L'athlétisme suisse a fêté quatre médailles samedi aux Européens de Rome. En argent sur 100 m haies, Ditaji Kambundji a signé la performance la plus marquante avec ses 12''40.
La petite soeur de Mujinga a certes été nettement battue en finale par Cyréna Samba-Mayela (12''31, qui font de la Française de 23 ans la 10e performeuse mondiale de l'histoire). Mais, en retranchant 0''07 à son meilleur chrono établi en août 2023, elle a franchi un nouveau palier.
A 22 ans – elle les a fêtés le 20 mai -, Ditaji Kambundji s'est tout simplement installée au 24e rang de la hiérarchie mondiale historique du 100 m haies. Seules trois femmes ont couru plus vite à son âge, la plus rapide étant la championne olympique 2016 Brianna McNeal (qui avait réussi 12''26 en 2013 juste avant ses 22 ans).
Comme Günthör et Bucher
Comparaison n'est pas raison. Mais sa soeur Mujinga n'est par exemple que la 60e performeuse mondiale de l'histoire sur 100 m avec ses 10''89. La perchiste Nicole Büchler (28e avec 4m80) est d'ailleurs la seule autre Suissesse à faire partie du top 30 historique dans une discipline olympique individuelle féminine.
Au niveau helvétique, Ditaji Kambundji est entrée dans un cercle très fermé: seuls Werner Günthör, 9e performeur de tous les temps au poids avec 22m75, André Bucher (17e sur 800 m avec 1'42''55) et le relais 4x100 m dames (24e avec les 42''05 réalisés aux JO de Tokyo) figurent aussi dans le top 25 mondial!
Le colosse thurgovien et le Lucernois sont tous simplement les deux seuls champions du monde de l'athlétisme helvétique... Le quatuor composé de Riccarda Dietsche, Ajla Del Ponte, Mujinga Kambundji, Salomé Kora avait pour sa part réalisé son meilleur temps en série des JO 2021, dont il avait pris la 4e place.
Le temps et la place
A 22 ans, Ditaji Kambundji possède encore une belle marge de progression qui lui autorise les espoirs les plus fous. Sur le plan chronométrique, la championne d'Europe 2023 des moins de 23 ans est passée de 12''94 en 2021 à 12''70 en 2022 puis à 12''47 l'an dernier sur «sa» piste du Wankdorf.
En bronze aux Européens 2022 puis aux Européens en salle 2023, elle avait franchi un cap majeur l'an dernier avec une première finale intercontinentale (7e des Mondiaux de Budapest). De quoi effacer largement les souvenirs de ses chutes subies en finale des Mondiaux M20 de 2021 et des Mondiaux en salle de 2022.
Samedi soir, Ditaji Kambundji a en outre pour la première fois allié chrono et place dans un grand rendez-vous. De quoi lui permettre d'aborder en pleine confiance la dernière partie de sa préparation pour les Jeux de Paris, le grand rendez-vous de l'année, où la concurrence féroce ne l'intimidera pas.
«Je suis vraiment contente: un record personnel dans un grand championnat, une médaille», s'est-elle d'ailleurs réjouie au micro de la RTS. Mais «12''39, ça aurait été un peu plus joli. J'ai encore tapé deux haies. On peut faire encore mieux. Mais j'ai montré ma bonne forme et pris beaucoup d'énergie» dans l'optique des JO.