Ditaji Kambundji continue de brûler les étapes. A 20 ans, elle s'est parée de bronze sur 100 m haies aux Européens de Munich à la fin août. «Avoir su saisir ma chance au moment où je le pouvais est ce qui me rend le plus fière», lâche la Bernoise, qui s'est confiée à Keystone-ATS la semaine dernière.
La cadette des soeurs Kambundji «commence gentiment à réaliser» ce qu'elle a accompli. «Après Munich, j'avais enchaîné les courses, donc je n'avais pas encore eu le temps de m'asseoir tranquillement dans ma chambre et de réfléchir à cela», glisse-t-elle. «Et ce fut un grand plaisir de pouvoir enchaîner toutes ces belles compétitions en Suisse» à Lausanne, Lucerne, Zurich puis Bellinzone.
«C'était magnifique de pouvoir partager ces émotions avec le public suisse», enchaîne Ditaji Kambundji, heureuse d'avoir pu «conclure en beauté à Bellinzone» où elle est descendue pour la 12e fois de la saison sous les 13 secondes (12''97). «Cette médaille est surtout une source de motivation pour la suite», souligne-t-elle.
L'analyse, un processus permanent
«Je veux d'autres médailles, et je veux courir plus vite», lâche la championne d'Europe M20 de 2021, dont la marge de progression est forcément énorme: «Je suis très jeune, et peux donc m'améliorer à tous les niveaux. Ca ne serait d'ailleurs pas normal si, à mon âge, je me disais que tout va bien et que je dois juste continuer comme cela.»
Ditaji Kambundji est une perfectionniste. «Nous aborderons précisément les détails de ma préparation pour 2023 après mes vacances. Mais nous ne pouvons pas attendre la fin de la saison pour corriger ce qui ne fonctionne pas. C'est un processus permanent. L'analyse se fait à chaque entraînement, après chaque course», précise-t-elle.
Sa progression est d'ailleurs constante. «Il n'y a pas eu un déclic à proprement parler. C'est le fait de m'être améliorée tout au long de l'année qui m'a permis de penser que j'avais un coup à jouer aux Européens. Ensuite, il s'agit de croire en ses capacités, et d'oser se fixer des objectifs élevés», explique Ditaji Kambundji, qui a porté son record personnel à 12''70 sur 100 m haies cette année.
«A Munich, je visais la finale, en sachant que tout pouvait se passer ensuite. Je savais que j'avais le potentiel pour une médaille si je parvenais en finale. Ensuite, il faut aussi que tout se passe pour le mieux», poursuit Ditaji Kambundji, qui restait sur deux chutes dans des finales où elle visait déjà le podium (Mondiaux M20 2021 en plein air et Mondiaux 2022 en salle).
«Il faut aussi que la chance soit de ton côté», ajoute la recordwoman de Suisse du 60 m haies en salle (7"89 en demi-finales des Mondiaux en salle de Belgrade). «Et il faut être capable de profiter des opportunités. Avoir su saisir ma chance au moment où je le pouvais est ce qui me rend le plus fière», lâche la Bernoise, qui avait devancé de 0''01 la 4e Nadine Visser en finale à Munich.
Le record de Suisse en tête
Ditaji Kambundji concède avoir «ressenti un plus grand intérêt des médias après les Championnats d'Europe. C'est clair que c'est différent de ce que j'avais vécu après mon titre européen chez les juniors. Mais on n'a pas vraiment le temps d'y penser pendant la saison. On se concentre sur ce qu'on a à faire pour performer, sans se laisser perturber», souligne-t-elle.
Sa vie n'a pas changé, et c'est tant mieux pour elle. «Je vais pouvoir voyager avec une copine, comme une gymnasienne normale, classique. La saison était longue. C'était cool de vivre tous ces beaux moments, mais ça m'a pris beaucoup d'énergie physiquement comme mentalement», admet-elle.
«J'ai besoin de recharger mes batteries», poursuit Ditaji Kambundji qui, à l'image de son aînée Mujinga (30 ans), préfère ne pas se fixer d'objectifs précis pour la suite. Mais qui a le record de Suisse de Lisa Urech (12''62, réalisé en 2011) dans un coin de la tête: «C'est un chrono rapide, donc ça ne sera pas simple de le battre. Mais c'est mon but. Et faire mieux ensuite en est un autre.»
ATS