de s'y installer, puis de dominer, c'est encore différent. Ce n'est pas être 12e homme au fond d'un banc, c'est un vrai rôle. Bien au-delà de ce que j'aurais pu imaginer."

La trajectoire météorique du jeune homme de 24 ans ressemble à un conte de fées: "Parfois j'y repense. Pas seulement quand j'étais à Hidalgo en D-League. Mais mes débuts en Suisse et lorsque je suis allé en France, au lycée avec mes amis quand on était à la cantine devant des plats minuscules en train de parler de matches NBA. Entre la Suisse et la NBA il y a une distance incroyable et ça fait du bien de temps en temps de se le rappeler. Mais je profite aussi de cette vie tout en travaillant."

Profiter, sans tomber dans les nombreux pièges qui ne manquent pas de se dresser sur la route du succès. On pense notamment à ces tentations qui pourraient bouleverser une vie, notamment lorsque l'on est courtisé à l'envi par la gent féminine. "Plus les années passent, plus ça augmente, décrit le Genevois en parlant de sa popularité. Ca fait partie du train de vie NBA. Il faut savoir être mature dans ce genre de situations. Ne pas mettre une fille enceinte. Non mais c'est vrai, il faut faire attention. Il y a beaucoup de joueurs qui sont encore en NBA à qui c'est arrivé. Ca peut mettre fin à une carrière. Ceci dit, parfois la fille est très bien et ils arrivent à s'arranger intelligemment en cas de séparation. Ce qui est sûr c'est qu'avec tout cet argent, tu peux partir en vrille très vite."

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