En bronze à la longueur l'an dernier à Eugene, Simon Ehammer fait à nouveau partie des candidats au podium lors des Mondiaux de Budapest qui démarrent samedi. C'est sur les épaules de l'Appenzellois et sur celles des hurdleurs Jason Joseph et Ditaji Kambundji que reposent les espoirs helvétiques.
Simon Ehammer se concentre comme en 2022 à Eugene sur sa discipline fétiche, lui qui s'était paré d'argent quelques semaines plus tard dans le décathlon des Européens de Munich. Gêné dans les lancers par une inflammation à un biceps, il n'a cette fois-ci pas vraiment eu le choix. Mais ses chances sont bien réelles.
Grâce aux 8m32 qui lui avaient permis de s'imposer en Ligue de diamant à Oslo, l'Appenzellois pointe au 8e rang dans la liste des engagés d'une épreuve dont les qualifications sont prévues le mercredi 23 et la finale (top 12) le jeudi 24. Tout est possible à la longueur, où le no 1 de l'année Jeswin Aldrin a réalisé 8m42.
Simon Ehammer l'a d'ailleurs encore appris à ses dépens cette année, à deux reprises même. C'est en effet trois essais nuls à la longueur qui l'avaient contraient à l'abandon lors de l'heptathlon des Européens en salle d'Istanbul puis lors du décathlon de Götzis. La limite entre exploit et échec demeure infime.
Ditaji en pleine bourre
Elle l'est également sur les haies hautes, où la moindre imprécision peut se payer cash. Respectivement 8e et 9e de l'Entry List sur 110 et 100 m haies, Jason Joseph (13''10, réussis à deux reprises en 2023) et Ditaji Kambundji (12''47) devront sortir le grand jeu ne serait-ce que pour faire partie des huit finalistes.
Mais ils en semblent capables. Le Bâlois, souvent trop «timide» dans les grands rendez-vous, a franchi un cap en se parant d'or aux Européens indoor en mars. La Bernoise, double médaillée de bronze continentale (en plein air en 2022, en salle en 2023), a quant à elle «explosé» son meilleur temps ainsi que le record de Suisse de Lisa Urech (12''62) à deux reprises le 4 août à Berne.
Mujinga trop «juste» ?
Si la délégation suisse est plus imposante que jamais dans des Mondiaux (37 athlètes, 19 femmes et 18 hommes), rares sont néanmoins ses représentants à pouvoir viser une place de finaliste (top 8). Un tel résultat constituerait ainsi un exploit pour la 5e du 100 m des Mondiaux 2022 Mujinga Kambundji.
L'ambitieuse et expérimentée Bernoise (31 ans) visait haut après son sacre européen sur 60 m en salle. Elle a dû déchanter en étant freinée par une fasciite plantaire ce printemps. Certes, elle a parfaitement tenu le choc lors des championnats de Suisse de Bellinzone, réussissant 11''05 en finale pour sa troisième course en trois heures.
Mujinga Kambundji, qui s'était parée de bronze sur 200 m lors des Mondiaux 2019, ne pointe qu'au 21e rang dans la liste des engagées. Elle a certainement un chrono sous les 11 secondes dans les jambes. Mais la concurrence est plus féroce que jamais dans la discipline-reine chez les dames.
Le 100 m féminin – dont la finale est prévue le lundi 21 à 21h50 – sera d'ailleurs l'une des courses les plus attendues dans ces joutes. Le duel entre Jamaïcaines et Américaines promet des étincelles : d'un côté, la meilleure performeuse 2023 Shericka Jackson (10''65) et la quintuple championne du monde de la discipline Shelly-Ann Fraser-Pryce, de l'autre Sha'Carri Richardson.
Ajla Del Ponte, la grande absente
La quête d'une médaille, qui serait simplement la 10e de l'histoire pour la Suisse dans des Mondiaux en plein air, s'annonce donc bien délicate. Elle l'est d'autant plus que ces joutes se disputeront sans l'une des cheffes de file de l'athlétisme helvétique, Ajla Del Ponte, qui accumule les pépins physiques depuis sa 5e place obtenue sur 100 m aux JO de Tokyo 2021.
La Tessinoise a déjà mis fin à sa saison, préférant tout mettre en oeuvre pour entamer au plus vite sa préparation pour Paris 2024. Son forfait, ajouté à la décision de Mujinga Kambundji de se consacrer au 100 m cette année, est également rédhibitoire pour le relais 4x100 m. Après avoir flirté avec le podium lors des Mondiaux 2019 et des JO 2021, celui-ci est rentré dans le rang.
Le sprint féminin suisse peut compter sur de nombreuses athlètes portées par la vague Kambundji/Del Ponte, parmi lesquelles les Vaudoises Léonie Pointet et Melissa Gutschmidt qui briguent une place dans le quatuor en Hongrie. Mais il a besoin que tou(te)s ses leaders soient à 100% pour titiller le très haut niveau, comme d'ailleurs l'athlétisme suisse dans son ensemble.