Ditaji Kambundji est entrée dans une nouvelle dimension grâce aux 12''47 réalisés début août au meeting Citius de Berne. La Bernoise veut confirmer cet exploit chronométrique aux Mondiaux de Budapest sur 100 m haies, en se hissant en finale.
Ce n'était qu'une question de temps avant que Ditaji Kambundji, 21 ans, ne batte le record de Suisse du 100 m haies établi par Lisa Urech en 2011 à La Chaux-de-Fonds (12''62). Mais ce qu'elle a montré le 4 août à Berne a tout de même surpris : elle a couru en 12''51 en série et en 12''47 en finale. Son meilleur temps était jusque-là de 12''68.
«Quand plusieurs éléments sont réunis, cela peut faire une grande différence», explique la double médaillée de bronze européenne (en plein air en 2022, en salle en 2023). «Je courais de manière très proactive, je restais compacte avec le haut du corps, tout en gardant une certaine décontraction. C'était moins un combat, je pouvais simplement laisser aller», précise-t-il.
Beaucoup de progrès
Ditaji Kambundji a réussi à faire un pas en avant dans plusieurs domaines au cours de cette saison. Elle a amélioré sa vitesse de base, a gagné en puissance et a fait de gros progrès dans la technique au-dessus des haies. A cela s'ajoutent les bonnes conditions dans les deux groupes d'entraînement à Berne et à Bâle.
Le coach principal est Florian Clivaz, ancien sprinter et ami de sa sœur Mujinga, qui rédige les plans d'entraînement et s'occupe du sprint et de la force. Et Ditaji Kambundji travaille la technique des haies sous la direction de Claudine Müller, ancienne heptathlonienne et scientifique du sport, qui s'occupe également de Jason Joseph. Elle s'est entraînée deux fois par semaine à Bâle pendant la préparation, moins pendant la saison.
Ditaji Kambundji dispose d'une explosivité innée. «L'important est d'apprendre à canaliser toute l'énergie du départ à l'arrivée», explique la Bernoise. Ses propres expériences l'aident, et elle peut bien sûr beaucoup profiter du vécu de Mujinga. Sa force mentale l'a d'ailleurs aidé à garder la tête froide après avoir réussi 12''51 pour enchaîner un nouvel exploit une heure plus tard.
Confirmation
Confirmer son exploit à Berne était très important aux yeux de Ditaji Kambundji: «Je n'ai pas du tout pensé à la signification de ce temps. Je me suis retirée et j'ai essayé de faire mon truc. J'ai été moi-même très étonnée de rester aussi calme», mais il lui a fallu ensuite quelques jours pour réaliser et assimiler tout cela.
La finale à Berne était sa dernière course avant les Mondiaux, où elle disputera les séries mardi (à 19h04). C'est donc avec toute cette énergie positive qu'elle a rejoint la capitale hongroise samedi. Mais chaque jour est un nouveau jour où les sensations sont différentes, où les conditions sont différentes, rappelle-t-elle.
«Les championnats du monde sont déjà une compétition à part», poursuit-elle. «Je verrai quelles seront les sensations au moment d'entrer en scène. L'important est d'accepter chaque situation et d'en tirer le meilleur parti. Etre nerveux lors des championnats du monde est normal, il ne sert à rien de lutter contre cela.»
Ses objectifs sont toutefois forcément plus élevés grâce à ses 12''47, qui en font la 8e athlète la plus rapide de l'année parmi les engagées. Une place en finale jeudi soir est tout à fait réaliste, et c'est d'ailleurs son objectif. «Mais pour cela, tout devra être parfait chez moi», concède-t-elle.