Cette année de transition n'est décidément pas de tout repos pour Jérémy Desplanches. Victime d'un lumbago au lendemain des championnats de Suisse d'été à la mi-juillet, le Genevois n'aborde pas les Européens de Rome (11-17 août) dans les meilleures dispositions. Mais «je serre les dents», assure-t-il.
Jérémy Desplanches avait pourtant retrouvé des couleurs après les Mondiaux de Budapest où il avait échoué dès les demi-finales sur 200 m 4 nages. «Honnêtement, j'avais le coeur brisé à Budapest. J'ai ensuite connu deux superbes semaines d'entraînement», raconte le médaillé de bronze des JO de Tokyo 2021.
Et la forme était là aux championnats de Suisse à Sursee (14-17.07). «J'y ai réussi mes meilleurs temps de l'année. J'ai même réalisé le meilleur chrono de ma carrière sur 400 m libre. Mais en me réveillant le lundi pour m'entraîner, j'étais incapable de bouger. J'ai passé trois jours sans pouvoir marcher», soupire-t-il.
«J'ai ensuite tout tenté, avec des massages ou des électrodes. J'étais tellement désespéré que j'aurais accepté qu'un vétérinaire me pique», se marre Jérémy Desplanches. Qui a finalement décidé de se rendre à l'Hôpital de la Tour à Meyrin le vendredi 29 juillet afin d'y subir des infiltrations, une grande première pour lui.
«J'avais dix jours pour régler ce problème, sans quoi je pouvais mettre fin à ma saison», souligne le vice-champion du monde 2019, qui avoue avoir déjà failli renoncer aux Mondiaux de Budapest. «Mon dos va mieux. Je souffre dans les départs et les virages. Mais je serre les dents: il me reste deux semaines avant les vacances.»
Une place en finale comme objectif
Conscient que les Mondiaux arriveraient trop tôt après son changement de coach et de régime d'entraînement, Jérémy Desplanches a fait des Européens son grand rendez-vous de l'année. Pas question donc de baisser les bras pour ce compétiteur-né: «Je ne me cache pas: je vise la finale sur 200 m 4 nages. Après, on verra.»
En lice les 16 et 17 août dans sa discipline de prédilection au Foro Italico, le Genevois s'estime capable de s'approcher des 1'57''0, alors que son meilleur temps de l'année est de 1'58''29. «Est-ce que cela suffira pour monter sur le podium? Je ne crois pas», avance le double médaillé européen (or en 2018, argent en 2021).
«J'aimerais avant tout pouvoir réaliser un bon chrono afin de me rassurer. Et si par bonheur cela me permettait de conquérir une médaille, elle resterait comme celle qui aurait été la plus difficile à décrocher», soupire-t-il. «Car je n'avais vraiment pas besoin de ce lumbago en plus cette année», lâche-t-il.
Jérémy Desplanches a en effet dû composer avec des douleurs à l'épaule l'automne dernier, avant d'être victime du Covid à la fin de l'hiver. «Le Covid m'a affaibli pendant près de deux mois», précise le grand blond, qui devait dans le même temps supporter quelque 15 km de nage au quotidien (soit 30-40% de plus qu'avant).
Un affûtage différent
Ce lumbago, qui l'a stoppé net dans son élan, l'a également contraint de modifier sa routine d'avant compétition. «Normalement, je diminue progressivement le nombre de kilomètres de nage trois semaines avant la compétition, afin de garder un maximum de fraîcheur tout en ayant la même intensité au final», explique-t-il.
«Là, je suis passé de 15 à 0 kilomètre d'un coup, avant de devoir repasser à 15 km pour pouvoir entamer un affûtage beaucoup plus court dans le temps», précise Jérémy Desplanches, qui se testera une première fois dans le grand bassin de Rome dès le premier jour de compétition (le 11 août) lors des séries du 4x200 m libre.
Ce n'est donc pas franchement en totale confiance que le «capitaine» de l'équipe de Suisse a donc rejoint Rome ce lundi. «Je ne suis pas aussi serein que les années précédentes. Je suis conscient de ne pas avoir été régulier cette saison. Mais je me bats pour me donner une chance, et je suis chaud bouillant!», conclut-il.