Genève
La marathonienne Christelle Daunay a obtenu le statut de partie civile dans l'enquête sur le système de corruption mis en place en 2011 au sein de la Fédération internationale pour permettre à des athlètes russes de courir dopés, a appris l'AFP de source proche du dossier. La Française s'estime victime de ce système.
Championne d'Europe du marathon en 2014, classée plusieurs fois dans le top 5 à New York, Christelle Daunay est la première athlète à se voir reconnue partie civile dans l'instruction menée depuis 2015 à Paris par le juge Renaud van Ruymbeke, a confirmé son avocat, Me Antoine Woimant. Dans cette affaire, l'ancien patron de l'IAAF Lamine Diack, son ex-conseiller Habib Cissé et l'ancien chef de l'antidopage à l'IAAF, Gabriel Dollé, ont été mis en examen pour corruption, tandis qu'un fils Diack, Papa Massata, est visé par un mandat d'arrêt international.
Tous sont soupçonnés d'avoir touché des fonds de la Russie pour avoir retardé les sanctions contre des athlètes de ce pays à partir de fin 2011, malgré les résultats anormaux de leur passeport biologique. Parmi ces athlètes, des médaillés des JO de Londres 2012, comme Sergey Kirdyapkin (or au 50 km marche) ou Olga Kaniskina (argent au 20 km marche), qui ont dû rendre leurs titres depuis, mais aussi la marathonienne Lilya Shoboukhova, qui a reconnu avoir payé des centaines de milliers d'euros de pots-de-vin.
Dans sa constitution de partie civile, dont l'AFP a eu connaissance, Me Woimant fait valoir que Christelle Daunay a été "victime du système mis en place", qui a eu "un impact direct sur sa carrière". En cause, des primes et des contrats de sponsoring moins importants et des invitations moins fréquentes à de grandes compétitions. Daunay s'était classée 5e au marathon de Chicago en octobre 2011, notamment derrière Shoboukhova qui l'avait emporté. Le 20 septembre, le juge d'instruction a rendu une ordonnance dans laquelle il estime que son préjudice "est certain et en relation directe" avec les faits, a indiqué la source proche du dossier.
En pleine préparation du marathon de New York, le 5 novembre, Christelle Daunay, 42 ans, "ne souhaite pas pour l'instant s'exprimer" mais tient "à affirmer sa satisfaction", a déclaré son avocat. L'instruction se poursuit. Outre Shoboukhova, la justice française soupçonne que plusieurs athlètes russes ont dû remettre des centaines de milliers d'euros pour ne pas être suspendus, dans un système qualifié de "protection totale" par l'un des protagonistes, l'ex-président de la Fédération russe d'athlétisme, Valentin Balakhnichev.
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