A 36 ans, le Belge Philippe Gilbert (Deceuninck) a remporté Paris-Roubaix, qu'il disputait seulement pour la troisième fois, au bout des 257 kilomètres d'une course très éprouvante. Gilbert a battu au sprint son dernier compagnon, l'Allemand Nils Politt (25 ans), dont il a contré le démarrage à 13 kilomètres de l'arrivée.
Le Wallon, champion du monde en 2012, a complété un très riche palmarès. Paris-Roubaix est le quatrième «monument» du cyclisme gagné par Gilbert à qui manque seulement Milan-Sanremo.
Derrière le duo qui s'est disputé la victoire sur le vélodrome de Roubaix, le champion de Belgique Yves Lampaert a pris la troisième place (à 13 secondes) et a complété le triomphe de l'équipe Deceuninck en cette journée ensoleillée mais froide.
Gilbert s'est écroulé en pleurs après l'arrivée dans les bras du patron de l'équipe belge, Patrick Lefevere. Il a signé le 58e succès belge (un record !) dans la «reine des classiques».
Sagan débordé
Le vainqueur de l'année passée, le Slovaque Peter Sagan, a été débordé dans les 12 derniers kilomètres. Arrivé à une quarantaine de secondes (5e), il a précédé le sprint du premier groupe réglé par le Français Florian Sénéchal (6e).
La course, tendue en permanence malgré le vent défavorable, a pris tournure à l'approche des 50 derniers kilomètres. Sagan a réagi à une contre-attaque du Belge Wout Van Aert derrière le duo de tête (Gilbert, Politt) qui avait pris les devants une dizaine de kilomètres plus tôt, au second ravitaillement.
Gilbert, seul en tête, a coupé son effort pour attendre un groupe (Sagan, Vanmarcke, Van Aert, Lampaert, Politt) qui est sorti du secteur de Mons-en-Pévèle avec une avance d'une quarantaine de secondes.
Van Aert, très en vue pour sa deuxième participation, s'est montré impressionnant sur les pavés. Mais il a fini par payer ses efforts de deux courses-poursuite, suite à un ennui mécanique dans la Trouée d'Arenberg puis une chute.
«Dimanche dernier, c'était une énorme déception car je suis tombé malade avant le Tour des Flandres», a expliqué Philippe Gilbert. «Je me suis reposé et je me suis bien entraîné, je sentais que la forme revenait au fil des jours, ça m'a mis en confiance.»
«J'ai toujours ce rêve en moi de gagner tous les monuments, un rêve un peu fou que j'ai eu voici une dizaine d'années. Je m'en rapproche et c'est une grande fierté», a ajouté le Belge, d'abord tourné vers les classiques ardennaises avant de s'orienter récemment vers les classiques de pavés (vainqueur du Tour des Flandres en 2017).
Confirmation pour Küng
Derrière les meilleurs acteurs de la journée, Stefan Küng a fait bonne impression. Le Thurgovien a fait partie du grand groupe de poursuivants et s'est finalement classé au 11e rang à 47'' du vainqueur. Comme les favoris Greg Van Avermaet et John Degenkolb, Küng n'a pu suivre le rythme imposé par Sagan à 50 km de l'arrivée. Reste que le coureur de l'équipe Groupama a prouvé qu'il pouvait revenir dans l'Enfer du Nord avec des ambitions. Ses qualités lui permettront un jour de se battre pour la victoire sur le vélodrome.
En revanche, Silvan Dillier n'a pas connu les même sensations que l'an dernier quand l'Argovien avait terminé deuxième battu par Peter Sagan. Cette fois-ci, le baroudeur de l'AG2R a été victime d'une crevaison dès les premiers secteurs pavés et n'a jamais pu jouer un rôle dans la course.